A l'instar de son précédent film Michael Clayton, Tony Gilroy fait à nouveau appel à son chef opérateur Robert Elswit (Magnolia, Boogie Nights) et opte une fois de plus pour une large palette de bleus (azur, métallique, ardoise), gris et dégradés de blancs. Si le transfert a parfois du mal à restituer les teintes de manière homogène notamment dans les décors dépouillés des bureaux, la clarté prime sur le reste au détriment des détails peu pimpants dans les scènes extérieures. Ce master américain (les sous-titres anglais apparaissent durant un court échange en italien) laisse deviner quelques faiblesses de la compression entraînant de légers flous au niveau des visages durant les scènes nocturnes. Les séquences les plus réussies demeurent celles se déroulant dans le repaire de Clive Owen et de son équipe où les blancs lumineux des néons parviennent enfin à faire ressortir les traits des personnages jusqu'alors trop lisses. Les noirs distincts lors des nombreuses transitions temporelles sont denses, la gamme de bleus parfois trop saturée et les contrastes, bien que l'étalonnage ait été retravaillé pour le DVD (dixit Tony Gilroy dans son commentaire audio), sont de temps en temps limites et peu ciselés. En dépit de ces « défauts », le visionnage est conforme aux choix artistiques de Tony Gilroy et son directeur de la photo déjà vus dans les salles mais le cadre large déçoit par son manque d'envergure et les arrière-plans de relief.
Quelque soit la piste sélectionnée, les surround de la version anglaise et française sont parcimonieux et demeurent anecdotiques. L'ensemble des enceintes met constamment à l'avant la partition de James Newton Howard, quasiment omniprésente durant le film et les latérales ne servent finalement qu'à spatialiser la bande-son condensant de belles envolées. Evidemment, certaines ambiances sortent du lot comme lors de la séquence à Rome (rumeur des touristes, bruits de la circulation), celle du casino et du discours final de Paul Giamatti, le caisson de basses appuyant habilement le tout. Si les dialogues sont un peu trop vifs sur la centrale (surtout en version originale), la balance avant gauche-droite ne manque jamais d'ardeur grâce à une large ouverture des enceintes et offre ainsi au film de Tony Gilroy un écrin harmonieux et suave. Pour les inconditionnels de la version française, Julia Roberts conserve sa géniale doubleuse attitrée Céline Monsarrat, prêtant sa célèbre voix à la comédienne américaine depuis Mystic Pizza et qui a très largement contribué au succès de la star dans nos contrées.
Commentaire audio du réalisateur et scénariste Tony Gilroy et de son frère John Gilroy, monteur et producteur du film (vostf)
A l'instar de leur commentaire commun sur le DVD de Michael Clayton, les deux frangins sont certes très complices mais n'ont visiblement pas grand-chose à dire et se forcent à trouver quelques sujets de discussion. Evidemment, toute l'équipe et les départements techniques sont cités en long et en large mais cela ne se résume qu'à des félicitations dont se moque pourtant le réalisateur en faisant référence à d'autres commentaires écoutés. Une large place est dévolue aux difficultés rencontrées au moment du montage, les deux hommes évoquent la genèse du film (initialement écrit pour Steven Soderbergh, puis pour Steven Spielberg et même David Fincher) ainsi que le casting et les lieux de tournage. C'est peu pour retenir suffisamment l'attention du spectateur sur une durée de deux heures ! On retient surtout la franchise de Tony Gilroy expliquant que Duplicity n'est que son deuxième film, qu'il contient quelques défauts qu'il n'hésite d'ailleurs pas à pointer du doigt, et qu'il a encore beaucoup de choses à apprendre au niveau de la technique.
Dommage que l'éditeur n'ait pas choisi de mettre le bêtisier évoqué lors du commentaire audio, ou même un petit making of !