Test DVD : As Tears Go By - Edition Prestige

Par rapport à l'édition CTV de 2005, cette édition prestige a le mérite de proposer une nette amélioration en termes de qualité de l'image, restaurée de manière visible. Finis les fourmillements continuels dans les arrière-plans, le transfert est cette fois très propre et lisse, la définition est plus fine et l'ensemble a considérablement gagné en luminosité. La gestion des contrastes n'en est pas pour autant affectée, la profondeur des noirs mettant en valeur un étalonnage revu et corrigé qui fait oublier le filtre rosé de la précédente édition. Les couleurs sont nettement plus vives en général, ce qui avantage énormément les acteurs qui retrouvent une couleur de peau naturelle. On pourra tiquer sur certains plans nocturnes un tantinet rougeâtres, où les couleurs ont tendance à baver un peu, de même que sur le bleu un peu trop appuyé de la scène où Andy Lau venge Jacky Cheung, mais ces reproches ne concernent que quelques scènes. En revanche, le cadrage ne permet toujours pas de profiter de tous les recoins de l'image. On se rappelle que l'édition 2005 proposait un 1.85 un peu différent de celui de la VHS Pal en letterbox sortie il y a près de dix ans : si l'on gagnait quelques pixels à gauche et en haut, on en perdait en revanche en bas et à droite. L'édition 2008 est cadrée encore un peu différemment, soit légèrement décalée vers le haut uniquement. La perte s'accompagne donc d'un gain évidemment, et signifie seulement qu'il paraît bien difficile d'obtenir la totalité de l'image de As Tears Go By. Le défaut reste cependant minime eu égard à la qualité d'ensemble de ce transfert soigné.

La précédente édition ne proposait qu'une piste Cantonais Mono 2.0, celle-ci dispose de trois pistes. La piste mono répond toujours présente à l'appel, mais s'avère sensiblement moins puissante que sur l'édition 2005. Ce défaut est compensé par un rendu moins agressif dans l'ensemble, et par l'absence d'effets de saturation. Les deux autres pistes, Cantonais DD 5.1 et DTS, sont en revanche assez contestables. Leur principal apport consiste simplement à faire basculer les voix vers l'enceinte centrale au lieu des deux avants. Si le DTS remplit bien son office de ce côté-là, les dialogues se retrouvant d'un seul coup mis en valeur de façon très nette, le DD 5.1 ne se montre pas plus puissant en termes de volume que le mono. Sachant que les enceintes arrière ne sont quasiment pas sollicitées, sauf pour faire un maigre écho aux avants et à l'enceinte centrale, l'intérêt de cette piste se révèle très limité. Le choix se fera donc entre le mono et le DTS, tout en gardant à l'esprit que ce dernier n'est pas le moins du monde environnant, un constat logique étant donné que la prise de son du film a bel et bien été réalisée à l'époque en mono.

Bonne nouvelle : l'éditeur ne se contente pas de reprendre l'interface de l'édition 2005, mais en a concocté une toute nouvelle, plus agréable à l'oeil. Outre les bonus proposés dans la partie suppléments, il est à noter que la version du film comprise dans cette édition prestige comporte une minute supplémentaire par rapport à la précédente (une minute trente si l'on compte les deux logos en début de film, absents de l'édition 2005).

 

 

Entretien avec Wong Kar-Wai (12'20)

Seule vraie nouveauté par rapport à l'édition 2005, cette interview du réalisateur (en anglais) apporte certaines lumières quant à l'origine de As Tears Go By, initialement prévu pour être réalisé par Patrick Tam dans le cadre d'une trilogie. L'idée était de suivre des gangsters depuis l'adolescence jusqu'à la trentaine, sur trois films. Wong Kar-Wai y explique notamment que contrairement à Tam, il est loin d'être très organisé, même aujourd'hui. Il s'attarde longuement sur l'écriture du scénario, qui exige une concentration incompatible selon lui avec une préparation minutieuse. Au sujet de As Tears Go By, il s'en souvient comme d'un film où tout le monde était plus ou moins novice, lui y compris. Il rend hommage à Andrew Lau, très jeune à l'époque, dont il dit que Christopher Doyle s'est inspiré par la suite. Un entretien bref mais qui apporte un certain contenu.

 

 

 

Nos Années Triades : entretien avec Gérard Delorme (15'50)

Il s'agit là du même supplément que celui de l'édition 2005. Le journaliste s'attelle à une mise en perspective de As Tears Go By dans la filmographie de Wong Kar-Wai, recensant les éléments annonciateurs de son style futur. Un entretien intéressant et synthétique qui revient sur les thèmes chers au réalisateur, depuis ses débuts jusqu'à 2046.

 

 

 

WKW 80 : entretien avec Fathi Beddiar (13'00)

Dans ce deuxième supplément exclusif, lui aussi présent sur la précédente édition, Fathi Beddiar s'intéresse davantage à la carrière de scénariste de Wong Kar-Wai dans le contexte de la production hongkongaise de l'époque, avant de pointer les multiples références et influences présentes dans As Tears Go By, de Martin Scorsese à Tony Scott en passant par John Cassavetes. Très vivante et instructive, cette interview apporte un éclairage original sur le film.

 

 

Enfin, cette édition prestige propose la bande-annonce originale du film (3'48).