Un petit mot sur le format, tout d'abord. Le format de prédilection de Kubrick était le 1.66, un format un peu plus large que le 1.33 dont usera plus tard mais encore loin du rectangulaire cinémascope auquel nous sommes aujourd'hui habitués au cinéma. Lors de la projection dans les salles de Orange Mécanique, les projecteurs étaient équipés de caches permettant d'arriver au format 1.66, et donc tout se déroulait sans problème. Malheureusement le format standard des salles de cinéma devint par la suite du 1.85, encore plus rectangulaire, ainsi que le 2.35 cinémascope allant encore plus loin dans sa largeur, deux formats que Kubrick, en bon puriste de la photographie carrée, n'appréciait guère. Le réalisateur fût en plus confronté au problème de la disparition des caches 1.66 dans les salles qui condamnait les rediffusions de Orange Mécanique à être recadrées en 1.85. Une hérésie ! Au final, Le transfert est effectivement passé du 4/3 au 16/9 mais avec le format 1.66 d'origine toujours respecté.
Edition 2003, format 1.66 respecté mais transfert 4/3
Edition 2007, format 1.66 respecté adapté en 16/9
(les bandes noires passent sur les côtés permettant à l'écran de devenir 16/9 tout en conservant le format 1.66 de l'image)
Pour en savoir plus sur les autres films de la collection, nous vous renvoyons à notre dossier.
La qualité en elle-même nous démontre qu'il n'y avait pas de vraie illusion à se faire sur un film de plus de 35 ans et tourné à budget hyper séré qui plus est. Pas d'illusion, certes, mais quelques apports non négligeables propre à la HD. A commencer par l'ouverture en cartons colorés d'une restitution incroyable. Si le reste sera nettement moins florissant, baignant certains plans dans un flou complet, on essaiera d'en retenir néanmoins quelques autres particulièrement soignés comme les quelques extérieurs jours. Le mouvement en Steady Cam accompagnant les rééducateurs dans leur centre ou bien encore la lutte poussant Alex à envoyer ses compères dans l'eau nous livrent une image au piqué particulièrement détaillé. A propos de détail, il y en a qu'on ne pourra négliger puisque, pour cette séquence comme pour certaines autres, les éléments naturels sont grandement aidés par la compression aisée du VC-1 et l'eau, la pluie et la fumée brillent par leur fluidité. Un résultat inégale, donc, mais pas mauvais pour autant.
Rien de transcendant non plus concernant l'aspect sonore pour les mêmes raisons qu'évoquées plus haut, d'autant plus qu'on part d'une piste mono excessivement serrée. Le résultat s'en rapprochera, de toutes façons, et seule l'orchestration de Beethoven parviendra à s'extirper joyeusement sur les canaux stéréo pour offrir un peu de relief sur un plan musical. Le PCM 5.1 anglais se contentera d'offrir un peu plus de punch à tout ça sans pour autant gâter des canaux surrounds qui resteront indéfectiblement muets.
A l'instar des autres titres de la collection Kubrick, on va piocher parmi les survivants pour le commentaire audio et c'est ici un Malcolm McDowell bavard (mais bavard...) qui se prête à l'exercice accompagné d'un historien du cinéma. Un décorticage particulièrement complet entre un analyste d'une grande justesse et le témoin privilégié d'un tournage qui semblent connaître l'œuvre jusqu'au bout des doigts et nous le font généreusement partager. Chose d'autant plus frustrante puisque comme d'habitude, Warner passe à côté des sous-titres. Outre la richesse de ce dernier, ce Blu-Ray brille par l'étonnant vivier proposé par ses documentaires (qu'ils aient été réalisés pour les bonus vidéo ou pour la télévision). Même s'ils se répéteront peut-être un peu par moment avec le commentaire audio, ils auront au moins de mérite de chercher leurs fondements dans des sujets gênants avec une certaine franchise mais surtout avec des sous-titres qui offrent enfin une compréhension totale. A commencer par Le Retour d'Orange mécanique (43min) qui demeurera une fascinante rétrospective concernant, bien évidemment le film, mais aussi le roman à scandale dont il s'inspire. De surprenants intervenants prendront par à cet historique (dont plusieurs autres réalisateurs comme Sam Mendes) où l'on retracera la vie de l'auteur et des drames vécu pour donner vie à son œuvre (sa femme aura été violée comme l'un des personnages du film) jusqu'aux nombreuses manifestations organisée contre Orange Mécanique à sa sortie jusqu'à la propre menace de mort contre Kubrick. Se sentant en danger, le réalisateur a d'ailleurs fait interdire le film en Grande-Bretagne jusqu'à sa mort.
Le Making of (28 min) fait naturellement son devoir de making of et outre quelques redondances laisse la sensation d'un document un poil inachevé sans vrai début ni fin (on sait qu'il fait surtout partie d'un ensemble homogène aux cotés des autres making of des autres films). Si l'intégralité des bonus de ce disque forme une relecture complète, on se focalisera ici surtout sur le tournage dans le sens technique du terme où quelques techniciens se remémorent d'une ambiance pas toujours au beau fixe. Parmi les détails amusants, on évoquera le fait que Kubrick tournait avec le roman entre les mains et pas le scénario - avec les complications qu'on imagine. En fait, le vrai cadeau de ce Blu-Ray, c'est Ô Lucky Malcolm (1h25), sorte de mémoires évoquées par MacDowell en personne, sagement installé dans sa propre maison et qui refait le tour de toutes une carrière d'acteur.(seul ses derniers films et ses participations à des séries TV ne sont pas prises en compte. Entre cette propre interview, celle de ses proches et quelques documents d'archive dont les conférences auxquelles il a participé, on refait ici le tour d'une vie fascinante mêlant systématiquement le travail et une approche privée avec enfin des propos intéressant de l'injustement oublié C'était Demain sur lequel il a tout de même rencontré la mère de ses enfants. En plus, c'est proposé en Haute Definition...