On s'attendait à une image de très haute tenue, avec le souvenir en tête du traitement dont a bénéficié le master haute définition utilisé sur le DVD de 2006, mais la transposition de ce master en Blu-Ray prend désormais tout son sens. Le résultat est même tout bonnement incroyable : on n'avait jamais vu Dr No comme ça ! Frais, net, coloré et débarrassé de tout artefact de pellicule, le premier long métrage consacré au célèbre agent secret peut se targuer de donner des leçons aux Blu-Ray de films beaucoup plus récents. Une restauration parfaite, dont la redécouverte en HD délivre une incroyable palette de détails soutenu par une compression sans la moindre faille. Si l'on décèlera ça et là quelques fourmillements très fins sur les arrières plans lointains (paysage, ciel) trahissant le grain original, Dr No se paye un bain de jouvence insoupçonné. A voir pour le croire !
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Comme nous avions déjà pu le constater sur l'édition DVD de 2006, les techniciens derrière le mixage des nouvelles pistes multicanales ont fait preuve d'une modestie parfaitement appréciable, ne cherchant pas à bidouiller la bande son d'origine dans des excès déplacés. Ainsi, la piste DTS HD Master audio anglaise et la piste DTS française (à débit deux fois moindre et la différence s'en ressent !) apportent essentiellement un relief à une atmosphère monophonique sans aucun artifice et dont le confort de compression évite toute sensation d'étouffement ou de souffle. Les interventions musicales bénéficient par ailleurs d'une certaine ampleur appuyée par un caisson de basse qui sait gronder avec une certaine efficacité. Du travail propre.
Les bonus proposés sur ce Blu-Ray sont exactement les mêmes que ceux que l'on pouvait déjà trouver sur l'édition ultimate de 2006, et tous présentés en définition standard.
Commentaire audio
Autant dire qu'ici on pêche radicalement par excès. Reprenant le même commentaire audio que celui de l'édition précédente - mais bénéficiant enfin de sous-titres - on nous propose un florilège d'extraits d'interviews diverses et ne datant pas d'hier où se suivent à la trace, se coupent et s'entremêlent une bonne dizaine d'intervenants - dont Hamilton et Andress - dans un puzzle plutôt bien fichu au final, mais manquant cruellement de spontanéité. Et pour cause ce commentaire n'en est pas un, les propos étant replacés judicieusement sur les scènes qui correspondent le mieux. Assez informatif sur un plan anecdotique (tout le monde s'est bien éclaté en Jamaïque), assez nostalgique, mais pas plus intéressant que ça.
Mais comment ont-ils fait pour restaurer l'image ? C'est le petit module, Permis de restaurer (11min25) servant de visite guidée au sein du laboratoire Lowry Digital Images à qui les dirigeants de la MGM ont confié le petit trésor que constituent toutes les pellicules originales de chaque James Bond - quand cela était possible - pour les remettre à neuf, là où les précédents masters DVD étaient issues de copies diverses, usées par le temps et par leurs utilisations. Pour la première fois donc, les films les plus ciblés - la première salve Connery - bénéficient d'une nouvelle copie numérique tirée directement du matériel d'origine demeurant dans la meilleure définition existante à ce jour. A l'aide d'un scanner Imagica qui possède la particularité de dérouler les bobines lentement mais surtout avec douceur, les films originaux sont traités dans une chambre stérile pour éviter à une poussière ou un cheveu quelconque de se poser à nouveaux sur la bande, et chaque image de chaque film ne nécessite pas moins de quatre secondes pour être numérisée. Soit près de 100 heures nécessaires pour traiter une heure de film. Chacune des images est ainsi scannée à une résolution de 3000 sur 4000 pixels, soit environ un niveau de détail quatre fois plus précis que n'importe quel format vidéo disponible sur DVD classique, mais surtout une très haute résolution plus élevée que la définition réelle du film. Capturant ainsi tout ce qui est proposé dans le film jusque dans le moindre détail, et surtout sans recadrage (contrairement aux précédentes éditions qui rognaient le 1.66 en un 1.77), le laboratoire offre à ses techniciens chargés du nettoyage une copie meilleure que celle du film à sa sortie, pour pouvoir corriger ses défauts dans les meilleures conditions possibles.
Une fois scannés, les films sont donc stockés dans un ordinateur géant disposant d'un système Gigabit Ethernet auquel peuvent se relier tous les ordinateurs de Lowry Digital, et permettant à chaque service de corriger une partie du film de leur choix sans encombrer le travail des autres. Au final, chaque film ne souffre d'aucune compression et tient sur environ huit disques durs des serveurs d'une capacité de 250Go chacun. Pour les conserver dans ses archives, Lowry peux ainsi ranger soigneusement chaque film Bond dans une mallette hermétique. La taille numérique réelle du film en l'état avoisine donc les 1000 gigas qu'il faudra réduire considérablement pour les besoins d'un Blu-Ray traditionnel.
On passe ensuite à l'étape la plus laborieuse de la restauration puisqu'il va s'agir de nettoyer numériquement chaque image du film selon ses degrés d'imperfection. Cette étape débute par un passage en régie d'étalonnage où l'on redécouvre le film tel qu'il était lors de son tout premier développement. Selon toute évidence, en l'état le film est déjà plus net, plus détaillé, et plus propre que n'importe quelle copie VHS ou DVD à ce jour dans le commerce. Mais l'image demeure également bien plus stable, moins fourmillante et surtout moins délavée par l'usure du temps, souffrant pourtant logiquement de quelques différences de teinte et de grain de certains plans sur les autres. L'étalonnage est là pour rééquilibrer ces contrastes et ces couleurs pour qu'elles ne jurent pas les unes avec les autres. Durant le visionnage de la première copie, on note au fur et à mesure les points à modifier pour la cohérence de l'ensemble à l'aide d'un logiciel bénéficiant d'un code couleur et qui calculera automatiquement quelles images auront besoin de ce léger changement en fonction de l'éclairage, s'il s'agit d'une scène de nuit, de jour, ou d'il s'agit de prises de vues effectuées en décors ou en extérieurs réels.
Il faut par la suite passer au nettoyage de l'image à proprement parler. Pour cela les techniciens adaptent l'étalonnage plan par plan en fonction des directives notées dans le chapitre précédent et rééquilibrent les teintes, mais adoucissent également les grains et fourmillement image par image. Pour cela, pas question d'un floutage général qui tricherait honteusement : sont donc utilisés des masques pour démarquer la profondeur de champ, les couleurs, et surtout les plans à effets spéciaux plus sujets à la saleté car souffrant de plusieurs couches d'images superposées les unes sur les autres. Ici, on démarque chacune de ces couches pour les traiter indépendamment.
Enfin, pour mieux repérer les artefacts divers comme les cheveux, poils, ou rayures diverses ne prenant généralement place que sur une image, les "nettoyeurs" conservent un oeil sur trois images distinctes pour voir les "avant et après" et ainsi gommer les saletés, soit à l'aide de la palette graphique, soit en prenant tout simplement un segment propre de l'image précédente ou suivante pour remplacer le défaut. De longues heures de labeurs à la précision millimétrique qui offrent néanmoins aux premiers films de la collection un aspect qu'on n'aurait plus espéré découvrir : une image nette, stable, nettoyée, épurée et à la colorimétrie réajustée et surtout aux cadres originaux respectés.
Les dessous du MI6
Sous cette appellation très "Top secrète" se cache en réalité les nouveaux bonus de la collection ultimate. Pas de réelles nouveautés néanmoins puisque l'on y retrouvera essentiellement des documents d'archives partiellement utilisés dans les making of et rétrospectives principales diverses. Les Armes de James bond (4min 53), se présente comme un amusant spot publicitaire où un expert en arme devenu conseiller de Ian Fleming nous fait quelques démonstration des revolvers utilisés par James Bond. Les avant-premières de Bond (12min36) est quand à lui un résumé de toutes les avant-premières réalisées depuis le début de la franchise. Il sera par ailleurs amusant de constater que les "futurs" Bond qui s'ignoraient étaient parfois présents aux avant-premières précédentes en tant qu'invités, que la famille royale ne se fait pas prier pour y assister ou que, soyons chauvins, Sean Connery a descendu les Champs-Élysées en Aston Martin pour la première de Goldfinger à Paris.
Les missions de 007
Segment de remplissage purement et simplement inutile dont le seul intérêt est d'avoir accès à certaines scènes du film. Un menu pour les gadgets, un pour les femmes, un pour le générique, etc, qui aboutissent chacun à un court extrait alors que si l'on veut regarder le film, il nous suffira simplement d'insérer le premier DVD... Dispensable mais présent sur tous les titres de la collection.
Les coulisses de James Bond 007 contre Dr No (42min07) :
Déjà présent sur l'édition précédente, ce documentaire n'en demeure pas moins une petite perle informative pour ceux qui ont toujours voulu connaître la manière dont le célèbre agent secret est né à l'écran. Retraçant les diverses négociations d'auteurs, de scénaristes; de réalisateurs et de producteurs se refilant le bébé (Alfred Hitchcock fut envisagé), les soucis de droit et surtout la première rencontre explosive entre le producteur et Ian Fleming qui s'est tout simplement terminée en engueulade : aucune anecdote ne nous sera épargnée. On s'intéressera par la suite à la conception pure de Dr No, des étranges manières dont les comédiennes furent choisies (C'est Kirk Douglas qui a lu le scénario pour Ursula Andress et qui l'a convaincu d'accepter le rôle) et surtout la façon dont Terence Young et Sean Connery en personne ont modelé le personnage selon leur imaginaire pour en faire l'icône classieuse que l'on connaît aujourd'hui. Passionnant !
Terence Young : Bond vivant (17min55) :
Trop peu évoqué dans le documentaire principal, on se penche ici longuement sur l'étrange personnalité de Terence Young dont le style a indubitablement inspiré les 19 films suivant, et qui s'est totalement approprié l'espionnage sur grand écran. Témoignages en pagailles de ceux qui l'ont côtoyé, gens de la profession comme proches, en dépeignent un portrait assurément hors normes.
Featurette de 1963 (8min19) :
Presque réalisé pour rassurer les fans de la littérature de Ian Fleming, ce documentaire d'époque relève les points essentiels du trait de caractère de 007 pour mieux les comparer avec des extraits du film. Amusant.
Enfin, les sections Ministère de la propagande et Banque d'images proposent respectivement Les bandes annonces, spots TV, et spot radio pour l'un ainsi que de longues galeries défilantes de photos de plateau pour l'autre.