Le master que nous propose les Editions Montparnasse est de bonne tenue. Présenté dans un transfet 16/9 au format 1.66, le film maudit de Resnais concerve le grain de pellicule appréciable sans que la compression n'en pâtisse. L'image possède un joli piqué, la photo de Jean Boffety (chef op de Claude Sautet sur Garçon !, Un mauvais fils, Vincent, François, Paul... et les autres et César et Rosalie) est agréablement mise en valeur. Quel plaisir de (re)découvrir le film dans de telles conditions !
Une simple piste Mono nous est proposée, et on ne s'en plaindra pas. Comme à l'accoutumée chez Resnais le travail sur son est faussement évident, cachant en fait un un méticuleux travail lors du mixage. La restauration entreprise par Les Editions Montparnasse a porté ses fruits, aucun défaut particulier n'est à signaler : les voix sont claires et parfaitement mise en avant sans vampiriser ni l'espace ni la fantastique partition sonore composée par Krzysztof Penderecki.
Très intéressants, les bonus permettent de mieux cerner cette oeuvre mystérieuse. D'une quinzaine de minutes, Entretien avec Claude Rich : souvenirs du tournage revient sur les relations entre l'acteur et le cinéaste qu'il admire, l'évolution du scénario (à l'origine, on ne devait pas le voir à l'écran, tout le film devant être filmé en vue subjective ; ce n'est que quelques jours avant le début du tournage que Resnais annoncé à Rich qu'il serait présent dans 99% du film), sur son rapport au personnage de Claude Rider, et sur l'accueil fait au film à Cannes en 1968.
Dans Rencontre Resnais-Sternberg : analyse croisée du film et du scénario (19 min), François Thomas souligne l'importance du scénariste et auteur Jacques Sternberg sur le film : d'après lui, Je t'aime, je t'aime doit tout autant à Resnais qu'à Sternberg. Il revient sur le style de l'écrivain (sa force étant sa briéveté), sur l'élaboration du scénario (Sternberg a apporté une "montagne de spaghettis", des centaines de scènes à Resnais qui a fait le tri et les a structuré entre elles), mais aussi sur le fait que tout ses écrits comportent des éléments autobiographiques. Ce module est entre-coupé d'extraits d'une interview donnée par l'écrivain en 2001 (il est décédé le 11 octobre 2006).
Enfin, dans Propos d'Alain Resnais à propos du film (12 min) le cinéaste revient sur sa relation avec Jacques Sternberg qu'il admire, sur Claude Rich et sa prestation, mais aussi sur Albert Jurgenson le monteur du film qui devait structurer de façon logique toutes ces scenettes.
Le DVD est accompagné d'un livret d'une trentaine de page regroupant trois articles parus dans la revue de cinéma Positif, une interview de Claude Rich et une filmographie sélective de Alain Resnais :
- Je t'aime je t'aime - L'écho du temps, l'écho du cœur de Michel Cieutat
- Resnais le conciliant, de Jacques Sternberg. Propos recueillis par François Thomas et Claire Vassé
- Une part de mon héritage, de Mag Bodard. Propos recueillis par François Thomas
- Un Fanstasio contemporain. Entretien de Claude Rich par Philippe Rouyer et François Thoma