Désirant s'éloigner du naturalisme qui caractérisait Head-on et De l'autre côté, Fatih Akin et le chef opérateur Rainer Klaussman, à qui l'on doit la superbe photo des Citronniers, met ici le paquet concernant les couleurs plus "artificielles". Dès la première image, la palette colorimétrique se distingue par les gris et les bleus lumineux de la zone industrielle où se situe le restaurant Soul Kitchen. Si les extérieurs se définissent par des gammes froides et ternes, les intérieurs sont eux plus chaleureux afin d'établir l'hospitalité qui émane du lieu principal de l'histoire. Comme pour le DVD de De l'autre côté (disponible chez le même éditeur), le master se révèle immaculé, Pyramide Vidéo soignant particulièrement le transfert en plaçant la barre haute concernant la définition, tout simplement bluffante et dont certaines séquences sont particulièrement épatantes de qualité. Si le piqué n'atteint évidemment pas celui d'une édition HD, cette édition s'impose par son rendu élégant des matières et l'harmonie des contrastes que ce soit lors des séquences diurnes ou nocturnes. Assurément un travail éditorial de haute qualité.
Pas moins de quatre pistes viennent garnir le menu audio. Il n'est pas étonnant que la version allemande 5.1 se révèle la plus efficace du lot puisque Fatih Akin a pensé son film comme un véritable juke-box omniprésent sans que la musique soit pourtant une seule fois pesante. Dès la première image, les surround se révèlent percutantes, même plus que les frontales peut-on dire dans la scène d'exposition, mais très vite, le mixage trouve un équilibre savamment dosé. Les dialogues ne manquent pas d'ardeur tandis que chaque titre de la bande-originale se voit automatiquement spatialisé grâce aux latérales tout simplement saisissantes (les effets arrière ne se comptent plus), ainsi que par le caisson de basses fort présent. De Quincy Jones à Kool and The Gang en passant par Louis Armstrong, la bande-son est absolument infernale et à l'image du film, jubilatoire. La version française 5.1 n'atteint pas son homologue en terme d'effets et, de plus, le doublage français se révèle pathétique. Les deux stéréo font ce qu'elles peuvent mais n'atteignent jamais la vitalité de la 5.1 allemande. Sans pour autant démériter, l'écoute est suffisament dynamique et précise.
Making of (35min25)
A l'image du film, ce making of détendu où Fatih Akin et Adam Bousdoukos (co-auteur et interprète du rôle de Zinos), littéralement vautrés dans le canapé, discutent de la genèse de Soul Kitchen. Initalement prévu après Head-on, le film demeurait trop "léger" pour faire suite à l'Ours d'Or reçu à Berlin en 2004. Fatih Akin trouvait que Soul Kitchen manquait d'envergure et se tourne alors vers Crossing the bridge, un projet jugé plus international. Le projet est donc resté dans le tiroir jusqu'à ce que le réalisateur et son ami de longue date Adam Bousdoukos se décident à paufiner le scénario en s'inspirant uniquement d'anecdotes datant de l'époque où ce dernier possédait un restaurant grec dans le quartier d'Ottensen à Hambourg. Quelques images d'archives nous renvoient dix ans en arrière où Fatih Akin rend visite à Adam Bousdoukos dans son restaurant, histoire de montrer la ressemblance frappante entre ces images et le film réalisé dix ans après. Ce documentaire montre également de nombreuses images issues du tournage montrant un Fatih Akin complètement excité, courant et sautant partout, insufflant une folle énergie à ses comédiens ainsi qu'aux 200 figurants présents pour la séquence de la fête-orgiaque. Ce qui au départ débutait comme un film plus intimiste est devenu, comme nous le dit le réalisateur, son film le plus cher, dû entre autre aux coûts onéreux de tournage à Hambourg. Un making of décomplexé et attachant.
L'interactivité se clôt quelques bandes-annonces.