Désirant s'éloigner du naturalisme qui caractérisait Head-on et De l'autre côté, Fatih Akin et le chef opérateur Rainer Klaussman, à qui l'on doit la superbe photo des Citronniers, met ici le paquet concernant les couleurs plus "artificielles". Dès la première image, la palette colorimétrique se distingue par les gris et les bleus lumineux de la zone industrielle où se situe le restaurant Soul Kitchen. Si les extérieurs se définissent par des gammes froides et ternes, les intérieurs sont eux plus chaleureux afin d'établir l'hospitalité qui émane du lieu principal de l'histoire. Comme pour le DVD de De l'autre côté (disponible chez le même éditeur), le master se révèle immaculé, Pyramide Vidéo soignant particulièrement le transfert en plaçant la barre haute concernant la définition, tout simplement bluffante et dont certaines séquences sont particulièrement épatantes de qualité. Si le piqué n'atteint évidemment pas celui d'une édition HD, cette édition s'impose par son rendu élégant des matières et l'harmonie des contrastes que ce soit lors des séquences diurnes ou nocturnes. Assurément un travail éditorial de haute qualité.
L'Engrenage : 1/5
On ne sait pas où l'éditeur a pu récupérer ce master de L'Engrenage mais force est de constater que les éléments d'origine très abimés n'ont pas été retouchés pour la sortie DVD du film. L'éditeur annonce un format 1.85 (16/9 letterbox compatible 4/3) alors que le master n'est disponible qu'au format 4/3. Les couleurs sont désaturées et le transfert fait ce qu'il peut, sans succès, pour sauver cette copie abîmée composée de poussières, rayures et d'une forte granulation enquiquinante. Evidemment, les problèmes de définition s'accumulent, l'étalonnage n'a pas été révisé, les couleurs ont même une fâcheuse tendance à baver. Les séquences nocturnes sont les plus altérées et le master perd le peu de détails qu'il possédait et fait penser à l'image issue d'un vieil enregistrement VHS. De plus, les tremblements à l'arrière-plan y compris sur les gros plans ont parfois raison de notre patience. Certes Fatih Akin a disposé de moyens limités pour son premier film mais il est étonnant que Pyramide Video ait décidé de livrer le film dans un tel état. Peut-être l'éditeur a-t-il préféré miser sur la rareté du film, toujours est-il que le spectateur devra se contenter d'un master très abimé.
Julie en juillet : 4/5
Solino : 4/5
A peu de choses près, les masters de Julie en juillet (1.78) et Solino (1.85) sont du même acabit avec une belle luminosité, une image immaculée ainsi qu'une superbe restitution des couleurs chaleureuses. L'image de Julie en juillet se démarque de celle de Solino avec une palette colorimétrique encore plus pimpante, voire criarde dans la toute première partie où sont mis à l'avant les paysages verdoyants de la Bavière. Malgré cela, la séquence du joint où les personnages planent littéralement a été tournée sur fond vert et les transparences, très voyantes, paraissent artificielles. Les points forts de ces deux masters demeurent le rendu des gros plans (plus précis dans Julie en juillet), la superbe définition (le grain est inexistant) et une profondeur de champ fort appréciable. Notons toutefois quelques séquences moins précises en terme de piqué concernant l'image de Solino qui demeure néanmoins d'excellente facture.
Pas moins de quatre pistes viennent garnir le menu audio. Il n'est pas étonnant que la version allemande 5.1 se révèle la plus efficace du lot puisque Fatih Akin a pensé son film comme un véritable juke-box omniprésent sans que la musique soit pourtant une seule fois pesante. Dès la première image, les surround se révèlent percutantes, même plus que les frontales peut-on dire dans la scène d'exposition, mais très vite, le mixage trouve un équilibre savamment dosé. Les dialogues ne manquent pas d'ardeur tandis que chaque titre de la bande-originale se voit automatiquement spatialisé grâce aux latérales tout simplement saisissantes (les effets arrière ne se comptent plus), ainsi que par le caisson de basses fort présent. De Quincy Jones à Kool and The Gang en passant par Louis Armstrong, la bande-son est absolument infernale et à l'image du film, jubilatoire. La version française 5.1 n'atteint pas son homologue en terme d'effets et, de plus, le doublage français se révèle pathétique. Les deux stéréo font ce qu'elles peuvent mais n'atteignent jamais la vitalité de la 5.1 allemande. Sans pour autant démériter, l'écoute est suffisament dynamique et précise.
L'Engrenage : 3,5/5
Julie en juillet : 4/5
Solino : 4/5
Une fois de plus, Julie en juillet se distingue de L'Engrenage et de Solino par un mixage percutant, mixant ardemment la bande-son toujours éclectique chez Fatih Akin, des dialogues et des effets sonores divers (pétaradants durant la scène de poursuite). La piste audio de L'Engrenage est un peu voilée malgré une présence énergique de la musique. Certains dialogues résonnent peut-être mais ce mixage stéréo demeure clair tout du long. Julie en juillet et Solino sont proposées en Dolby stéréo, également très précises et dynamiques. L'excellente ouverture frontale offre un relief aux thèmes musicaux, renforcés par des ambiances graves ardentes et limpides. Le mixage de Julie en juillet coiffe au poteau celui de Solino avec des ambiances plus homogènes.
Chaque DVD contient les bandes-annonces des films de Fatih Akin disponibles chez l’éditeur.
DVD 1
Making of (35min25)
A l'image du film, ce making of détendu où Fatih Akin et Adam Bousdoukos (co-auteur et interprète du rôle de Zinos), littéralement vautrés dans le canapé, discutent de la genèse de Soul Kitchen. Initalement prévu après Head-on, le film demeurait trop "léger" pour faire suite à l'Ours d'Or reçu à Berlin en 2004. Fatih Akin trouvait que Soul Kitchen manquait d'envergure et se tourne alors vers Crossing the bridge, un projet jugé plus international. Le projet est donc resté dans le tiroir jusqu'à ce que le réalisateur et son ami de longue date Adam Bousdoukos se décident à paufiner le scénario en s'inspirant uniquement d'anecdotes datant de l'époque où ce dernier possédait un restaurant grec dans le quartier d'Ottensen à Hambourg. Quelques images d'archives nous renvoient dix ans en arrière où Fatih Akin rend visite à Adam Bousdoukos dans son restaurant, histoire de montrer la ressemblance frappante entre ces images et le film réalisé dix ans après. Ce documentaire montre également de nombreuses images issues du tournage montrant un Fatih Akin complètement excité, courant et sautant partout, insufflant une folle énergie à ses comédiens ainsi qu'aux 200 figurants présents pour la séquence de la fête-orgiaque. Ce qui au départ débutait comme un film plus intimiste est devenu, comme nous le dit le réalisateur, son film le plus cher, dû entre autre aux coûts onéreux de tournage à Hambourg. Un making of décomplexé et attachant.
Commentaire audio du film par Fatih Akin (vost)
Le réalisateur revient avec bonheur sur son premier film, se moquant de lui-même au moment où il apparaît à l'écran ("complètement stone, j'ai du faire 25 fois une prise qui durait 6 minutes à chaque fois"), révèle ses influences (Martin Scorsese entre autre), tout en partageant quelques anecdotes relatives à un premier film (moyens limités, peu de figurants, quelques séquences qu'il n'aime pas et aurait dû couper au montage). Comme nous l'avions deviné, le scénario est en réalité inspiré de la propre histoire de Fatih Akin et de ses amis, comme souvent dans les films du réalisateur. Enfin, Fatih Akin évoque un making of qui n'est malheureusement pas présent dans les suppléments.
Entretien avec Fatih Akin (3min22)
A l'occasion de la sortie de L'Engrenage, le réalisateur répond aux questions attendues concernant la mise en scène d'un premier film. Certains propos font évidemment redondance avec ceux entendus durant le commentaire audio comme la genèse de l'histoire, le casting, ses références et l'importance de la musique qui lui sert à définir l'ambiance d'une scène.
Entretien avec les acteurs principaux (10min05)
De la même façon que l'entretien précédent, les questions apparaissent via des cartons interposés et l'ensemble des comédiens de L'Engrenage reviennent sur la collaboration avec Fatih Akin et leurs partenaires, sur les risques d'un premier film et les thèmes abordés. Ces interviews ne sortent jamais du carcan promotionnel.
DVD 3
Commentaire audio de Fatih Akin (vost)
A l'instar du commentaire audio de L'Engrenage, Fatih Akin se révèle une fois de plus très précis dans ses anecdotes de tournage, n'hésitant pas à s'autocritiquer quand il n'aime pas la mise en scène de telle ou telle scène, le commentaire étant cette fois plus centré sur la réalisation, la photo et le jeu des comédiens. En enchaînant les cigarettes (ou quelques substances plus illicites), Fatih Akin, très à l'aise dans l'exercice, évoque comme lors de son commentaire de L'Engrenage, un making of et des scènes coupées que nous étions censés retrouver dans les suppléments, ce qui malheureusement n'est pas le cas.
Entretiens avec Fatih Akin et les comédiens (6min23)
Réalisées au moment du tournage, ces quelques bribes d'interviews promotionnelles donnent la parole à Moritz Bleibtreu, Christiane Paul, Fatih Akin et Idil Uner, qui présentent leurs personnages, leur quête et les autres thèmes du film.
DVD 4
Ce DVD ne comprend que les bandes-annonces mentionnées en début de test.
Important : sur certains lecteurs, les sous-titres du film Solino ne peuvent s'actionner qu'à partir des suppléments, en l'occurence à partir d'une bande-annonce. En effet, si vous actionnez le film sans passer par cet intermédiaire, vous risquez de vous retrouver face au film en version originale (la seule piste disponible) sans pouvoir actionner les sous-titres français en cours de route.