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Rain, un Coréen à Hollywood

Le 20/06/2008 à 10:16
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Rain, un Coréen à Hollywood

Toute l'Asie est à ses pieds, il ne lui reste plus qu'à conquérir les territoires américain et européen. A la fois chanteur et acteur à succès, le sud-coréen Rain, de son vrai nom Jung Ji-Hoon, fait son entrée en scène dans le cinéma hollywoodien avec Speed Racer, où il incarne le très ambigu Taejo Togokhan. Bientôt dans The Ninja Assassin, le nouveau film de James McTeigue actuellement en tournage, Rain fait partie à l'instar de Kim Yun-Jin (Lost) et Lee Byung-Hun (G.I. Joe) des quelques aventuriers venus du Pays du Matin Calme à tenter une percée à Hollywood. Quelles sont ses chances ?

 

Rain, un Coréen à Hollywood

 

Né à Séoul en 1982, Rain débute par le biais de l'agence JYP Entertainment, dont le directeur Park Jin-Young le remarque suite à une audition. Il commence comme back dancer pour d'autres artistes (notamment Park lui-même) avant de sortir dès l'année 2002 son tout premier album, Bad Guy. Un hit immédiat qui lui permet de remporter l'adhésion auprès d'un public essentiellement jeune, amateur de R&B et de chorégraphies à la Michael Jackson ultra chiadées. Cela dit, en Corée du Sud, un paquet d'idoles arrive sur le devant de la scène chaque année, le style R&B ayant la cote auprès d'une jeunesse coréenne plus que jamais avide de culture pop américaine depuis le début des années 2000. En 2003, Rain fait comme beaucoup de jeunes chanteurs et se lance parallèlement sur le petit écran par le biais d'une série télévisée, Sang Doo ! Let's Go to School, où il partage la vedette avec l'actrice Kong Hyo-Jin. La même année, un second album intitulé How to avoid the Sun arrive dans les bacs coréens et confirme la popularité du chanteur/acteur, le titre Ways to Avoid the Sun s'imposant comme l'un des hits de l'année, et au passage comme l'une de ses meilleures chansons.

 

Rain, un Coréen à Hollywood

 

C'est à partir de l'année 2004 que les choses sérieuses commencent. En effet, Rain apparaît dans une nouvelle série qui, en plus de remporter un énorme succès en Corée, est diffusée dans de nombreux pays d'Asie tels que le Japon, la Chine, Hong Kong, Taïwan, et dans la plupart des pays d'Asie du Sud-Est. Il s'agit bien sûr de Full House, qui voit Rain incarner Lee Young-Jae, star de cinéma capricieuse qui se retrouve contrainte de cohabiter avec une jeune écrivain en herbe campée par l'irrésistible Song Hye-Kyo (oui, celle-là même qui jouera dans le prochain John Woo). Non seulement le duo fonctionne à merveille à l'écran, mais la série réserve quelques moments de comédie particulièrement savoureux, entre ironie et esprit bon enfant, et révèle chez l'acteur un potentiel comique jusqu'alors insoupçonné. Rain se voit remettre pour l'occasion le KBS Acting Award du meilleur acteur pour sa prestation, en plus d'étendre son aura sur toute l'Asie. Il faut dire que la hallyu* bat son plein et connaît même un regain d'intensité cette année-là, alors que les analystes du phénomène prédisaient sa fin quelques années plus tôt. Rain séduit la jeunesse asiatique par une image parfaitement calibrée, tant pour un public masculin en quête de cool attitude que pour un public féminin sensible au contraste entre le visage au charme enfantin de la star et son attitude aguicheuse sur scène. Rain apparaîtra l'année d'après dans une autre série, A Love to Kill, qui lui permet de diversifier son registre en évoluant davantage vers le drame, à travers un personnage nettement moins avenant que le héros aussi attachant que tête à claque de Full House. L'année 2005 marque aussi la sortie de son troisième album, It's Raining, son plus grand succès musical qui lui vaut de réaliser une tournée dans toute l'Asie. A ce stade, la star peut tout se permettre, y compris s'adonner au narcissisme le plus total comme lorsqu'il se met en scène arrivant comme un prince au milieu de fans le reluquant avidement dans le clip mémorable du titre It's Raining (mais quelques années plus tard, il n'hésitera pas à apparaître tel un dieu vivant arrivant sur un champ de bataille dans celui - assez stupéfiant - de I'm Coming).

 

Rain, un Coréen à Hollywood

 

Dominant la scène musicale asiatique, devenu l'un des acteurs de K-drama les plus populaires, que peut-il encore espérer ? Gagner une crédibilité sur le grand écran, passeport indispensable pour s'exporter vers l'Occident. Et pour son entrée au cinéma, Rain ne choisit pas n'importe quel projet puisqu'il travaille directement avec l'un des réalisateurs coréens les plus estimés, dans son pays comme dans le reste du monde : Park Chan-Wook. Ca tombe bien, ce dernier a grandement besoin de renouveler sa galerie de comédiens, afin d'apporter un nouveau souffle à son cinéma. La prise de risque n'est cependant pas négligeable pour les deux artistes. D'un côté, Park Chan-Wook amorce avec Je suis un Cyborg un changement de registre radical et doit se fier à un acteur débutant au cinéma. De l'autre côté, fort d'une réelle crédibilité dans le genre de la comédie romantique, Rain doit cette fois interpréter un original séjournant en hôpital psychiatrique, lui qui restait jusqu'alors cantonné à un style de personnages classique. Au final, l'acteur trouve avec cette fable délicieusement barrée un rôle en or et se révèle à la hauteur des espérances en termes d'interprétation, face à une Lim Su-Jeong tout aussi impressionnante. Certes, sur le plan commercial, le succès n'est pas forcément au rendez-vous en Corée : Je suis un Cyborg affiche un score de 608 500 entrées, soit un résultat un peu pauvret face aux 3 millions de Lady Vengeance, le hit du cinéaste. En revanche, la caution artistique apportée par le nom de Park Chan-Wook fait son petit effet puisque Rain obtient une nomination aux Asian Film Awards, catégorie meilleur acteur, et voit son nom circuler à travers le monde grâce à la diffusion du film par le biais des festivals.

 

Rain, un Coréen à Hollywood

 

 

Désireux de s'exporter non seulement en tant qu'acteur mais aussi en tant que chanteur, Rain signe en 2007 un 4e album (Rain's World, titre toujours en rapport avec son pseudonyme) avant de se lancer dans une tournée mondiale intitulée Rain's Coming Tour et censée le mener dans différentes villes du continent américain. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu puisque son équipe rencontre une cascade de problèmes organisationnels l'obligeant à annuler certains dates, ce qui lui vaut quelques démêlés juridiques. Plus chanceux dans sa carrière d'acteur, Rain se retrouve alors à l'affiche du nouveau projet des frères Wachowski, Speed Racer, l'adaptation du dessin animé japonais Mach GoGoGo. Encore un drôle de film pour l'acteur puisqu'il s'agit à l'arrivée d'un ovni cinématographique, entre courses de voitures psychédéliques et retour vers les codes narratifs et visuels de la japanimation des années 70-80. Comme on le sait, le film provoque la controverse (à la rédaction de FilmsActu, notamment !) et ne rencontre pas son public. L'explication paraît assez logique si l'on en croit le conflit entre le ciblage des frères Wachowski, qui ont clairement conçu le film pour les nostalgiques du genre (aujourd'hui dans la trentaine), et celui des studios Warner, qui le vend comme un film pour enfants. A la décharge des seconds, il faut bien dire que pour un budget de 200 millions de dollars, la cible première des frères Wachowski ne pouvait guère être rentable (d'ailleurs, saluons l'exploit d'avoir réussi à le vendre à des producteurs). Cela dit, l'échec commercial de Speed Racer ne semble pas entacher le potentiel de Rain aux Etats-Unis. Déjà cité en 2006 par Times parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde entier, la star coréenne vient d'être interviewée par le même magazine, une vidéo qui figure actuellement au top des plus populaires du site Internet de Times. Cela dit, si le double métier de chanteur/acteur marche du tonnerre en Asie, il lui faudra très probablement faire un choix s'il compte s'imposer sur le marché américain - surtout qu'un chanteur de R&B asiatique risque de faire jaser aux Etats-Unis, encore plus qu'un Eminem.

 

Rain, un Coréen à Hollywood

 

Mais la question épineuse est de savoir si les acteurs coréens tels que Rain vont réussir là où leurs confrères chinois ont échoué, à savoir s'imposer à Hollywood sans se retrouver enfermés dans les éternels clichés raciaux qui gangrènent encore le cinéma hollywoodien, comme en témoignaient les rôles attribués à Jet Li, Jackie Chan et consort. A la vision de Speed Racer, où Rain incarne un second rôle un peu plus conséquent qu'on se l'imaginait, la réponse reste certes encore en suspens mais l'optimisme n'est pas interdit. Tout d'abord, malgré l'échec de leur démarche, les stars chinoises ont tout de même bien préparé le terrain. Quelque soit leur nationalité (coréenne et mais aussi japonaise), les nouveaux entrants profitent indéniablement de leur expérience et des bouleversements qu'a subi lentement mais sûrement le cinéma américain au cours de ces dix dernières années. Ainsi, là où Jet Li incarnait clairement l'"Etranger" et encaissait quelques blagues racistes dans L'Arme Fatale 4 en 1998, si sommaires soient les personnages de Speed Racer, le regard porté sur eux les met sur un pied d'égalité en tant que personnages - et non plus en tant que représentation. En outre, au contraire des acteurs d'action hongkongais à la fin des années 90, qui exerçaient alors pour la plupart dans un genre tombé en désuétude en Asie (le cinéma d'arts martiaux, notamment), les stars coréennes telles que Rain ont toujours une image forte sur leur continent d'origine, ce qui leur permet de se montrer plus sélectifs dans leurs projets. Reste aussi bien sûr la barrière de l'anglais, un point sur lequel les producteurs américains sont impitoyables. Sur ce plan, Rain s'en tire avec les encouragements même si ses répliques dans Speed Racer sont essentiellement constituées de phrases courtes. Autre point ayant son importance, l'acteur parvient dans le film des frères Wachowski à conserver à son image glamour et sexy, cet aspect constituant précisément l'un des points litigieux de la difficile transposition de l'image des acteurs asiatiques à Hollywood. Venant d'une star très tatillonne sur son image, on imagine que cet aspect a dû être négocié de près.

 

Rain, un Coréen à Hollywood


Actuellement en tournage, le prochain film de Rain n'est autre que The Ninja Assassin, la nouvelle production des frères Wachowski réalisé par James McTeigue (V pour Vendetta). L'acteur endossera un premier rôle dans ce qui s'annonce comme un film d'action très manga et très martial. Une chose est sûre, après l'avoir vu faire des grands-écarts faciaux dans ses clips, on ne doute pas que le bonhomme saura s'adapter aux exigences sportives du rôle. En revanche, The Ninja Assassin devrait constituer un bon test de sa capacité à tenir le haut de l'affiche. En attendant, après avoir frappé successivement à la porte de Jet Li, Michelle Yeoh et quelques autres, les Wachowski brothers ont peut-être enfin trouvé l'icône d'action qu'ils recherchaient.

 

 

* Hallyu : "vague coréenne" consistant en la fascination par l'étranger pour tout ce qui se rapporte à la culture populaire coréenne.





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