On a vraiment du mal à se décider, quant à savoir si la chose la plus spectaculaire de cette édition est la restauration de l'image ou la qualité de son transfert... On coupera la poire en deux puisque regarder le film de Robert Wise n'a jamais été aussi agréable qu'en Blu-Ray. La technologie du futur, comme l'appellent si bien les commerciaux, offre au Jour où la Terre s'arrêta une restitution d'une incroyable finesse, au piqué restituant avec fidélité le détail de l'image (parfois riche, notamment dans les extérieurs) ainsi que ses nombreuses nuances de gris, habilement contrastées. Et ce, sans jamais trahir la texture du film, argentique et granuleuse, ni s'opposer à une troublante propreté. Un état de visionnage incroyable pour un film qui vouvoie ses 60 ans.
En cadeau, nos captures haute définition :
Oh, l'exercice casse-gueule que voilà ! Inviter une timide piste mono d'origine un brin vieillotte sur les pentes vertigineuses du DTS HD Master audio plein débit. Bam ! Un nom qui résonne comme le pas lourd d'un mastodonte menaçant d'écraser à tout moment le fragile écrin original. Sincèrement, nos craintes étaient énormes et, à l'instar de Disney avec son splendide remixage de la piste de La Belle au bois dormant, Fox a effectué un travail non seulement bon, mais surtout respectueux du matériau d'origine. Forcément, ça ne fuse pas dans tous les sens, mais le mixage qui nous est proposé ici lorgne plus du côté d'un ''mono ample'' que d'un bricolage multicanal de bazar. C'est local, prostré, mais limpide. Et pourtant, effets il y a. Rares, certes, pas toujours très démonstratifs, mais ils existent, timidement. L'arrivée de la soucoupe au début du film en reste le meilleur exemple : une démonstration convaincante du contraste avant/arrière enrichissant l'incongruité du récit de manière technique sans trop en faire. La piste française DTS a l'intelligence de ne pas faire de débordement non plus...
En effet, Fox fait les choses bien pour célébrer le retour du Jour où la terre s'arrêta, puisque non content de parsemer son disque de bonus complets et de petites activités interactives amusantes, l'éditeur nous offre sur ce Blu-Ray un menu en surexposition prenant la silhouette de Gort et laissant apparaître les fonctions dans son faisceau laser. Néanmoins, émettons un bémol puisque, étant donné la place dont bénéficie un Blu-Ray, on regrette de ne pas y trouver le documentaire Arrêter la terre. D'une durée d'une heure et demie, ce documentaire déjà proposé sur le précédent DVD collector et qui constituait une rétrospective sympathique du film.
C'est incontestablement le Commentaire audio de Robert Wise, accompagné ici de Nicholas Meyer, qui s'impose comme la pièce maîtresse puisque trois ans après son décès, le réalisateur semble nous livrer une petite leçon de cinéma d'outre-tombe. Un commentaire réalisé il y a quelques années et utilisé sur une précédente édition DVD collector, n'ayant toujours pas perdu de son intérêt. Interrogé par Meyer (à qui l'on doit Star Trek 2), il répond à la plupart des questions que l'on peut se poser. Qu'il s'agisse de la mise en place complexe du film, de son propos (il n'avait lui-même pas remarqué les concordances christiques) et de l'équilibre entre la mise en scène visuelle et l'apport d'informations délivrées par le scénario. Le Blu-Ray nous offre un autre commentaire audio, un nouveau cette fois-ci, donnant la parole à des historiens, compositeurs et auteurs de livres autour de l'œuvre Bernard Herrmann. Une piste incroyablement informative pour qui s'intéresse à l'orchestration musicale que nécessite un film (et plus particulièrement un film de SF des années 50) et de l'apport de l'électronique dans un milieu jusque là cantonné à du traditionnel...
Toujours pendant la lecture du film, et pour continuer dans le registre de la musique, il est possible d'écouter la bande originale du film sur une piste DTS 5.1 isolée. Pour rester dans le ludique, un chapitre nommé Le Monde du Thérémine donne accès à trois fonctions. La première, Mystérieux et mélodieux Thérémine (5min48), est un court documentaire donnant la parole au compositeur Peter Pringle et nous expliquant le fonctionnement et la nature de l'étrange instrument qui a fait frissonner de nombreux spectateurs. Un autre module permet de découvrir le même bonhomme exécutant une Interprétation du thème musical du film (2min17). Enfin, le troisième élément, plus rigolo, est un Thérémine intéractif permettant de composer ses propres notes et de les situer sur une bande musicale afin de créer un morceau à sa guise. Le morceau en question sera d'ailleurs ensuite ajouté à un extrait du film. Enfin, pour ceux qui veulent continuer à faire joujou, Gort Command, jeu interactif permet de dégommer des soldats malveillants, du point de vue du Robot, à l'aide de votre télécommande. C'est tellement rare, dans un jeu, d'être dans la peau d'une machine qui détruit les humains qu'on ne s'en prive pas...
On rentre ensuite un peu plus dans le vif du sujet avec un premier documentaire, simplement baptisé Making of (23min53), qui revient un peu sur les origines du projet. On y évoque l'arrivée sur le projet de Robert Wise, la volonté de ce dernier de changer de genre (et son excellence dans le domaine) ainsi que le souhait global de signer un film de science-fiction qui soit moins crétin que l'image habituellement donnée à ce type de films. Des acteurs ayant pris quelques rides témoignent également et livrent généreusement des anecdotes inédites. Pour poursuivre l'étude de la métaphore dans la science fiction, Décoder Klaatu Barada Nikto (16min14) prend soin d'évoquer les grands thèmes soulevés dans les films du genre, et plus particulièrement Le Jour où la terre s'arrêta. Enfin, comme l'indique le titre du bonus, on nous apporte enfin des explications sur la mystérieuse phrase employée à deux reprises dans le film. Pour poursuivre le lien existant entre l'univers de la SF et le monde réel, Une brève histoire de soucoupes volantes (34min02) est un excellent documentaire s'intéressant aux nombreuses légendes tournant autour des contacts avec les extra-terrestres. De nombreux témoignages sont relatés, plus ou moins farfelus, analysés et étudiés par divers scientifiques. Par ailleurs, le ton de ce module est suffisamment abordable pour que l'on prenne un vrai plaisir à le suivre.
On passe ensuite aux portraits affiliés au projet. L'étonnant Harry Bates (11min03) s'intéresse à l'auteur de la nouvelle ayant inspiré le film. Ce portrait est composé de divers témoignages, dont celui du principal intéressé, via un vieil enregistrement audio. On notera le phrasé un peu excentrique du personnage qui n'hésite pas à déclarer que le film ne correspond pas à ce qu'il avait voulu faire. Des historiens développeront en tout cas le processus d'adaptation en nous apprenant que l'auteur n'aura touché qu'une très faible somme pour les droits de son histoire. Edmund North : L'homme qui a fait s'arrêter la terre (14min43) s'intéresse au scénariste du film (à qui l'on doit également Patton). Le parallèle entre les deux, et surtout la reconnaissance à laquelle ils ont eu droit est assez particulier, élevant vite sur un piédestal le milieu hollywoodien. Un module complété par un Court-métrage écrit et produit par Edmund North (26min42), en fait un documentaire se focalisant sur la mauvaise tournure que prenait déjà l'écologie à l'époque, racontée par Burt Lancaster. S'il n'y a clairement plus aucun rapport direct avec le film, on notera néanmoins des similitudes dans les messages d'apaisement racontés par l'auteur.
Pour finir, on aura droit au Fox Movietonews (6min21) de l'époque, journal projeté avant la diffusion du film en salles et qui paradoxalement s'intéressait à des accords de paix. On retrouve aussi des bandes annonces et teasers ainsi qu'une galerie d'affiches.