Le DVD collector de Sailor et Lula édité en 2004 (et distribué chez nous par Wild Side) s'était montré assez surprenant compte tenu de la copie d'origine et du travail de restauration des plus honnêtes dont celle-ci avait bénéficié... Mais c'était il y a 6 ans et les standards haute définition ont atteint un degré d'exigence qui aurait nécessité que le film de David Lynch bénéficie sensiblement pour l'occasion d'une révision de sa copie. Ce qui n'est pas le cas. Alors dans l'absolu, Sailor et Lula garde une partie du charme de sa texture tantôt bruitée (lors de ses séquences nocturnes) tantôt très lumineuse, mais ne semble tirer parti de la HD que pour mettre en évidence son propre aspect, sans chercher à le sublimer. Le film se regarde dans des conditions numériques très honorables (on n'y décèle pas le moindre pétouille d'encodage ou de compression), mais ne se redécouvre malheureusement pas. En tout cas pas suffisamment pour enterrer le DVD. Seules quelques séquences d'extérieur et/ou bien éclairées (dont la séquence finale) imposent un léger plus, mais l'ensemble est bien loin de la démonstration technique espérée.
Retrouvez nos captures Blu-Ray Full HD (1080p) :
Le moins que l'on puisse dire, c'est que si la HD ne se montre pas particulièrement étonnante à titre visuel, l'aspect sonore prend des proportions spectaculaires. Toujours en 2004, le DVD imposait une piste DTS classique du plus bel effet. Et ce mixage retrouve une fraicheur péchue sur la VO DTS HD Master audio 5.1 proposée ici, prenant ses dispositions su l'ensemble des canaux sans retenue. On appréciera forcément la percutante apparition du titre, dès l'ouverture, mais c'est l'utilisation générale de la scène frontale pour restituer la bande originale qui prédomine. Une musique bénéficiant d'un vrai relief, respirant constamment. Notons que la VF s'essaye également au DTS HD avec un succès un peu moindre puisque tout y semble plus feutré que sur son homologue anglais.
David Lynch : à propos de l'édition DVD (2min45) :
Comme c'est rarement le cas dans un DVD ou un Blu-Ray, le réalisateur s'explique brièvement sur les conditions de réétalonnage de Sailor et Lula. En effet, après des mois de travail, la correction révélant que des séquences nocturnes s'étaient avérées désastreuses, MGM a accepté d'éditer un positif tout neuf à partir du négatif d'origine, ce qui explique pourquoi Lynch et son réétalonneur sont restés près d'un an et demi sur le nouveau master du film.
Une spontanéité particulière : travailler avec Lynch (7min15) :
Inutilement isolé, ce documentaire n'est qu'une section supplémentaire du making of général mais s'attardant ici, comme le titre le souligne, sur la façon dont les collaborateurs de Lynch vivent le fait de travailler avec ce dernier. On s'en doute forcément, et même si cela est justifié, tout le monde adore cet étrange réalisateur.
Making of : Love, Death, Elvis and Oz (29min50) :
Proposé en avant première mondiale puisque, comme souvent, MGM vend les droits de ses documentaires à l'étranger bien avant qu'eux-mêmes ne vendent des éditions zone 1. Cette rétrospective fait intervenir pratiquement tous les protagonistes du film dont David Lynch, que l'on a trop peu l'habitude de voir revenir sur ses films. Etrangement, peu d'anecdotes ou de secrets de tournage y sont révélés et ce sont surtout les expériences en tant qu'acteurs qui monopolisent les interviews parsemées ici et là d'images et de photos de tournage. On y retiendra surtout l'intensité des rapports entre Laura Dern et Diane Ladd, mère et fille aussi bien à l'écran qu'à la ville.
Au comptoir : Chez Dell's (20min55) :
Là encore, il s'agit de tronçons du making of principal, et plus précisément les quelques anecdotes amusantes dont l'absence fait défaut à une rétrospective digne de ce nom. Sont donc balancés pêle-mêle, bien que chapitrés, les petits inconvénients et souvenirs de tournage. On y découvrira par exemple que Willem Dafoe a bu des litres et des litres d'eau pour ne pas simuler la séquence où il va aux toilettes, qu'en plus de la bonne fée, des séquences furent tournées avec un lutin et que la fameuse veste en peau de serpent appartenait bel et bien à Nicolas Cage avant qu'on lui propose le rôle.
Making of d'époque : sur le vif (15min39) :
Propre à l'édition française de par son montage et sa présentation, ce documentaire n'en reste pas moins une featurette d'époque où chaque intervenant se contente de se présenter et de parler de l'ambiance du tournage, avec images et extraits à l'appui. Très dispensable.
Bernardo Bertolucci, Souvenirs d'un président du festival de Cannes (16min37) :
Ne cachant pas son enthousiasme pour Sailor et Lula, le célèbre réalisateur italien revient sur les étranges conditions dans lesquelles le jury fit remporter la palme d'or au film. Aucun comédien du film ne remporta le prix d'interprétation puisque tout le monde craignait que l'acteur en provenance de Los Angeles ne soit pas à Cannes pour récupérer le prix à temps et c'est ainsi que Gérard Depardieu récupéra le prix pour Cyrano. Gilles Jacob ayant jugé plus équilibré de ne pas offrir tous les prix au même film, il fut ainsi plus aisé d'offrir le plus beau prix au film de Lynch. Par la suite, Bertolucci s'attarde un peu plus sur son infini respect pour le réalisateur américain ainsi que sur la mixité des genres qui se mélangent dans son film. On y dénotera surtout un amusement coupable lorsqu'il évoque la scène du braquage de banque.
Entretien avec Barry Gifford (15min18) :
Exclusivité mondiale, cette interview de l'auteur du roman "Wild at Heart" a été réalisée spécialement pour et par l'éditeur Wild Side. L'écrivain revient sur les conditions dans lesquelles il a vendu les droits de son livre ainsi que son sentiment sur le résultat final.
Entretien avec Harry Dean Stanton (8min58) :
Le comédien, surtout célèbre pour son rôle dans Alien, s'attarde sur sa propre carrière et sur sa façon de voir le métier d'acteur, au détriment de son point de vue sur le film puisqu'il n'a que trop peu de choses à dire dessus. C'est surtout le portait involontaire d'un vieillard, que nous autres spectateurs, n'avons pas vu mûrir, ce qui nous est suggéré par l'éditeur.