Darren Lynn Bousman a beau s'être donné un mal de chien pour enlaidir l'image de son film au possible avec une charte de couleurs parfois étrange, le transfert de Saw 2 fait des miracles en Blu-Ray. Passé la démarche artistique qui essaie de pomper maladroitement la photo du premier opus, à grand renfort de contrastes poussés à l'extrême, de saturations diverses et d'un granulé verdâtre général qui essaie de se faire passer pour un ''sale esthétique'' (en fait, le mec confond sale et moche), le transfert numérique Haute Définition est à tomber sur un plan purement technique. Metropolitan faisait déjà bien les choses en DVD et l'incursion de l'éditeur dans l'univers du Blu-Ray ne fait que confirmer son vrai professionnalisme, titre après titre. Un vrai confort d'encodage qui permet de pleinement profiter des diverses nuances colorimétriques bidouillées en étalonnage numérique, des tons complétés par un rendu des noirs d'une finesse extrême.
Retrouvez nos captures en haute définition ci-dessous :
En ce qui concerne le son, peu importe l'épisode que l'on regarde, c'est toujours la même chose : une multiplication d'effets d'ambiance faisant ricocher un peu tout et n'importe quoi d'un canal à l'autre avec une balance des plus harmonieuses. A ce stade, on a presque du mal à différencier la musique elle-même des effets, mais la sensation d'enveloppement est totale. Evidemment faut être fan des ''Wouf'', des ''Slash'' et ''brouuum'' qui composent l'essentiel de la banque de sons du mixeur et dont le seul but est de remplir un bon gros vide, mais une fois encore, sur un plan technique, on assiste à une véritable démo. Histoire de parfaire le spectacle, l'éditeur met une nouvelle fois la dose avec du 6.1 DTS HD Master Audio ! En français et en anglais, lâché à plein débit et sans aucune retenue.
Commentaires audio :
Ceux qui ne supportent pas le travail de Darren Lynn Bousman ne risquent pas de se rabibocher avec ses méthodes puisque ce dernier reste totalement pantois devant la grande qualité de montage de son film et jubile comme rarement devant la fastidieuse méthode de jump cut tant décriée. Forcément, il est accompagné par son chef monteur... ce qui explique tout. En tout cas, c'est un style, ça ne se discute vraisemblablement pas et les compères ici réunis vont même jusqu'à se moquer de ceux qui n'apprécient pas en taxant le terme de "style MTV" de grotesque ou ringard, que seuls utilisent ceux qui n'ont pas compris le genre. Tout est dit. C'est dommage, d'autant plus que, comme sur le commentaire de Saw 3, l'ensemble reste collégial et informatif. Mais là où ça devient intéressant, c'est sur le second commentaire qui laisse la parole à James Wan et Leigh Whannell, créateurs du premier opus. Ces derniers reviennent également sur le montage avec franchement moins d'enthousiasme en expliquant que s'ils avaient eux-mêmes dû procéder de cette façon-là sur le film précédent, c'était parce qu'ils avaient un budget dérisoire et quelques photos en stock pour compenser l'absence de certaines prises de vue. D'ailleurs, s'ils font des films légers, ces deux-là conservent un bon sens étonnant en laissant sous-entendre de nombreuses fois que le second film est nettement moins bon que le leur. Ce qui est vrai. Enfin, dans le genre inattendu, on ne pouvait vraiment pas se préparer à ce que les bougres se mettent à parler de Jeannot Szwarc (réalisateur de Jaws 2 mais aussi de quelques nanars français)... Il est peut-être là le vrai twist de cette édition.
Les coulisses du tournage est une section qui regroupe les bonus un peu oubliés de la toute première édition de Saw 2. On y retrouve La règle du jeu (2min56) , une featurette commerciale comme nous sommes trop habitués à en voir.. "Jigsaw est méchant, Jigsaw tue des gens..." et c'est tout ! On passe à la suite ? La suite c'est un comparatif Story-board (11min27) un peu bateau qui enchaîne de nombreuses séquences, joliment présentées dans deux moniteurs.
L'élément majeur de cette section est Les pièges du tueur au puzzle (19min52), une compilation de quatre petits modules servant partiellement de making of et permettant surtout de découvrir la conception de certains effets du film liés à des pièges bien spécifiques de Jigsaw. Le premier, Le masque mortel (4min22) dévoile donc la conception du masque d'acier parsemé de clou et menaçant de se refermer sur le visage de la première victime. En quelques instants seulement, tout est passé en revue : le moulage du visage du comédien, les essais divers pour l'esthétique de l'objet et surtout les fameux clous en caoutchouc. Car comme nous le précise un technicien, on ne va pas perforer un acteur. Ah bon. La fosse à seringues (8min36) demeurera le plus passionnant puisque sans avoir l'air, la scène aura nécessité un travail de fourmis. Toutes les seringues de la fosse sont des vraies, auxquelles ont été retiré manuellement chaque aguille pour les remplacer par des versions souples. Une fausse estimation de départ et les deux délégués censés rendre sans danger les 20 000 petits objets de départ sont devenus une équipe entière désossant 100 000 pièces de plus. On découvrira ensuite le maquillage de la comédienne et plus particulièrement les faux bras et autres prothèses utilisées pour en faire un porc-épic.
Les deux derniers modules s'intéressent à La cage piégée (2min51) coinçant les mains d'une des héroïnes à la fin du film, ainsi qu'à La chaudière (4min02). On ne sait pas si c'était nécessaire, mais l'on découvre que la terrible machine incendiaire a tout d'abord été conçue en 3D pour que le réalisateur puisse envisager tous les angles possibles. Certains se prendraient pour David Fincher que ça ne nous surprendrait pas...
Le Making of (49min14)
Enfin un vrai making of digne de ce nom... Non ? Et bien pas totalement, puisqu'il s'agit surtout d'un document qui flirte avec l'informatif sélectif et la featurette promo à rallonge où chacun vend le film plus ou moins bien, même s'il faudra parfois faire avec quelques aberrations. L'un des acteurs qualifiant même Darren Lynn Bousman de génie. Pour le reste, on s'intéresse d'une manière classique aux éléments de rigueur, à savoir les décors, l'atmosphère visuelle, l'étalonnage numérique, le choix des acteurs (tous formidables, bien évidemment), les effets sonores, et sur l'idée même de faire une suite au film original. Pas déplaisant, mais tout de même dispensable.
Autour du film, c'est la section bric à brac dans laquelle on case un peu tout et n'importe quoi. A commencer par Zombie (2min13), un court métrage signé par notre cher Darren Lynn Bousman adoré. Rien de très folichon dans cette petite pièce amateur, si ce n'est que le bonhomme a la prétention de faire de l'auteur simili dramatique/noir sur la solitude en société et le conformisme. "Regarde-moi, je suis dans un moule, je suis comme les autres, je suis un Zombie...". Déjà vu, déjà entendu et en cent fois mieux... On nous propose également une version commentée, et dans laquelle Bousman reconnaît que son film est prétentieux et qu'il a été tourné en une seule après-midi pour convaincre le producteur... La véritable histoire de Saw (3min41) demeure dans le registre d'une anecdote (racontée par James Wan et Leigh Whannell, c'est déjà plus intéressant) qui aurait d'ailleurs dû figurer sur le collector du premier film. Qu'importe, on y raconte ici qu'une partie film est tirée d'une histoire vraie où un homme s'amusait à s'introduire chez les gens pour chatouiller les pieds d'enfants, et une fois capturé, il expliqua qu'il avait reçu ces consignes d'une autre personne par courrier anonyme interposé. La suite de l'histoire a particulièrement de quoi faire froid dans le dos puisqu'elle rejoint directement les créateurs du film...
On enchaîne avec L'enquête de Scott Tibbs (15min55), un court métrage assez rigolo, sorte de spin-off se déroulant après l'histoire de Saw 2, et durant lequel un jeune chanteur de Hard Rock mène sa propre enquête sur Jigsaw, se filmant dans une quête fanatique puisqu'il est en totale adoration devant le tueur en série. Bien qu'amusant, cette vidéo aura de quoi surprendre lors de ses dernières secondes. On a ensuite droit à trois parodies en accéléré (1min10 chacune) de Saw 2 reposant sur la même piste sonore (des voix de schtroumpfs) prenant tour à tour la forme de pâte à modeler, de légumes martyrisés, ainsi que d'un bidouillage photo réalisé à partir de vraies images du film. Enfin Les contes de Billy (11 minutes) constitue une version déviante de célèbres contes de fées revus et corrigés à la sauce Saw piquée... A titre d'exemple, Boucle d'or se fait dévorer par les trois ours...