L'image d'Amer Beton bénéficie d'un transfert de grande qualité où la compression se fait très discrète. La définition est précise, et ce même si l'image aurait pu être plus profonde encore étant donné le travail considérable effectué sur les décors du film. Le manque de piqué affecte certains certains plans d'ensemble, bien que les contrastes soient très bien gérés et les couleurs absolument superbes.
Les trois pistes proposées, Japonais DD 5.1 et DTS et Français DD 5.1, sont toutes les trois d'une excellente qualité. On pourrait juste objecter que les deux DD 5.1 sont tellement bons que le DTS a du mal à se distinguer réellement, si ce n'est par des basses légèrement plus percutantes. Mais dans tous les cas, le mixage est parfait, que ce soit en Japonais ou en Français. Très bien intégrées dans les deux versions, les voix sont d'une clarté impeccable et se détachent nettement, tandis que les bruitages sont punchy et la musique très enveloppante. Dès les premières séquences, on est plongé dans l'ambiance urbaine remarquablement vivante d'Amer Beton, et ce quelle que soit la version.
Commentaire audio du réalisateur
Ce commentaire audio n'est pas seulement réalisé par Michael Arias mais aussi par le scénariste Anthony Weintraub et l'illustrateur sonore Mitch Osias. On passera sur les quelques fautes d'orthographe qui parsèment les sous-titres, pour se concentrer sur le contenu vraiment très riche que nous offre le trio. Désireux de rentrer dans les détails de la fabrication d'Amer Béton, Michael Arias sait se montrer clair et communiquer son enthousiasme, relayé par ses deux collaborateurs qui l'encouragent à expliciter certains aspects pour notre plus grand plaisir. On apprend ainsi que la scène d'ouverture est l'une des rares qui ait été créées de toutes pièces, que le réalisateur s'est disputé avec son directeur artistique Shinji Kimura et le superviseur de l'animation Shôjiro Nishimi à propos du très difficile plan en plongée sur la ville filmé du point de vue du corbeau, au tout début du long métrage... Anthony Weintraub commente la mise en scène d'Arias, qui utilise selon lui une technique un peu documentaire où les points de vue varient sans arrêt, chose très rare en animation. La discussion concerne bien entendu les spécificités de l'animation par rapport au cinéma live, mais aussi et surtout les choix de mise en scène du réalisateur qui souhaitait bousculer les codes de l'animation japonaise et notamment la contrainte de la technique de l'animation limitée, pour obtenir quelque chose de vraiment différent. Le recours aux coupes franches sur un personnage, rare en animation une fois de plus et présentes dès le story-board, le fait que quatre personnes aient réalisé le story-board et non pas seulement le réalisateur (Chie Uratani s'est notamment chargée de toutes les scènes avec Blanc, tandis que Nishimi a story-boardé les scènes d'action), la volonté d'Arias de se démarquer s'exprime sous de multiples aspects. Pour traduire l'idée de vie qu'il voulait insuffler à son film, Michael Arias évoque bien sûr l'une de ses principales influences, La Cité de Dieu, qu'il a d'ailleurs montré à Weintraub. Et puisque Mitch Osias est présent, il est aussi beaucoup question de l'ambiance sonore du film, qui cherche à se rapprocher de celle, très spéciale, du Japon en général et de Tokyo en particulier. De manière intéressante, tous trois expliquent que les nombreux enregistrement effectués ont par la suite influencé voire guidé la mise en scène dans certains cas. Un commentaire audio très dense et vivant, qui ne brasse jamais du vent et qui parvient mine de rien à embrasser à peu près toutes les étapes de fabrication d'Amer Béton.
Entretien avec le réalisateur Michael Arias et Plaid, le duo de rock anglais (11'40)
Cette interview, réalisée en mai 2006, réunit Michael Arias et les deux membres du groupe anglais Plaid, Andy Turner et Ed Handley. Avant Amer Béton, ceux-ci avaient uniquement composé pour des courts métrages. Cette bande-originale représente donc une véritable promotion et au moment où se déroule l'entretien, ils ne l'ont pas encore terminée. Michael Arias explique qu'il les avait repérés sept ans auparavant, alors qu'il assistait par hasard à un show qu'ils donnaient à Shinjuku. Visiblement intimidés, les deux musiciens tentent de décrire le lent processus de création musicale, avant d'entrer plus précisément dans les thèmes musicaux d'Amer Béton et la difficulté de les adapter aux images, la particularité de cette bande-originale très planante étant qu'elle s'est faite durant la production-même du film, chose qui n'arrive d'ordinaire jamais en animation. L'interview est intéressante, d'autant que Michael Arias intervient de manière toujours pertinente.
Making of - Journal de Michael Arias : 300 jours de production (43'21)
Ce reportage nous emmène à Kichijoji à Tokyo, dans les locaux du studio 4°C où s'est déroulée la production du film. La production dirigée par Michael Arias comprend 300 personnes (permanents ou non) et se divise en 3 groupes : Animation (personnages), Illustration (décors) et Images de Synthèse qui intègre et numérise les réalisations des deux premiers. Le réalisateur explique dans un parfait japonais que c'est le manga de Matsumoto qui lui a donné envie de passer à la réalisation lorsqu'il l'a découvert il y a environ dix ans, alors qu'il s'occupait jusqu'alors des effets spéciaux. L'impressionnante collection de photos qu'il a prises lors de ses voyages en Asie a servi de base au film et notamment au superbe travail de l'équipe du directeur artistique Shinji Kimura, qui réalise à la main les peintures des décors. Illustrations qui seront ensuite apposées sur les schémas 3D que l'on découvre juste après dans le département concerné. Le travail d'ensemble est d'une minutie telle que c'en est vertigineux (500 illustrations faites à la main pour le plan de survol de la ville au début, pour donner un exemple). Mais le reportage, moins idyllique qu'il n'y paraît, nous montre aussi l'équipe confrontée à un gros problème de rendu d'une scène avec la contrainte de délais qui se fait de plus en plus dure, et nous fait surtout assister au visionnage catastrophique des premiers rushes qui abat littéralement le moral de l'équipe. Il faut les paroles encourageantes de la productrice Eiko Tanaka - qui n'avait pourtant pas mâché ses mots lors de la séance - pour donner à Michael Arias, Chie Uratani, Hiroaki Ando et Shôjiro Nishimi l'énergie de repartir. C'est une bonne chose que ce moment pénible ait été conservé dans ce making of. Et c'est d'ailleurs étrangement ému que l'on quitte ce documentaire imprégné de la passion du réalisateur et de son équipe - l'événement est suffisamment singulier pour être mentionné.
Bandes-annonces
Les bandes-annonces de Tokyo Godfathers, Paprika et Spider-Man 3 (cherchez l'erreur !).