Poppy déambule dans le formidable quartier coloré de Camden, idéalement retranscrit par l'éditeur avec une prédominance nette de bleus, celui des vêtements fétiches de l'héroïne, de sa salle de classe, de l'uniforme des élèves, et de son appartement. Nous pouvons ensuite dire que MK2 livre ici une des plus belles images de son catalogue avec une profondeur de champ très estimable, une compression musclée et des séquences lumineuses en extérieur. Toutefois, l'ensemble n'est pas optimal. Les scènes d'intérieur pêchent par des contrastes plus légers et une faiblesse quant au rendu des gros plans. Enfin, on aurait parié que certains plans issus de l'auto-école avaient été réalisés sur fond vert et retravaillés en postproduction mais les suppléments nous certifient que tout a été filmé en direct. L'effet provient des objectifs miniatures utilisés et positionnés sur le tableau de bord, les comédiens étant éclairés par une lumière artificielle renforçant sensiblement les arrière-plans. Le rendu paraissait de ce fait moins artificiel sur grand écran que sur DVD où l'usage de la caméra numérique tape grossièrement aux yeux.
Passons rapidement sur la version française 5.1., complètement anecdotique puisque les comédiens britanniques y perdent 50% de leur interprétation. Disons néanmoins que cette piste est techniquement similaire à la version originale sur laquelle nous nous penchons plus abondamment maintenant. Si la musique de Gary Yershon (ayant déjà collaboré avec Mike Leigh sur Topsy-Turvy en 1999) est joliment canalisée sur l'ensemble de l'installation, ce sont surtout les dialogues qui prennent diligemment le relais avec une restitution dynamique des dialogues sur l'enceinte centrale. Les deux autres frontales ne sont pas en reste, répandant les ambiances agitées de Camden. Mais alors où sont passées les latérales ? Il ne faut pas trop en attendre et les surround se font rapidement oublier quand soudain la scène de la discothèque (6min25) fait vibrer votre caisson de basses... et les tympans si toutefois les enceintes arrière étaient collées près de vos oreilles. Dommage que cela ne dure qu'une poignée de secondes puisque l'action repasse rapidement sur les avants. Après coup, peu de séquences valent d'être mises en relief par le 5.1. mis à part le brouhaha des élèves de Poppy ou du cours de flamenco (42min20) avec un crescendo du « my space » entonné par Poppy et ses camarades.
Enraha ! (4min26)
Ce petit module se concentre sur la réalisation des séquences de conduite de Poppy. Comme nous l'indiquons dans la critique image, nous aurions parié que l'usage du fond vert avait été requis mais Dick Pope (directeur de la photographie) et Mike Leigh nous certifient le contraire avec des images à l'appui. Afin d'innover dans les prises de vue effectuées dans l'habitacle d'un véhicule et pour éviter l'emploi d'une voiture-tractée, l'équipe technique s'est décidée pour sept caméras haute-définition miniaturisées qui ont été mises en place afin d'obtenir les angles spécifiques voulus par le réalisateur. Un véritable studio relié dans le coffre de l'auto-école, Mike Leigh s'installant derrière les comédiens tout en les laissant conduire réellement. Les acteurs Sally Hawkins et Eddie Marsan échangent quant à eux leurs impressions sur leur collaboration.
La Poppy attitude (27min15)
Il est récurrent que les propos des comédiens revenant sur la psychologie des personnages soient plombants et n'apportent rien de neuf à ce qui est montré dans le film. C'est pourquoi ce segment est une véritable petite surprise car les comédiens Sally Hawkins, Eddie Marsan, Alexis Zegerman et Mike Leigh développent encore plus abondamment et longuement le caractère des personnages de Poppy, Scott ou Zoe, leur antagonisme et leur affinité étant passés au crible. Dommage malgré tout qu'aucune image de tournage vienne enrichir ces réflexions.
L'interactivité se clôt hélas bien trop vite par la bande-annonce du film vost (1min42).