Sans atteindre la perfection, ce blu-ray du film de Roger Donaldson demeure un disque de très haute tenue. Gardons à l'esprit que l'objet remonte à 1995, soit le paléolithique dans l'univers impitoyable de la vidéo. Là où bon nombre de titres de cette époque souffrent d'être le cul entre deux chaises pour s'octroyer une copie potable (trop neufs pour être remasterisés d'une manière flagrante, trop vieux pour avoir été conçus dans l'optique d'une diffusion numérique), La Mutante fait pourtant peau neuve pour un plaisir de visionnage particulièrement convaincant. De quoi profiter de photographie généreusement éclairée (90's oblige), et soutenu par un encodage frais, net et sans embûche. Si le résultat se montre comparativement moins spectaculaire qu'en DVD (les quelques lacunes du master original sont plus évidentes en haute définition), les séquences nocturnes demeurent néanmoins assez bluffantes. Sympa.
Retrouvez ci-dessous nos capture en haute résolution du Blu-Ray :
Ahhh... Là on est contents ! Le précédent DVD nous en avait déjà mis plein les oreilles, mais le Blu-Ray se montre monstrueusement démonstratif. On préférera bien évidemment la VO DTS HD Master audio Losseless qui, en terme de dynamique, offre une ouverture frontale saisissante pour mieux utiliser les surrounds de la manière la plus surprenante possible tout au long du film. Le terme Home Cinema n'est pas galvaudé et l'atmosphère sonore impose une présence évidente, en ce qui concerne les basses comme de la limpidité générale n'hésitant pas à se balancer ça et là. La musique demeure particulièrement bien servie à ce niveau. LA VF écope d'une piste DTS à mi-débit (la même que celle du DVD) qui ne démérite pas et s'avère tout aussi pointue dans les sons mats, faisant redoubler d'effort ce pauvre caisson perpétuellement sur le qui-vive.
Aussi étrange que cela puisse paraitre, le Blu-Ray n'a pas repris l'intégralité du DVD collector et laisse donc de côté un making of de 50 minutes ainsi qu'un module donnant la parole à des scientifiques à propos du génie génétique. Un manœuvre un peu condamnable parce que si les bonus existent, autant les utiliser...
Commentaires audio
L'avantage d'un film de douze ans d'âge comme La Mutante, c'est qu'il n'y a plus aucun enjeu commercial et que les intervenants peuvent totalement se lâcher derrière un micro. Et c'est ce qui fait assurément la force des commentaires sur le making of du second disque (majoritairement composé d'interviews d'époque) sur un plan informatif, mais également dans la décontraction générale de l'ensemble. Deux pistes sont proposées et ont, chose rare, autant d'intérêt l'une que l'autre. La première fait intervenir le producteur, le réalisateur ainsi que les concepteurs des effets spéciaux visuels et de maquillage. Outre quelques congratulations lâchées ici et là, on assiste malgré tout à un vrai décorticage technique du travail visuel accompli. L'autre commentaire reste en cela recommandable qu'il s'inscrit dans la déconne pure. On remerciera la présence de Michael Madsen (accompagné du réalisateur Roger Donaldson, encore, et de Natasha Henstridge) qui semble assumer totalement cette œuvre un peu à part dans sa filmographie et qui n'arrête pas une seconde d'animer l'ambiance. Tout ou presque est prétexte à la rigolade et ses compagnons le suivent sans rechigner. Un happening franchement sympa.
H.R. Giger à l'œuvre (12min09) :
Probablement LE bonus vraiment digne d'intérêt sur ce second disque puisque comme l'indique le titre du bonus, on peut y découvrir le célèbre artiste atypique en pleine conception d'éléments que l'on retrouve dans le film. Bien évidemment, si l'on est loin des longs documentaires qui lui sont dédiés dans le coffret Alien, justement, il est toujours fascinant de découvrir cet étrange bonhomme dans son antre, en pleine préproduction de La Mutante, dévoilant ses "jouets" conçus de bric et de broc à des producteurs généralement habitués aux accessoires coûteux.
Créer un Hybride (15min50) :
Nous avons droit là à un joli pamphlet sur l'utilisation des effets spéciaux. Et l'hybride en question n'est pas le monstre du film, mais bien la combinaison de deux méthodes différentes de trucages pour offrir une image trompeuse au spectateur. Certes, le fameux discours du "l'avenir des effets spéciaux n'est pas le tout numérique, mais bien un mélange de plusieurs méthodes" est encore utilisé dans un bonus, mais on pourra le décharger du fait que La Mutante était l'un des premiers à se lancer sur ce terrain glissant en 1995. L'essentiel du documentaire demeure d'ailleurs un recueil d'interviews d'époque. C'est peut-être ce qui le rend un peu désuet compte tenu des making of que nous avons découvert depuis, mais c'est aussi ce qui donne raison à ceux qui l'expliquent ici.