N'y allons pas par quatre chemins : vous pouvez balancer votre ancien DVD de V pour Vendetta à la corbeille ! On n'oublie pas à quel point Warner peut se montrer souvent médiocre dans la compression de ses éditions DVD et le film de James McTeigue en avait vraiment souffert, avec une copie mal encodée, aux noirs hasardeux, fourmillante, scintillante, et à l'encodage parfaitement calamiteux. Le Blu-Ray corrige sans mal ces erreurs et permet toujours autant à Warner de faire un copié collé de leur copie d'origine, mais en ayant cette fois-ci tout l'espace disque nécessaire. Le résultat est plus que probant : l'image est tout simplement splendide, lisse, d'une netteté confondante sans que les nombreuses nuances sombres ne gâche le transfert numérique. Malgré une photo baignant dans la pénombre, aucun détail ne nous est épargné et aucun artefact n'est à déplorer. C'est clairement un tout autre spectacle que l'on redécouvre à la maison.
En ce qui concerne le son, on sera bien moins indulgent puisque l'éditeur pèche encore sur ce terrain là. Un vrai mépris du mixage du film en privilégiant le stockage de masse en matière de langue, histoire de bien évidemment compresser un seul disque commercialisable à travers le globe. On se demande pourquoi, par exemple, on se retrouver avec la version française métropolitaine ET la version québécoise... Toujours est-il que les débits sont revus à la baisse, 448 kbps (honteux pour un Blu-Ray, là où certains titres grimpent parfois plus de trois fois plus haut), à peine digne d'un DVD standard, donc, et ça se ressent fortement à l'oreille. Même pour un Dolby Digital True HD bien en deçà de ses capacité. On sera donc tentés de pousser le volume plus fort qu'à l'accoutumée pour malheureusement se rendre compte que le relief de l'environnement sonore restent assez plat, focalisés sur l'univers frontal et aux ambiances surround comme stéréo assez timides. Si le film est définitivement un vrai plaisir pour les yeux, les oreilles sont en revanche laissées pour compte...
Là encore, contrairement à la précédente édition collector, l'interactivité de V pour Vendetta trouve un véritable intérêt en Blu-Ray. Si les médiocres featurettes proposées sur les disques précédents sont encore là, et ne font pas du tout avancer le schmilblick, on pourra aisément s'en passer pour s'intéresser à l'option Au Cœur du film, réalisée tout spécialement pour cette édition. A l'instar d'un Batman Begins, pour citer un exemple récent, le PIP s'impose comme un véritable substitut au commentaire audio, complétant les propos des intervenants par l'image. Nous avons donc dans une fenêtre James McTeigue, Nathalie Portman et Hugo Weaving qui reviennent tous les trois sur l'aventure qu'a été le film, laissant, de temps à autre, la parole à divers technicien lorsque les scènes le nécessitent. Tout ce qu'il y a savoir sur le film et l'adaptation du Comics est ici, avec des planches de BD à l'appui.
Difficile après ça de donner de l'intérêt aux featurettes qui plombait donc déjà le DVD. En dix minutes, La véritable histoire de Guy Fawkes et la conspiration des poudres ne nous apprend évidemment que le stricte minimum, et appuyé par de lourds comparatifs avec le film de McTeigue puisque le documentaire est mis en chantier par ceux qui se sont occupés des "behind the scene", et non pas par de véritables historiens, même si quelques uns interviennent brièvement. Sympa pour mettre le pied à l'étrier des plus curieux, mais sans plus. Une édition dite collector aurait au moins pu proposer quelque chose de plus consistant. Le making of de V For Vendetta (15min56) vend le film avec les meilleurs égards sans jamais, contrairement à ce que dit le titre, en dévoiler les moindres secrets. Objet promo oblige, chacun des intervenants récite, avec certes beaucoup de pertinence, le parti pris politique du film quitte à se répéter les uns les autres et lourdement insister sur le fait que cette adaptation de comics est plus intelligente que les autres parce qu'elle montre ouvertement du doigt certains maux sociaux... Argument un peu facile lorsque l'on sait que des gens comme Nolan ou Singer ont su proposer le même type d'idéologie avec un peu plus que finesse, mais qu'importe, Joël Silver pense avoir tout inventé ou tout découvert avant tout le monde, ce n'est plus une surprise. Ce qui en est une en revanche, c'est le culot de David Lloyd qui se réapproprie totalement les origines de V, en parlant de son oeuvre et sans même citer une seule seconde le nom d'Alan Moore. La liberté tant dépeinte trouve finalement une limite...
Ah ben si, V For Vendetta et la révolution du comic (14min40) daigne citer le nom d'Alan Moore quelques instants en essayant d'arracher quelques compliments dans un documentaire qui, une fois encore, s'impose comme une analyse de carnaval. Pour revenir sur la nouvelle essence du comic book aux Etats-unis, l'équipe du film s'exprime en lieu et place d'un spécialiste quelconque du genre. Producteurs se pavanent donc dans de sempiternelles évidences marketing, avec un Silver toujours en aussi grande forme nous récitant ses classiques "extraordinaire, exceptionnel, du jamais vu" en assumant plutôt bien son retard culturel évident tout en conservant son traditionnel discours de Christophe Colomb. Enfin, Construire le monde de demain (17min15) se montre déjà bien plus intéressant. Evitant les erreurs du premier, à savoir rebondir inutilement sur les propos du film, celui-ci s'intéresse à la création de l'univers visuel, même si l'on est encore devant un reportage beaucoup trop bref. On y découvrira en outre que le film fut tourné à Berlin, et seulement à Londres pour les massives scènes de foule dont nous sommes témoins de la lourde organisation. On survolera ensuite les quelques effets visuels et explosifs effectués sur des maquettes du parlement ainsi, et surtout, sur la création du masque de V, avec toute les difficultés que cela peut poser à Hugo Weaving en terme de vision.
Enfin, l'ensemble est complété par la bande annonce, un spot publicitaire pour la bande originale, n clip musical monté à partir d'extraits du film (2min01) et surtout le joyeux bonus caché de l'édition Zone 1 (qui n'est plus caché, du coup) et qui n'est autre qu'un clip où Nathalie Portman pète littéralement un câble dans un morceau de rap totalement ordurier. Promo oblige, certes, mais hilarant...