Si la magnifique photo n'est pas aussi bien rendue qu'espérée, ce transfert SD tient ses promesses et offre au spectateur un rendu satisfaisant des couleurs changeantes au fil des saisons. L'hiver se caractérise par un blanc immaculé et des couleurs forcément froides, du bleu pastel au gris clair, tandis que le printemps et l'été sont marqués par une palette plus chaude, du mauve au vert foncé impeccablement rendu dans les scènes d'extérieur. La définition s'affaiblit cependant durant les séquences se déroulant dans la demeure principale, la compression se faisant même parfois perceptible, le niveau des détails n'étant pas suffisamment ciselé. Le teint des personnages est de temps à autre trop pâle mais s'améliore heureusement lors des gros plans, plus précis en terme de définition. Comme l'attestent certaines de nos captures d'écran, les plans filmés en extérieur par Jane Campion renvoient aux plus belles oeuvres picturales du XIXème siècle avec un piqué retrouvé. Notons tout de même certains troubles gênant le visionnage.
Si la version française est évidemment facultative (d'autant plus que le doublage est d'une stupéfiante platitude), cette piste sonore n'a rien à envier à la version originale et propose même des ambiances latérales supérieures. Les surround de la version originale distillent avec grâce et parcimonie les bruits de la nature, le vent soufflant, le tonnerre grondant ou les oiseaux chantant, immergeant agréablement le spectateur. La splendide partition signée Mark Bradshaw est parfaitement spatialisée tandis que les dialogues demeurent clairs et distincts. Bien entendu, les séquences d'intérieur ne sont canalisées que sur la centrale et les frontales paraîssent assez timides. Notez enfin la différence de volume au niveau des enceintes arrière au moment des scènes d'extérieur comme la promenade en forêt (15ème minute), la séquence de la chorale (19min30) ou celle de l'orage (1h11) : les ambiances latérales sont multipliées pour la langue française, plus orientée vers les dialogues et le mixage perd considérablement en naturel et finesse. La piste anglaise demeure la piste la plus fluide et authentique.
Courts-métrages de Jane Campion (45min12)
Si l'éditeur n'a pu mettre la main sur un making of, il nous permet enfin de découvrir les tous premiers films de la réalisatrice néo-zélandaise dans de superbes conditions :
Peel (8min19)
Le premier court-métrage écrit et réalisé par Jane Campion en 1982, intitulé An exercise in Discipline, a remporté la Palme d'or du meilleur court-métrage au Festival de Cannes. Seul film en couleur parmi les trois courts-métrages proposés, la réalisatrice nous montre un couple et leur fils se disputant durant une promenade en voiture. Cette "leçon de savoir-vivre" (en version originale) indique déjà le goût de la réalisatrice pour la nature, les gros plans sur les visages anxieux et la versatilité des sentiments.
Passionless moments (11min27)
Lauréat du meilleur film expérimental aux AFI Awards (Australian Film Institute) en 1984, ce court-métrage en N&B propose un enchaînement de petits moments du quotidien filmés à Sydney le dimanche 2 octobre 1983. Jane Campion compose des plans qui ne sont pas sans rappeler le cinéma d'Ingmar Bergman (une de ses références) et se ressent alors un attachement particulier à capturer des moments fragiles qui ne durent qu'un instant.
A girl's own story (25min26)
Probablement le plus personnel des trois courts-métrages, cette « Histoire de jeune fille » (en français) s'inspire visiblement des souvenirs d'enfance de Jane Campion, sa découverte des Beatles et ses premiers émois sexuels. Tourné dans un N&B tranchant, rappelant une fois de plus le cinéma d'Ingmar Bergman. Avec un sens de l'observation aiguisé et un talent indéniable pour filmer les incertitudes et les inquiétudes internes, Jane Campion réalise le plus beau de ses courts-métrages.
Scènes coupées (1min57)
On ne sait pas si Jane Campion avait beaucoup coupé au montage, toujours est-il que l'éditeur ne nous propose que deux petites scènes coupées. On y voit entre autre John demander à Fanny ce qu'elle fera une fois qu'ils seront séparés, lui étant sceptique quand elle lui répond qu'elle l'attendra jusqu'à son retour. Comme souvent, les séquences coupées s'enchaînant sans introduction précisant la raison de leur éviction ne présentent finalement qu'un intérêt modéré.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (1min46) et une galerie photos (1min55).