C'est clairement en Blu-Ray qu'il faut (re)découvrir Wolfman tant le transfert numérique Haute Définition proposé sur le disque délivre toute la beauté formel d'un film qui a bénéficié, il est vrai, de l'une des meilleures directions artistiques de l'année. On peut même dire que c'est ouvertement le jour et la nuit avec les copies 35mm diffusées en salles, dont l'usure grandissante dès le premier jour ne faisaient que desservir un travail de photographie jouant admirablement avec les noirs... et qui devenaient gris foncés. Ici, la copie arbore une facture sans faille et impose un jeu de clair-obscur, de niveaux de gris et de contraste somptueux. Bien évidemment, outre ce rendu, la HD offre au film un piqué particulièrement précis qui conserve le grain argentique tout en dévoilant une définition très fouillée. Les décors et diverses architectures victoriennes en deviennent vite resplendissants.
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Grand spectacle et film récent oblige, Wolfman propose une expérience sonore qui frôle la perfection, assurant le spectacle en disposant de tout ce qui peut transcender ce type de film en Blu-Ray. Et c'est bien évidemment du côté de la VO DTS HD Master Audio 5.1 qu'il faut se rendre pour pleinement en profiter : une excellente ouverture frontale, presque en relief, bénéficiant d'un jeu de balance très détaillé entre les trois canaux avant ainsi qu'une activité des surrounds quasi perpétuelle qui entretient l'atmosphère enveloppante. Bruits nocturnes, grognements, coups de feu et attaque de la bête ne cessent de vivre tout autour de nous jusqu'aux points d'orgue que sont les séquences d'action, dont la poursuite à Londres.
A mixage égal, la VF (et toutes les autres langues) ne dispose que d'un DTS standard mi-débit à la dynamique bien moindre et d'un coffre forcément moins palpable. Loin d'être mauvaise, cette dernière n'a néanmoins ni l'énergie ni la clarté de la piste HD.
Si l'interactivité de Wolfman peut paraitre décevante et à l'intérêt moindre compte tenu de ses featurettes très carrées et son absence de commentaire, c'est en se rendant du côté de la fonction U-Control que l'on retrouvera le meilleur moyen de décortiquer un peu le film.
En effet, ce petit plus exclusivement réservé au Blu-Ray fait toute la différence et se décline en deux variations. La première s'appelle Prenez le contrôle et essaye de procéder comme le fameux Maximum Movie Mode Expérience découvert sur les éditions de Watchmen et Terminator Renaissance. Si, à titre technique, le système n'est pas au point (les intégrations trahissent leurs coupures, les transitions manquent de fluidité) le propos est souvent intéressant et laisse la parole à trois intervenants qui se remplacent à tour de rôle : le maquilleur Rick Baker, le directeur de la photographie ainsi que la superviseuse des effets visuels. C'est d'ailleurs à cette dernière que l'on doit les interventions les plus passionnantes. Si les interventions (environ 10-12) se limitent à une durée moyenne d'1 min45, celles de l'experte en SFX s'étalent bien plus (5 minutes par ci, 9 minutes par là) et offrent une analyse stupéfiante des effets visuels dont le film a bénéficié.
La seconde variation est plus traditionnelle mais tout aussi riche d'intérêt. Mythes, légendes et inspirations prend l'aspect d'une sorte de commentaire audio d'un historien du cinéma spécialisé dans les films de la Hammer, complété par une multitude d'extraits vidéo du film original mais également d'autres œuvres de l'époque à titre comparatif et analytique. Au-delà de constater les différences culturelles entre un film de l'époque et d'aujourd'hui, on découvrira les nombreux hommages de Wolfman à cet âge d'or. Nous avons également droit à énormément de vignettes textuelles et illustrées (en anglais uniquement, malheureusement) qui permettent d'analyser le mythe du loup-garou sur un plan historique, à travers des dessins et gravures. Pratiquement tout le folklore européen autour du monstre y est évoqué (on y parle même de la bête du Gévaudan et du film Le Pacte des loups) et a le mérite de nous en apprendre pas mal. Le seul regret, c'est l'inégalité du programme sur un plan rythmique. Il ne se passe parfois rien pendant de longues poignées de secondes et sauter un chapitre revient à prendre le risque de passer à côté de certains modules.
Bien que cette édition propose une "director's cut" plus longue d'un bon quart d'heure, le disque dispose d'encore d'autres scènes inédites. Les Fins alternatives (7min58) ont la bonne idée de proposer les deux autres fins possibles envisageables à la vision film et qui sont ouvertement dans un ton très Hammer. On comprendra que le studio aie nénamoins choisi une dramaturgie plus moderne. On remettra en revanche en doute la durée puisque si chacune des deux dure quatre minutes, seules les 30 dernières secondes de chaque sont digne d'intérêt. Les Scènes coupées et versions longues (11min17) on également leur importance puisque, à l'instar de la version longue du film, elles dévoilent le charcutage dont a parfois souffert le film pour se ranger dans une case horaire bien spécifique. Chose d'autant plus flagrante sur le combat final et la transformation du mausolée, moins lisibles et plus cut dans les versions finales. Dommage de ne pas les avoir restituées convenablement pour le Blu-Ray. Ces quelques secondes éparpillées ici et là rendent clairement les séquences plus claires dans leurs découpages. Enfin, pour le fun, on y découvre également deux scènes finalisées qui devaient s'intégrer dans la poursuite de Londres et lors desquelles le loup-garou s'invite d'abord à une fête privée où il y rencontre une aveugle (un hommage à La Fiancée de Frankenstein) ainsi qu'à un théâtre de Guignol où il sème la panique parmi les enfants. Le burlesque étant trop poussif (limite Benny Hill) on comprend son retrait.
Forcément, à côté de tout ceci, l'interactivité "traditionnelle" parait pauvre, limitée à quelques featurettes de rigueur mises en boite par le studio et à l'intérêt global inégal, là où on aurait préféré un vrai making of digne de ce nom (Le Loup-garou de Londres y avait bien eu droit). Le plus dispensable est Le Retour du Wolfman (12min20) qui s'effondre sous d'inutiles flagorneries sur le film original, les acteurs et le génie insoupçonné de Joe Johnston. On n'est pas venu pour ça, passons ! De la pommade, on en trouvera également dans Le créateur de la bête (12min05), mais avec un argumentaire commercial mieux dissimulé et au propos plus riche de sens. On s'intéresse bien évidemment à Rick Baker, maquilleur spécialisé dans les bêtes à poils. Dans l'ensemble, c'est un peu long, juste pour venter son travail, mais la pilule passe. Finalement, tout comme dans la fonction interactive, le meilleur réside dans Les secrets de la transformation (15min15), qui s'attarde une fois encore sur les effets visuels, sans se répéter pour autant. Pour un film technique, rien de tel qu'une analyse technique et ce module en demeure le parfait exemple. Il en sera de même pour Le Wolfman déchainé (8min45), plus focalisé sur les cascades et les acrobaties effectuées par le monstre.
Voilà qui clôt donc une interactivité passant complètement à l'as les énormes problèmes de production du film, notamment le départ du réalisateur Mark Romanek quelques semaines avant le début du tournage et son remplacement par Joe Johnston, ainsi que les multiples retards de la post-production (la sortie du film a été repoussé d'un an !). Rendez-vous dans quelques années pour une édition du film à l'interactivité sans langue de bois...