Deux ans après sa sortie, la guerre fait toujours rage entre les pro et anti Sweeney Todd. Au sein de la rédaction, entre ceux qui n'aiment pas le design et celui qui trouve ça joli, l'équilibre ne sera jamais trouvé mais on ne pourra pas négliger les nombreux atouts du Blu-Ray pour accentuer d'autant plus ce visuel aux traits forcés. Sorte de mix baroque/gothique aux relents de texture façon 300, le film doit au moins à sa construction numérique une définition particulièrement soignée. Il n'en fallait pas moins pour flatter les possibilités de la HD, au service ici d'un décor plutôt riche (un Londres dessaturé et bourré de traits) et d'une palette colorimétrique à la fois ténébreuse et contrastée.
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Pas mal, pas mal... Mais, une fois encore, Warner s'est montré frileux en ne proposant ''que'' du Dolby Digital et du Dolby True HD en 5.1. Si ce dernier format dispose d'une certaine dynamique qui lui permet de se démarquer (les basses sont agréablement rondes), le mix souffre d'un manque de relief assez évident, ne limitant le multicanal qu'à la scène avant et une vie un peu timide sur les surronds. Tant que ça papote ou que ça chante, aucun pépin, mais on aurait aimé un enveloppement un peu plus conséquent. Notons que la VF (uniquement en Dolby Digital standard) conserve les chansons en anglais.
Pour un film comme Sweeney Todd qui se situe dans un Londres victorien, il est sans doute un peu normal que la gestion des bonus ait des airs de Cour des Miracles. Il est vrai qu'ici, on passe un peu du coq à l'âne, entre les attraits directs au film et tout ce qui peut lui être apparenté. Pour les plus pressés, il y l'inévitable Making of HBO (24min02) qui est une sorte de condensé de tous les autres bonus du disque, retraçant en accéléré tous les points thématiques, techniques et historiques aboutissant au film. Le tout bidouillé dans un axe promotionnel, forcément inévitable... On lui préfère bien évidemment Burton + Depp + Carter = Todd (26min08) qui se focalise sur le projet de manière un peu plus humaine en évoquant cette sempiternelle triple collaboration. Rien de bien extravagant à découvrir, mais la simple idée que le film ait été bâti sur le seul nom de Johnny Depp sans que personne ne sache s'il savait chanter est une amusante anecdote en soi.
Comme son titre le laisse supposer, Retouche musicale (12min04) s'intéresse à la déclinaison sur grand écran du concept musical créé à l'origine pour la pièce de théâtre, expliquée ici par son propre compositeur Stephen Sondheim. Londres selon Sweeney (16min16) sort un peu du film pour essayer de recadrer l'époque à laquelle se déroule l'histoire. En bref : avant, Londres c'était crasseux, pas beau, dangereux, etc etc... Un module qui perd d'ailleurs un peu de son sens lorsque Burton lui-même précise que s'il n'a pas indiqué de date à l'écran, c'est justement pour appuyer le fait qu'il ne s'agit pas d'une reconstitution historique. Les décors (8min55) est l'inévitable département évoqué dans les suppléments dès lors qu'il s'agit d'un film d'époque. Notons d'ailleurs qu'outre la fabrication des lieux clés du film, le module s'intéresse également la confection des costumes. De son côté Une profession sanglante (8min52) est certainement l'un des bonus les plus rigolos puisqu'il se penche sur la conception des égorgements. Attention aux éclaboussures !
Proposé dans un cadre plus pédagogique, La réelle histoire du diabolique Barbier (20min10) n'explique pas réellement qui était le bonhomme (il n'a pas existé) mais s'intéresse plus pertinemment à la façon dont un mythe se construit au fil des ans, en fonction des croyances populaires, des œuvres culturelles et des peurs sociales. En l'occurrence, deux cent ans après les premières rumeurs ou fantasmes sur cette intrigue scabreuse, beaucoup de gens se demandent encore si Sweeney Todd a réellement perpétré ses méfaits. Par ailleurs, sans être chauvin, on appréciera la (petite) référence à ce fait divers bien réel qui s'est déroulé lors du 14ème siècle dans le cinquième arrondissement de Paris, rue des Marmoussets. Car c'est bien à cette histoire vraie que le mythe emprunte tous ses éléments. Pour rester à Paname, un module est consacré au Grand Guignol (19min16), probablement pour expliquer ce que signifie ce terme utilisé une bonne demi-douzaine de fois dans l'interactivité. Si l'on est plus ou moins dans le hors sujet, on ne pourra que se réjouir de voir enfin un documentaire traitant l'un des plus importants pivots culturels français... même si c'est sur le bonus d'un disque américain.
Enfin, cette interactivité se conclut sur La conférence de presse à Londres (19min40) qui fait son travail promotionnel dans la bonne humeur, certes, mais un travail promotionnel quand même. Ajoutons-y une Galerie de photos (qui se compose également de croquis) et Le refrain du rasoir (8min41) qui n'est autre qu'une galerie d'images, animée et illustrée par la composition de Sondheim...