La Légende de Fong Sai-Yuk : 18/20
Si cette édition était très attendue, le moins que l'on puisse dire est que sur le plan visuel le résultat est à la hauteur des espérances. Rémasterisé à partir d'une copie neuve tirée du négatif original, le film s'offre littéralement une nouvelle jeunesse. L'image affiche un aspect d'une propreté réjouissante - tout juste relèvera-t-on quelques points blancs résiduels ça et là - mais aussi une définition nette et précise qui permet enfin d'apprécier à sa juste valeur le travail artistique réalisé sur le film. Un travail remarquablement mis en valeur par des couleurs qui retrouvent ici tout leur éclat : l'étalonnage respecte à la lettre les choix esthétiques du réalisateur et se voit soutenir par des contrastes très bien gérés. Les rouges et les tons orangés chatoient, les bleus nocturnes retrouvent leur intensité, les noirs sont joliment appuyés. Seul défaut inhérent aux films restaurés, la présence de quelques plans légèrement plus flous. D'autre part, du fait de la précision inédite de l'image et de l'étalonnage, les petits accidents survenus au tournage tels que les variations de luminosité ou de texture d'images dans une même scène apparaissent ici de manière plus évidente. Les maquillages restent en revanche suffisamment discrets pour se faire oublier, à l'instar des câbles dans les séquences d'action. Petit détail amusant dans la séquence où Jet Li affronte Sibelle Hu, on constatera que le ciel change régulièrement de couleur, passant du bleu estival au blanc terne, là où il apparaissait invariablement blanc sur l'édition hongkongaise.
Pour le fun, voici un petit comparatif permettant d'apprécier la différence entre un DVD hongkongais réalisé à la va-vite dans les années 90, et une édition française récente reposant sur un véritable travail de restauration. Effet bonne mine garanti !
Edition hongkongaise Universe
Edition française HK vidéo
Edition hongkongaise Universe
Edition française HK vidéo
La Légende de Fong Sai-Yuk II : 16/20
Tout comme le précédent opus, La Légende de Fong Sai-Yuk II a bénéficié d'un travail soigné de restauration. Epurée de la plupart de ses imperfections, l'image apparaît là encore sous un jour nouveau. Malgré tout, il nous a semblé que la définition offrait un rendu moins précis que sur le premier film qui pouvait s'enorgueillir d'un piqué plus éclatant. Les couleurs s'avèrent elles aussi moins vives, plus quelconques, notamment dans les scènes de jour qui offrent parfois un aspect suréclairé. Soulignons toutefois qu'à l'origine le film n'a pas bénéficié du même travail artistique que le précédent. Cela dit, il faut reconnaître que la palette colorimétrique fait du beau travail lors de la fameuse scène de combat sous les feuilles d'érables, la séquence la plus esthétique du film, les rouges ressortant avec finesse. En bref, nous avons affaire à un transfert moins exceptionnel que celui du premier opus mais affichant tout de même une qualité hautement satisfaisante.
On dénote peu de différence entre les deux films sur le plan de la qualité sonore. Chacun pourra être visionné soit en cantonais mono 2.0 soit en français 5.1, sachant que les deux versions du premier opus se trouvent sur deux disques différents puisque le montage n'est pas le même.
Sur les deux films, le mono 2.0 remplit largement son contrat, celui de restituer la piste cantonaise d'origine épurée de tous les sons parasites en la répartissant sur deux enceintes, pour un résultat très efficace et agréable à l'écoute. Les effets de saturation restent discrets et le mixage n'oublie pas de mettre la musique en avant lorsque cela est nécessaire. Rien à redire, donc, compte tenu des attentes liées à la date de production et l'origine du film.
Mais comme le jeune consommateur actuel ne peut concevoir de DVD sans 5.1, les deux versions françaises tentent d'exploiter timidement l'environnement proposé par le home cinema. Le rendu s'avère incontestablement plus clair que dans la version originale en ce qui concerne la musique et les voix des comédiens. Mais ces dernières ont tendance à se faire un peu trop envahissantes, la musique se trouvant parfois subitement mise en retrait, notamment dans les scènes d'action où elle joue pourtant un rôle actif pour rythmer l'ensemble. La composition de James Wong paraîtra ainsi paradoxalement mieux mise en valeur sur les pistes mono, d'autant que les 5.1 ont tendance à mettre trop l'emphase sur les aigus au détriment des basses.
A noter que les doublages sont de facture honnête, ce qui n'est pas toujours le cas en France pour les comédies hongkongaises.
Présenté dans un packaging soigné, le coffret nous propose deux disques consacrés au premier opus et un troisième destiné à sa suite. Si le premier film occupe deux DVD, la raison en est simple : la version française sortie en VHS il y a quelques années propose un montage amputé d'une dizaine de minutes. Afin de satisfaire tout le monde, l'éditeur a fait le choix de proposer les deux versions, que nous nous sommes amusés à comparer.
La Légende de Fong Sai-Yuk : comparatif des deux versions
Comme on s'en doutait, les coupes proviennent principalement des scènes de comédie, certainement considérées comme trop longues pour un public novice (ce qui reste à prouver). Parmi les coupes notoires, le film se voit privé d'un grand nombre de scènes avec Tiger Lui, personnage à la fois cocasse et odieux. Il est probable que les charcutiers ayant effectué le remontage aient voulu ne conserver que le côté bouffon du bonhomme et évacuer ses côtés plus désagréables.
On se retrouve ainsi privés de la scène de dispute entre Tiger Lui et Ting-Ting juste avant le tournoi mais aussi, étrangement, du passage où il force Fong Tai-Yuk à signer le contrat. Plus frappante encore est la suppression totale de la séquence musicale surréaliste où Fong Sai-Yuk et Tiger Lui cassent les oreilles de tout le voisinage, une coupe qui ratisse large puisqu'elle entame carrément la scène précédente. Pour rappel, cette dernière se déroule le soir du mariage et débute par les chamailleries entre Fong et Ting Ting, pour se poursuivre par une conversation entre le héros et sa belle-mère Siu-Wan qui lui déclare être amoureuse de Tai-Yuk. Dans la version française, la scène s'arrête là alors qu'elle se poursuit en réalité avec la visite de Tiger Lui dans la version cantonaise (Fong Sai-Yuk met à l'épreuve la "capacité à convaincre par la vertu" de son beau père).
Si certaines coupes sont tellement courtes qu'on se demande bien pourquoi elles ont été faites (10 secondes de Fong Sai-Yuk qui se dénonce après avoir essayé de s'enfuir), certaines induisent des incohérences, comme celle de la scène voyant la mère du héros supplier Tiger Lui de laisser son fils rentrer chez à la maison. Privé de ce passage, le film enchaîne une scène insistant sur la captivité de Sai-Yuk suivie d'une autre où il retourne tranquillement chez lui ! Enfin, Tiger Liu est décidément la cible principale des coupes puisque l'on notera aussi la suppression de son altercation avec son gendre suite à la blessure de son épouse.
A noter aussi que certains dialogues ont été réadaptés pour la version française. L'un d'entre eux nous a bien faire rire : la mère demandant à son fils "vous avez fait l'amour?" au lieu de "Tu as perdu ta virginité?".
Interview de Corey Yuen et David Lai (10mns43)
Accompagné de son interprète et fidèle collaborateur David Lai, le réalisateur et chorégraphe Corey Yuen Kwai revient exclusivement ici sur La Légende de Fong Sai-Yuk et sa suite, le contexte dans lequel les films ont été conçus, l'arrivée de Joséphine Siao sur le projet ou encore l'évolution du personnage titre dans le scénario de Jeff Lau. Sans aller en profondeur dans les thématiques, cet entretien donne l'occasion à Corey Yuen d'en dévoiler un peu sur sa manière de travailler en tant que réalisateur mais aussi en tant que directeur d'action, les scènes de combats prenant semble-t-il forme dans son esprit dès la phase d'écriture du scénario. Ce bonus est présent sur les deux DVD du premier film.
Pour finir, HK vidéo reste fidèle à sa ligne éditoriale puisque le coffret s'accompagne d'un livret exclusif de 16 pages. L'interactivité vidéo nous propose par ailleurs sur chaque disque la bande annonce cinéma de l'oeuvre, les trailers ayant été restaurés eux aussi, ainsi qu'une galerie de bandes annonces de titres disponibles chez l'éditeur.