Confession d'un commissaire... fait partie de ces films italiens édités par M6 Vidéo ayant bénéficié du lifting HD. Une restauration sublime doublée d'une superbe définition, imposant cette remasterisation comme une des plus belles des deux salves de films italiens sortis chez l'éditeur. Les couleurs jouissent d'une deuxième jeunesse avec une large palette de vert (les décors et les extérieurs), de marron et les yeux bleus azur de Franco Nero n'ont jamais paru aussi étincelants. Le tout est doublé d'un éclat et d'un piqué remarquables. On discerne quelques soucis de compression lors des balayages caméra mais ils sont en minorité. Les scories ont complètement disparu et on appréciera le soin apporté aux gros plans fourmillants de détails impressionnants. Le très léger voile est inhérent à la photographie de Claudio Ragona à l'instar, même si moins appuyé, de la photographie du Jardin des Finzi Contini de Vittorio De Sica (voir notre test DVD). Un aspect technique récurrent dans le cinéma italien du début des années 70.
Comme souvent, l'éditeur nous propose deux pistes mono restaurées en version originale et en version française. La différence se fait ressentir dès les premières images avec une piste criarde doublée d'effets de saturation pour la version française. A noter que le générique d'ouverture (se déroulant dans l'asile psychiatrique) est sensiblement différent à l'écoute sur la piste française. En effet la musique signée Riz Ortolani continue là où la version originale repose entièrement sur les sons comme les pas des personnages ou une grille qu'on ouvre. La version originale dont le doublage a été entièrement repris en post-synchronisation est très réussie, avec des dialogues s'accordant parfaitement avec les mouvements de bouche des comédiens. Il faudra de plus se tourner vers cette piste pour plus de dynamisme, de clarté et un naturel rendu dans les effets environnants (bruits de foule, circulation, fusillades...). La version française (dont le doublage est par ailleurs réussi) se permet même de bannir la plupart des bruitages et préfère miser sur l'abondance de dialogues.
Damiano Damiani, un cinéaste engagé (25min27)
Trois hommes dressent le portrait du réalisateur italien (qui n'apparaît pas dans les images) en évoquant ses films, ses thèmes de prédilection et son engagement politique. Tout d'abord, Antonio Siciliano, monteur de Confession d'un commissaire de police... et collaborateur de Damiano Damiani, évoque un homme précis, un réalisateur de génie ayant déjà le montage de son film en tête alors que les prises de vue ont à peine commencé. C'est le cas pour ce film où le réalisateur et le monteur n'ont coupé en tout et pour tout que deux à trois minutes.
Un ami du cinéaste, Vito Zagarrio, fait la différence entre le réalisateur connu pour ses grands films commerciaux (Un génie, deux associés, une cloche) et celui, engagé, de Confession d'un commissaire de police... en retraçant les débuts de Damiani au cinéma avec des films jugés intellectuels, trop raffinés et modernes. C'est le cas de Il Rossetto (1960) et El Chuncho (1966). Des débuts résolument politiques et engagés. Vito Zagarrio rend ensuite hommage au talent d'artisan propre au réalisateur, ancré dans ce qu'il appelle le cinéma citoyen apparu en Italie à la deuxième moitié des années soixante avec des cinéastes tel que Francesco Rosi, avec Main basse sur la ville ou Salvatore Giuliano.
Bruno Torni, président du syndicat de la critique italienne, approfondit les thèmes déjà évoqués du cinéaste engagé qu'est Damiano Damiani, confrontant les spectateurs à la réalité sociale et politique de leur pays. Dans la dernière partie de cet intéressant segment (bien que trop souvent entrecoupé d'extraits du film), les trois hommes dissertent sur l'apparition d'un thème qui allait devenir cher au cinéma italien traitant des liens étroits entre politiciens et la mafia. Damiano Damiani s'est fait pour spécialité de réunir à la fois cinéma d'action et cinéma d'introspection en soulevant des questions existentielles quant à la légitimité de hauts fonctionnaires dans le pays. Les trois interlocuteurs parlent ensuite du film proprement dit à travers l'évocation du casting, les valeurs représentées par chacun des personnages, l'aspect technique du film et le choix crucial de la dernière scène.
Ce module se termine par un hommage rendu à Damiano Damiani qu'ils estiment trop souvent oublié.
L'interactivité s'achève sur des notes de production et les bandes-annonces de Confession d'un commissaire de police au Procureur de la République (3min44), Le Cri (3min07), Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? (3min44), Il Vedovo (4min05), Il Giovedi (3min29), Mariti in città (4min08), Don Cesare di Bazan (1min34) et Les Intouchables (4min07).