Disons-le sans détour : le transfert rend magnifiquement hommage au style visuel extrêmement recherché du film. Saluons tout d'abord la définition qui affiche une précision remarquable tandis que l'image conserve un léger grain de cinéma. La palette colorimétrique s'avère quant à elle tout simplement sublime. Les tons chatoient avec vivacité tout en gardant leur harmonie, pour recréer un univers à la fois baroque et enfantin soutenu par un contraste qui émerveille par sa finesse, rendant justice au travail méticuleux réalisé sur les ombres et les lumières. Les noirs intenses viennent remarquablement appuyer la profondeur de champ, notamment lors des plans nocturnes dans la forêt, très atmosphériques et que l'on devine entièrement tournés en studio. On ne relève enfin que très peu de défauts de compression en dépit de la présence d'un DTS sur le disque.
On ne se lasse pas de réaliser des captures d'écrans sur Hansel et Gretel. N'hésitez pas à cliquer pour les agrandir.
L'éditeur nous propose un DTS et un 2.0 pour la version coréenne et un Dolby Digital 5.1 pour la version française. On passera vite sur le 2.0 qui remplit honorablement son contrat en proposant un mixage efficace. Venons-en au fait. Si l'on ne pourra qu'apprécier l'intention de l'éditeur de conserver le DTS coréen, celui-ci s'avère à notre grande surprise ne pas être la piste la plus intéressante du lot. Il est vrai que l'environnement sonore d'un film comme Hansel et Gretel peut se montrer difficile à restituer puisqu'il repose sur des sons ambiants subtils et des bruitages légers, en plus de la composition musicale très lyrique. Contre toute attente, c'est le 5.1 français qui remporte tous les lauriers, de par sa meilleure spatialisation, l'intervention parcimonieuse des basses mais aussi le rendu de la musique, autant d'éléments qui semblent avoir été légèrement mis en sourdine sur le DTS. Cela dit, s'il ne possède pas l'efficacité du 5.1, ce dernier s'avère tout de même immersif et dynamique comme il faut, permettant aux amateurs de version originale de trouver un réel confort d'écoute. Il est cependant à noter que le doublage français est de qualité et colle plutôt bien aux personnages et au ton du film.
Nous commencerons par le supplément le plus précieux du lot, à savoir deux courts métrages mis en scène par Yim Phil-Sung au début de sa carrière. Réalisé en 1998, Brushing (22mns) nous propose de partager les angoisses d'un adolescent maltraité par sa famille et qui se retrouve livré à lui-même avec son grand-père atteint de la maladie d'Alzheimer, tandis que ses parents et son frère partent en vacances. L'action se déroule sur une nuit et le film puise ses inspirations du côté de David Lynch, révélant déjà l'attirance du cinéaste pour les ambiances oppressantes voire claustrophobes. Réalisé en 1999 avec davantage de moyens, Baby (34mns) s'intéresse à un lycéen charmeur de 16 ans qui se vante sur Internet d'avoir couché à avec une étudiante de 22 ans, jusqu'au jour où celle-ci tombe enceinte. D'abord rejeté par la jeune fille, il est tourmenté par sa conscience et décide d'assumer ses responsabilités et de la soutenir. Evitant toute leçon de morale contre le sexe ou même contre l'avortement, ce petit film prône avant tout une certaine prise de conscience chez les garçons de cet âge.
Passons à présent aux nombreux suppléments concernant le film. Le making of (55mns11) est un documentaire de facture classique, généreux en termes d'images de tournage, elles-mêmes entrecoupées de moments rafraîchissants grâce aux enfants. Ce making of est ponctué d'extraits d'un entretien avec le réalisateur Yim Pil-Sung qui revient notamment sur sa volonté d'explorer le genre du fantastique, peu abordé en Corée, mais aussi sur le caractère expérimental du film, son univers narratif et visuel ou encore le tournage avec les enfants. Le cinéaste commente aussi la noirceur de l'histoire qui colle à ses yeux à la réalité des enfants du XIXe, en Allemagne (puisque Hansel et Gretel est un conte allemand) comme dans le reste du monde. Un argument qui explique assez bien le côté glauque du film, que nous soulignions dans notre critique.
Viennent ensuite les scènes coupées du film, au nombre de cinq. Elles sont présentées avec ou sans le commentaire du réalisateur et de ce que l'on suppose être le monteur. De ces scènes que Yim commente avec lucidité, se montrant parfois très critique vis-à-vis de sa propre mise en scène, on retiendra surtout Père Noël, qu'il semble regretter ne pas avoir conservée, mais aussi Etre Heureux qui s'avère être une fin alternative un peu plus sombre que le final retenu.
Les décors (14mns) donne la parole à la chef décoratrice Ryu Seong-Hie, qui possède un excellent curriculum vitae dans lequel on compte Old Boy, A Bittersweet Life ou encore The Host. Dans cette interview qui s'avère être l'une des plus intéressantes du DVD, Ryu affirme sa volonté que Hansel et Gretel mérite d'être appelé "film fantastique", avant d'expliquer comment elle a tenté de stimuler l'imagination du spectateur avec ses créations. N'hésitant pas à mentionner les contraintes budgétaires et les solutions trouvées pour palier certains manques, elle revient aussi sur un débat engendré par le thème du film : faut-il "coréaniser" les décors ? Sa réponse, très pertinente, fait appel à l'imaginaire des enfants du film, qui n'ont jamais vu de famille coréenne typique et tirent leur univers de ce qu'ils ont découvert dans les livres. Par ailleurs, en plus d'aborder spécifiquement la création de certains décors précis, tels que la porte dans la forêt, la décoratrice confie quelques unes de ses peurs d'enfance qui ont pu avoir une influence sur le style de la maison. Enfin, Ryu Seong-Hie compare fièrement la taille de son équipe, dont les membres sont au nombre de sept, avec celle d'un film comme Le Merveilleux Magasin de M. Magorium dont l'univers est imprégné d'un esprit similaire mais réalisé avec nettement plus de monde.
Autre module intéressant, La musique (14mns21) nous donne enfin l'occasion de connaître un peu mieux le compositeur Lee Byung-Woo, à qui l'on doit quelques bandes originales incontournables telles que Deux Soeurs, King and the Clown ou encore The Host. Des bandes originales dont on retient des thèmes forts. La musique de Hansel et Gretel se situe dans la lignée de celle de Deux Soeurs, le lyrisme se voyant ici soutenu par des accents enfantins plus prononcés. Lee Byung-Woo nous parle de son art, de son expérience sur le film, de la chanteuse qui interprète le générique de fin, ou encore du réalisateur Yim Pil-Sung, le tout avec un enthousiasme non feint, emprunt d'une sincérité qui force véritablement la sympathie. Peu importe si son disque ne se vend pas, le compositeur semble ravi rien que d'avoir pu en choisir le visuel, lui qui accordait tant d'importance à la pochette de ses vinyles quand il était gamin. Un excellent bonus qui permet aussi de voir à l'oeuvre le compositeur avec son orchestre - l'occasion de profiter une fois de plus des superbes thèmes musicaux de Hansel et Gretel.
Effets spéciaux (9mns36) s'articule autour d'un entretien avec Jeong Seong-Jin, le superviseur des effets visuels qui oeuvrait déjà sur le précédent métrage du réalisateur, Antarctic Journal. S'il affiche une personnalité plus réservée que le compositeur, Jeong n'hésite pas à faire part non seulement de ses sujets de satisfaction dans le film mais aussi de ses regrets, puisqu'il aurait aimé ajouter quelques effets supplémentaires refusés par le réalisateur. Jeong revient par ailleurs sur certains des 320 plans truqués du film, notamment la scène de la femme transformée en poupée mais aussi celle de la figurine qui s'envole, dans laquelle il estimait nécessaire que l'on voie clairement qu'il s'agisse d'effets spéciaux. Une interview sans langue de bois.
Moments de détente (5mns10) est le module mignon tout plein de rigueur pour un film qui accorde un rôle aussi important à des enfants. Ces derniers sont au centre de ce supplément qui enchaîne les moments de taquinerie entre eux ou avec l'acteur principal. Recommandation d'autres réalisateurs (2mns30) consiste comme son nom l'indique en l'intervention de plusieurs cinéastes renommés qui recommandent chaudement le film de Yim Phil Sung avant même de l'avoir vu ! Kim Jee-Woon (Le Bon, la Brute, le Cinglé), Han Jae-Rim (Rules of Dating), Jung Yoon-Chul (Marathon), Bong Joon-Ho (The Host) ont tout de même lu le scénario de Hansel et Gretel et nous livrent leurs (bonnes) impressions, avant de souhaiter bonne chance à Yim Pil-Sung.
Dernier bonus qui ravira les puristes des images d'archives, Sur le tournage (13mns48) est en réalité un B-Roll, soit une suite d'images de tournage dont la plupart ont déjà été dévoilées dans le making of mais qui sont présentées ici dans leur version brute, sans ajout de commentaire, d'interview ni de musique.