Rien à redire, cette édition nous propose une interactivité très riche. En revanche, pour les identifier, c'est une autre histoire : la navigation du second disque se présente en effet comme un immense bazar, chaque module se voyant attribué un titre ne donnant aucun indice sur ce qui se trouve à l'intérieur. Passé le découragement suscité par cet aspect, les bonus se regardent avec grand plaisir et s'avèrent très complets.
De la vengeance à l'amour (12mns06)
"Maintenant que j'ai fait un tel film, je pense que je peux retourner vers un univers de violence. [...] Quand j'en aurai à nouveau assez des films noirs et violents, je pourrai toujours revenir à des films joyeux. C'est ce que ce film m'a appris, ça m'a réconforté.", telle est la conclusion de Park Chan-Wook à l'issue de ce module d'introduction au film. Une interview au cours de laquelle il nous parle de la genèse du projet, de sa volonté de réaliser une comédie romantique, des personnages et de leur univers. Un bon complément aux nombreux documentaires qui suivent.
Pas un jour sans rêve (45mns48)
Ce supplément est consacré à toute la partie artistique et s'appuie sur des interviews des membres de l'équipe, de la chef costumière au chef opérateur en passant par les responsables des maquillages, des décors ou encore des effets spéciaux. La partie maquillages (6mns32) s'attarde principalement sur les astuces utilisées pour transformer les doigts de Young-Goon en canons, tandis que le chapitre costumes (6mns30) détaille la manière dont les habits de chaque patient représentent quelque chose de leur personnalité. La partie décors (12mns54) s'attarde sur la création de l'univers des personnages, notamment l'hôpital psychiatrique avec ses couleurs pastel, mais aussi des accessoires, parmi lesquels les fameuses illustrations des sept péchés capitaux. On apprend ainsi que Park Chan-Wook a gardé le carnet de croquis qui a servi au film et qu'il se trouve chez lui, entre les ciseaux de Old Boy et le pistolet de Lady Vengeance !
Le module effets spéciaux (11mns08) revient comme son nom l'indique sur les images numériques utilisées dans le film, pour le design du cyborg mais aussi pour les scènes tournées devant un écran vert, à commencer par la superbe scène de la coccinelle. Enfin, directeur de la photographie (9mns44) s'appuie comme on l'imagine sur une interview de Chung Chung-hoon, le chef opérateur, qui revient sur les contraintes posées par l'emploi de la Viper et sur les procédés bricolés pour réaliser certains plans précis, certains ayant requis un investissement physique de la part des acteurs.
Cette série de modules s'avère passionnante puisque les différents intervenants, souvent des collaborateurs récurrents de Park Chan-Wook, se montrent très généreux en d'informations techniques et artistiques. A voir absolument pour en savoir plus sur les petits secrets de fabrication de Je suis un Cyborg. On aurait juste aimé avoir la possibilité de les regarder d'une traite.
Un projet numérique (10mns40)
Je suis un Cyborg est le premier film coréen à utiliser une caméra HD Viper Film Stream. Très instructif, ce bonus fait un tour d'horizon des possibilités de la Viper, dont le fonctionnement est globalement expliqué par le chef opérateur. Ce dernier tente à l'instar du réalisateur d'en dégager les avantages et les limites, l'équipe ayant dû revenir au 35 mm pour quelques plans. Les considérations abordées ici sont certes très techniques mais il n'est pas pour autant nécessaire d'être un spécialiste pour en comprendre les enjeux.
Séquence d'ouverture (6mns08)
Ce supplément est entièrement consacré à la conception du générique du début qui a pour originalité de s'intégrer dans la première séquence du film, les noms apparaissant sur les costumes, sur les accessoires ou encore dans le décor. Une petite fantaisie issue d'un caprice de Park Chan-Wook, qui aime à développer les idées lancées en l'air par ses collaborateurs, et qui a semble-t-il obligé son équipe à passer des nuits blanches !
Making of (20mns27)
Plus classique que les précédents, ce petit documentaire sur le tournage adopte un ton léger et sucré pour parler du tournage et plus particulièrement du travail avec les acteurs. Véritable bout-en-train, l'actrice Lim Su-Jeong se montre très volubile lorsqu'elle livre ses impressions sur le film, au contraire de son partenaire Jung Ji-Hoon qui n'intervient que très peu dans ce documentaire. Park Chan-Wook revient aussi sur les acteurs secondaires, dont il avait rencontré certains sur le tournage de Lady Vengeance. Un bonus un peu promotionnel mais qui, grâce à ses petites anecdotes sympathiques, s'avère idéal pour se détendre après les suppléments plus techniques vus précédemment.
Interviews (18mns26)
Comme on le devine, il s'agit principalement d'interviews des deux comédiens principaux, Lim Su-Jeong et Jung Ji-Hoon, entrecoupées des impressions de Park Chan-Wook et du chef opérateur Chung Chung-Hoon sur leur jeu d'acteur respectif. Lim Su-Jeong revient notamment sur la transformation physique qu'elle a subi pour le rôle, ainsi que sur les scènes les plus difficiles à tourner. Plus volubile que dans le making of, Rain précise qu'il a demandé lui-même à ce que Lim Su-Jeong soit sa partenaire et revient sur les difficultés qu'il a eues à cerner la personnalité d'Il-Soon. Si la bonne humeur qui transparaît de ce module n'a rien d'extraordinaire sur un bonus de DVD, où tout le monde est toujours beau et gentil, Park Chan-Wook ne se complaît pas trop dans la langue de bois puisqu'il n'hésite pas à confier les craintes qu'il avait de prendre un acteur débutant pour le rôle d'Il-Soon, des craintes qui se sont avérées infondées comme on le constate à la vision du film.
Ce module est complété d'un autre intitulé Un Cyborg à Berlin et qui revient sur le passage du film à la Berlinale 2007 au travers d'images du festival et d'interviews du réalisateur et des deux acteurs principaux.
Scènes coupées
Les scènes alternatives ou additionnelles sont ici au nombre de sept et sont commentées par Park Chan-Wook lui-même. Le cinéaste détaille dans chaque cas l'intention de départ de la scène et la raison pour laquelle celle-ci a été raccourcie ou enlevée. La plupart de ces scènes concernent les personnages secondaires (tels que les malades de l'hôpital autres que Young -Goon et Il -Soon) et leur retrait est souvent du à un effet jugé inutile, redondant ou risquant de ralentir le rythme.
N.E.P.A.L.
Court métrage présenté en exclusivité française sur ce DVD, N.E.P.A.L. fait partie d'un omnibus initié par la Commission des Droits de l'Homme de Corée visant à dénoncer les discriminations. Ce segment raconte l'histoire incroyable de Chandra, une Népalaise travaillant en Corée du Sud et qui, après avoir perdu ses papiers, est prise pour une handicapée mentale. Internée en hôpital psychiatrique, elle mettra six ans à retourner dans son pays. Sans aucun misérabilisme, Park Chan-Wook tente de coller au plus près de l'expérience vécue par la jeune femme en filmant majoritairement les scènes à travers ses yeux, une subjectivité qui s'interrompt parfois par des plans distanciés voyant les témoins parler à la caméra, comme pour s'adresser directement à la conscience du spectateur. Dénonçant tout à la fois les jugements hâtifs de la police et l'incompétence du personnel hospitalier dès lors qu'il s'agit d'une personne étrangère, l'expérience cruelle et émouvante de Chandra se pourrait tout aussi bien se dérouler ailleurs qu'en Corée du Sud, en France par exemple...
Cette interactivité s'achève avec les filmographies de l'équipe, une galerie de photos et des bandes annonces.