Test DVD : Barry Purves - His intimate lives

C'est à une image globalement convenable auquel nous avons droit ici. Visiblement, les transferts ont été effectués à partir de sources analogiques et non à partir d'un master numérique ou directement d'un master chimique. On regrettera ainsi un irrémédiable manque de définition, souci qui se fait vraiment ressentir sur les plans larges. Alors que Next (le plus vieux des courts de la compilation) présente une sorte de léger voile brumeux, Achille et Gilbert & Sullivan s'accompagnent d'une sorte de grouillement dû à l'âge du support analogique sur lequel ils étaient stockés. Screen Play, Rigoletto et Hamilton Mattress n'ont quant à eux bien heureusement pas grand chose à se reprocher. Les deux premiers sont pétaradant de couleurs et Hamilton Mattress d'une précision sans faille. En revanche, il est presque scandaleux que ce dernier ne soit proposé qu'en 4/3 et non en 16/9.

Chacun des films est accompagné d'une piste stéréo anglaise de bonne tenue qui fait preuve d'un agréable dynamisme. Bon point en ce qui concerne Screen Play ou Achilles, le narrateur ne prend jamais le dessus sur l'ambiance sonore ou musicale. On regrettera en revanche que la piste de Rigoletto frôle parfois la saturation.
Hamilton Mattress ayant eu droit à l'époque à une exploitation française, Potemkine propose en sus de la piste originale le doublage français. Cette dernière est incontestablement plus dynamique que son homologue anglaise sans l'égaler "artistiquement". Le doublage original joue en effet beaucoup sur les accents (populaire, italien, etc.) des personnages, chose complétement absente de la version française.

Pour cette intégrale, le coffret conçu par Potemkine donne abondamment la parole à Barry Purves, une bonne chose en soi puisque l'on se doute bien que le cinéaste n'a que très rarement pu s'épancher sur son travail. Chacun de ses films est précédé d'une présentation optionnelle de 2-3 minutes dans laquelle le cinéaste présente succintement ses intentions et les défis qu'il a dû surmonter pour parvenir à les porter à l'écran.


Pour ceux qui en aurait loupé quelques unes, nous avons aussi droit à deux modules revenant sur les nombreuses références shakespeariennes et lyriques que l'on retrouve respectivement dans Next et Gilbert & Sullivan.
En sus d'une publicité sur un produit d'entretien de toilettes inspirée de Screen Play (2 min), s'ajoute un entretien entre Barry Purves et Michel Ocelot, le père de Kirikou et Azur et Asmar.


D'une durée avoisinant la trentaine de minutes, cet entretien est l'occasion pour le cinéaste britannique de casser le mythe de l'artiste intransigeant (enfin !) face à un Ocelot naïf et peu lucide qui accepte difficilement que les producteurs qui le financent ne s'y connaissent pas en animation... En cela, c'est fasciné que l'on suit cet entretien, découvrant un artiste réaliste qui se pose de vraies questions sur son art et sur l'industrie qu'il y a derrière. Purves poursuit en déclarant qu'il aimerait participer à l'ouverture de l'animation vers d'autres arts en collaborant avec des artistes extérieurs au cinéma d'animation (issus du théâtre, par exemple) et qu'en ce sens il admire profondément les frères Quay qui ont su naviguer avec aisance d'un art à un autre.

Enfin, le disque s'accompagne d'un livret de 80 pages permettant d'approfondir la connaissance du cinéaste grâce à des extraits de story-boards, des notes et anecdotes du réalisateur, ainsi qu'une présentation des clés essentielles de l'animation image par image.