Pour ceux qui achètent un Blu-ray dans l'espoir constant d'y voir une image lisse comme une peau de bébé, cette édition du Loup-garou de Londres risque de leur provoquer un malaise, ou enfin de leur faire comprendre que l'intérêt du format n'est pas de rajeunir un film comme s'il a avait été tourné la veille, mais de retranscrire la copie telle que le réalisateur et son chef opérateur l'avaient livrée. Donc oui, Le Loup-garou de Londres est maculé de grain, parfois très persistant dans les séquences nocturnes de la première partie du film où l'éclairage était réduit au strict minimum, mais le master d'origine demeure fort heureusement respecté. Personne ne s'est aventuré à l'utilisation scandaleuse d'un réducteur de bruit, et c'est certainement la première bonne nouvelle.
L'autre bonne nouvelle, c'est que si le film avait été judicieusement pensé pour les écrans de cinéma, il a énormément souffert de sa diffusion en VHS mais également en DVD où la résolution n'était définitivement pas capable de jouer avec ce parasitage, entre le grain, la pénombre (et les faiblesses d'encodage mpeg 2 pour l'édition de 2001). Pour faire simple : on n'y voyait strictement rien ! Le Blu-ray est définitivement là pour retranscrire au mieux cette définition de grand écran et mettre à nu tout ces petits détails qui font la différence. Certes, le grain en fait partie, mais la distinction des éléments est beaucoup plus évidente, une fois encore, plus particulièrement dans les séquences nocturnes où l'on voit nettement mieux les personnages, mais où l'on comprend surtout ce que Landis avait voulu cacher autant que possible pour entretenir l'angoisse. La qualité de l'image s'étale bien plus dans les autres séquences du film, diurnes ou à Picadilly Circus, où le niveau de détail dévoile un encodage solide.
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Les symptômes sont un peu les mêmes. On n'acquiert pas Le Loup-garou de Londres pour vivre une expérience sonore tonitruante, mais uniquement parce que le film est génial. Néanmoins, Universal propose une piste anglaise DTS HD Master audio 5.1 qui n'est certes pas aussi fidèle au matériau d'origine que ne l'est l'image, mais a été supervisée par John Landis et extrapole donc de manière assez inventive le stéréo de base dont il est issu, dont un jeu de balance droite/gauche qui se répercute parfois sur les arrières, mais sans jamais trop en faire. La scène dans les landes demeure un excellent exemple des avantages de remixes 5.1. En outre, on retrouve la même mise en place multicanale que l'édition de 2001, mais l'apport de la HD lui confère une compression plus souple, un son moins étouffé et une ampleur plus légère. Si l'aspect daté du film se ressent parfois, en particulier dans les voix, le résultat ne choque à aucun moment. Notons que la version française, comme toutes les autres langues proposées sur le disque, dispose d'un DTS mono 2.0 à mi-débit, forcément moins percutant que la piste anglaise - il n'y a même pas lieu de comparer - mais qui se montre bien suffisant pour les anglophones qui veulent (re)découvrir le film...
Sur le plan éditorial, le film de John Landis se remet au goût du jour, presque dix ans après la première édition DVD, et fournit désormais un nombre conséquent d'informations à propos d'une œuvre qui n'en méritait pas moins. Pas mal de nouveautés sont au programme, donc. Comme à l'accoutumée, les festivités s'entament à travers un Commentaire audio, mais celui-ci risque d'en décevoir plus d'un. D'une part, parce que John Landis n'y participe pas (chose que rattraperont fort heureusement les documentaires) mais surtout parce que si l'idée de réunir les comédiens David Naughton et Griffin Dune n'est pas mauvaise en soi, les deux hommes ne sont visiblement pas très à l'aise avec l'exercice. Quelques anecdotes sympas ici et là, une sensation de camaraderie identique à celle découverte à l'écran, mais côté informations, on nage en plein brouillard. Entre un manque évident à combler l'heure et demi et de nombreux blancs s'étirant parfois en longueur, l'écoute se montre assez pénible.
Le gros morceau sur lequel il faut se ruer est sans conteste Attention à la lune (1h38) documentaire s'étalant sur 13 chapitres que l'on peut déjà simplifier comme étant ''l'encyclopédie du film''. Tout, absolument tout ce que l'on doit savoir ou voir sur Le Loup garou de Londres y figure, mais se voit en plus présenté avec la légèreté légendaire de John Landis qui permet d'encaisser ce flux d'informations tout en se divertissant. Ce sont essentiellement lui et le maquilleur Rick Baker qui interviendront le plus. Une rétrospective particulièrement fournie en témoignages (pratiquement tous les comédiens répondent à l'appel, jusqu'au moindre figurant) et analysent ensemble un film au métissage assez incongru que certains avaient un peu de mal à aborder à l'époque de la sortie comme du tournage. En effet, le maître mot à retenir de ce making of, c'est que personne n'a jamais totalement su s'il participait à un film d'horreur ou à une comédie. Que vous soyez fascinés par les effets de maquillages (tout le projet est parti de là), par l'écriture de scénarii joyeusement immatures menés à bout de bras, où par le nombre conséquent d'anecdotes comme on ne peut en retenir que sur le plateau d'un film de Landis, le visionnage est indispensable. Seul regret notable, que ce nouveau documentaire ne soit pas proposé en HD.
Etrangement, J'ai marché avec un loup-garou (7min31) est bien proposé en HD. Il s'agit en outre d'une courte interview carrière de Rick Baker se focalisant sur sa passion pour le célèbre monstre et les mythologies qui l'entourent. Si l'objet ne manque pas d'évoquer les premiers films avec Lon Chaney et Le Loup-garou de Londres, on comprendra surtout qu'il s'agit d'une promo mal cachée du prochain The Wolfman avec Benicio Del Toro sur lequel il a également travaillé. Dans l'absolu, on n'y apprendra rien de plus que ce qu'évoque déjà le making of principal.
Même s'ils paraissent désormais un peu désuets par rapport aux nouveautés de ce Blu-Ray, Universal a néanmoins eu la bonne idée de proposer les bonus de l'ancienne édition DVD, à titre d'archive ou comme supplément d'informations. Par ailleurs, leurs courtes durées n'alourdissent pas le visionnage. Le plus intéressant d'entre eux, Entretien avec John Landis (18min20), démontre également qu'à partir de maintenant, tout ce que l'on entendra sera très répétitif avec ce qu'on a découvert jusque là. Il en sera de même pour Rick Baker (11min15). Les amateurs de documents d'archives seront contents d'y trouver une petite Fearette d'époque (5min15) consacrée au tournage à Picadilly Circus et dont la plupart des images ont été réutilisées dans le making of, un bêtisier (3min08) auquel il manque malheureusement une piste son et surtout Le moulage de la main (11min) qui, comme son nom l'indique, est une vidéo privée s'intéressant à la prise d'empreinte de David Naughton pour la séquence où sa main s'allonge. Toute la fine équipe est autour de lui pour observer ce procédé étrange, mais dans une bonne humeur générale. Nous y trouverons enfin un Comparatif de story-board (2min28), ainsi qu'une Galerie photo déroulante (3min45). Voilà qui agrémente et achève une interactivité des plus complètes.
Première publication le 30 septembre 2009