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Test DVD : Jodhaa Akbar - Edition Prestige 3DVD

Le 12/12/2008 à 09:17
Par
Test DVD Jodhaa Akbar - Edition Prestige 3DVD Non content d'avoir cofondé avec Jean-Pierre Gardelli la société Carlotta (l'équivalent français de l'indispensable éditeur américain Criterion), Vincent Paul-Boncour est aussi le fondateur de Bodega Films qui s'est spécialisé depuis quelques années dans la distribution et l'édition de films bollywoodiens. Dernier film en date, le superbe Jodhaa Akbar de Ashutosh Gowariker (Lagaan) que Bodega édite avec les honneurs d'usage : une édition Collector 2DVD, une édition Prestige 3DVD et une édition Blu-ray, une première en France pour un film hindi !

Après l'édition Collector 2DVD, c'est au tour de l'édition Prestige 3DVD d'être testée par nos soins. Brisons le suspense : c'est une sacrée réussite !
Découvrez donc le test DVD de cet édition ci-dessous.


Test DVD Test DVD Jodhaa Akbar - Edition Prestige 3DVD 3DVD





Image : 8/20
Habitués à acheter des disques comprenant deux voire trois films sur une seule et même galette (paye ta compression !), les dénicheurs de DVD pirates indiens vendus derrière Gare du Nord ne vont devant cette édition de Jodhaa Akbar pas en croire leurs mirettes. Bodega Films offre en effet un transfert d'une grande précision, respectueux de la photographie, magnifiant décors et costumes. De plus, jamais nous n'avions vu de films hindi bénéficiant d'un si joli piqué : le moindre détail des décors ou la moindre larme qui perle des beaux yeux de Aishwarya Rai est parfaitement mis en relief.

Jodhaa Akbar - Edition Collector
Comme tout bon film bollywoodien qui se respecte, ça chatoie dans tous les sens : vert, rouge, jaune, les couleurs pètent à la tronche (sans que ce soit trop artificiellement excessif) et on en redemande ! On appréciera pour finir que Jodhaa Akbar se soit fait soigneusement divisé sur deux galettes (l'entracte permet la coupe sans qu'elle ne soit inopportune) permettant une compression de très bonne tenue (débit tournant autour de 7Mbps). On dénotera quelques hésitations de compression lors des plans de foules, mais dans l'ensemble, rien à redire de ce côté là.

Jodhaa Akbar - Edition CollectorJodhaa Akbar - Edition CollectorJodhaa Akbar - Edition CollectorJodhaa Akbar - Edition CollectorJodhaa Akbar - Edition CollectorJodhaa Akbar - Edition Collector

Son : 8/20
Deux pistes Dolby Digital 5.1 sont proposées, en hindi et en français. Toutes deux de très bonne facture, elles enveloppent avec une certaine efficacité l'auditeur, les dialogues s'intégrant avec finesse au sein de la riche ambiance sonore. Les séquences musicales (éléments primordiaux dans toute production hindi qui se respecte) ne sont quant à elles pas en reste. Dotées d'un grand dynamisme, elles ne se limitent pas aux canaux avant, les arrières étant agréablement et efficacement sollicités. On préférera la piste originale, beaucoup plus fidèle, le doublage français faisant perdre de la pureté à l'ensemble.
Quoiqu'il en soit, c'est véritablement une réussite qui immergera à coup l'auditeur.

Jodhaa Akbar - Edition Collector

Bonus : 8/20
Jodhaa Akbar - Edition Collector
Bodega Films propose deux éditions du film de Ashutosh Gowariker : un Collector 2DVD (sur lequel nous revenons plus en détail ici) et une seconde édition - celle qui nous intéresse ici - labelisée Prestige et à laquelle s'ajoute un troisième disque comprenant un documentaire exclusif de près de trois heures sur les cinémas indiens.


DVD 1 et 2

Jodhaa Akbar - Edition CollectorAccès direct aux séquences musicales

On notera tout d'abord qu'en plus de proposer un chapitrage classique, l'éditeur a eu la bonne idée de permettre un accès direct aux séquences musicales. Sympa pour les fana du film qui ne veulent pas se retaper une énième fois les trois heures de métrage.
En ce qui concerne les suppléments proprement dits, c'est sur le second disque qu'il faut se tourner, le premier ne comprenant que les (nombreuses) bandes annonces. Ce ne sont pas moins de dix scènes coupées que nous propose l'éditeur pour une durée totale de plus d'une demi-heure. Introduites par le réalisateur lui-même, qui explique qu'il tourne la totalité de son scénario pour ne décider qu'au stade du montage de ce qu'il garde (le rythme du film étant le plus important), ces dix scènes coupées tournent principalement autour de la relation entre l'Empereur et sa femme (mais pas de Petit Prince). On retrouvera aussi une admirable séquence où le conseiller de l'Empereur fait preuve d'un esprit vif face à une cour hostile à son arrivée.

Jodhaa Akbar - Edition Collector
Bien qu'on veuille croire le cinéaste losrqu'il prétend qu'elles alourdissaient le rythme, ces séquences ne sont absolument pas les ratés qu'on a l'habitude de trouver sur DVD, bien au contraire. Elles auraient tout à fait trouvé leur place au sein du film. Petit bémol en revanche, ces séquences sont présentées en 4/3...

Jodhaa Akbar - Edition Collector
Plus anecdotique, s'ajoute à ces scènes coupées un entretien d'une vingtaine de minutes avec les acteurs et l'équipe du film, entretien qui s'avère certes loin d'un quelconque discours auto-promo mais au cours duquel ils reviennent plus qu'il n'en faut sur les thèmes abordés par le film.

Jodhaa Akbar - Edition CollectorJodhaa Akbar - Edition Collector

DVD 3

L'apport de cette édition Prestige, c'est bien entendu le troisième disque qui propose Les Cinémas Indiens : du nord au sud, un long documentaire de près de trois heures (divisé en trois épisodes) explorant la diversité du cinéma indien. On apprécie l'initiative, le cinéma indien (on devrait utiliser l'expression au pluriel) étant encore aujourd'hui très peu connu en Occident, notre connaissance se limitant aux films exubérants produits à Bollywood.

Jodhaa Akbar - Edition PrestigeJodhaa Akbar - Edition PrestigeCinq superstar du cinéma Hindi

Que l'Inde soit le premier pays en termes de ventes de tickets et de nombre de films produits (autour de 900 films par an !) s'explique par le fait que le pays compte 600 millions de jeunes de moins de 30 ans, une population (consumériste) vers laquelle l'industrie du cinéma s'est toujours dirigée. De même, chacun des états qui composent le pays possède sa propre industrie cinématographique et ses propres stars produisant à la pelle des films bien entendu tournés dans la langue locale. Ainsi, mis à part ceux tournés en hindi (la langue officielle avec l'anglais) qui sortent aux quatre coins du pays, les films ont en règle générale du mal à "s'exporter" d'une région à une autre.
Autre point important, en dehors du cinéma, les Indiens n'ont guère d'identité culturelle. Comme le souligne le cinéaste Krishnan Hariharan, ils n'ont pas de langue commune, de religion commune et ou de leader politique commun. Bien plus qu'un simple divertissement, le cinéma constitue véritablement le trait d'union entre des citoyens dont le nombre s'élève à un milliard dans le pays.

Jodhaa Akbar - Edition Prestige
Intitulé Les Générations du cinéma Bengali, la première partie du documentaire dresse le portrait d'un cinéma profondément ancré dans une réalité sociale. Les bouleversements qu'a connu le pays à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, son indépendance en 1947 et le prix cannois décerné à Satyajit Ray pour La Complainte du sentier étaient de fabuleux stimulant pour le développement d'un cinéma social. Les années 50 ont marqué un tournant de par l'essor d'un mouvement qui avait pour désir de créer quelque chose de nouveau et ce avec très peu de moyen.

Jodhaa Akbar - Edition Prestige Ritwik Ghatak, Mrinal Sen et Satyajit Ray

Les cinéastes et critiques interviewés reviennent longuement sur leur admiration pour deux des plus grands cinéastes indiens, à savoir bien entendu le perfectionniste Satyajit Ray mais aussi Ritwik Ghatak, cinéaste complet (il écrivait et réalisait tous ses films) moins connu de par chez nous mais qui jouit là-bas d'un profond respect parmi ses pairs. Ces cinéastes "ont essayé de réagir avec leur temps" déclare le réalisateur Gautam Ghose. "Mais ce qui manque, avoue l'écrivain et réalisateur Buddhadep Dasgupta, "c'est le soutien des spectateurs", ces derniers n'allant voir que "des films qui les rendent instantanément heureux". Et ce n'est pas l'explosion des budgets (par l'apparition de nouveaux marchés) qui facilitera la tâche de la distribution des films indépendants, écrasés qu'ils sont par des produits conçus à la chaîne.

Jodhaa Akbar - Edition Prestige
Le deuxième volet est quant à lui consacré aux Héros du cinéma Hindi. Comme le soulignent amèrement les interviewés dans le volet précédent, les specateurs vont au cinéma en espérant un voir film à grand spectacle. La critique de cinéma Nasreen Munni Khabir affirme que l'Inde et les Etats-Unis ont en commun "l'amour des films de chez eux, dans leur langue, avec leur propre esthétique, leurs héros et héroïnes, et qui racontent des histoires bien spécifiques qui semblent crédibles au public". A raison donc, 92-93% des films distribués sont indiens !
Histoire, rebondissements, personnages... Tout y est amplifié pour maximiser le plaisir du spectateur. Y compris les séquences musicales, quitte à ce qu'elles prennent parfois, au nom du sacro saint spectacle, le dessus sur la narration. Et le public en redemande, lui qui ne cesse de se ruer dans les salles osbcures pour découvrir les dernières aventures de ses stars préférées.

Jodhaa Akbar - Edition Prestige
Enfin, aucun des intervenants ne cache son inquiétude vis-à-vis du fait que, depuis quelques années, l'industrie hindi ressemble de plus en plus à Hollywood, la survie d'un film se jouant sur ses chiffres du box-office au premier week-end. Les coûts de marketing ont ainsi connu une croissance aussi considérable que grotesque ne laissant plus l'opportunité au bouche-à-oreille de faire son effet.

Jodhaa Akbar - Edition PrestigeJodhaa Akbar - Edition PrestigeEn haut : l'une des plus grosses star du cinéma hindi - En bas : deux superstars malayalam

Malgré son statut de cinéma national, le cinéma hindi n'est pas le seul cinéma en Inde. Comme nous l'apprend Premendra Mazumdar "il y a autant de cinémas qu'il y a de langues, en Inde". Le troisième et dernier volet du documentaire s'intéresse d'ailleurs à la production cinématographique des différents états du Sud. On compte entre autres le cinéma Telugu (seconde région productrice de films), le cinéma Kannada, le cinéma Tamoul, le cinéma Malayam, etc. Des cinémas qui se concentrent surtout sur l'aspect commercial des films et non sur leur valeur artistique. Et à la différence des spectateurs du nord qui font la distinction entre les stars à l'écran et dans la vraie vie, les spectateurs du sud font facilement l'amalgame entre le personnage à l'écran et la star qui l'interprète. De par leur aura, de nombreuses stars se sont ainsi par la suite lancées dans une fructueuse carrière politique.

Jodhaa Akbar - Edition Prestige
Un documentaire vraiment passionnant en somme pour celui qui ne connaît que très vaguement ces cinémas, mais qui même s'il a le mérite de donner la parole à ceux qui font le cinéma (actrices, cinéastes et critiques) pêche lorsqu'il s'agit d'expliquer le fonctionnement de l'industrie bollywoodienne. Visiblement, Hubert Niogret a préféré rencontrer des personnalités évoluant dans le cinéma dit "d'auteur", loin des strass et paillettes de Bollywood. Il ne s'agit pas d'un mal en soi, mais à part se plaindre de la surdomination d'un cinéma commercial, les intervenants n'expliquent que très superficiellement le fonctionnement concret de la machine industrielle. Avouons que c'est quelque peu regrettable au regard de l'importance que celle-ci a aux yeux de la population.


Le troisième disque se clôt par un entretien avec le réalisateur Ashutosh Gowariker et divisé en deux thèmes : le premier est une description de son parcours avant d'entrer dans le cinéma (il ne se destinait pas du tout au septième art, il était davantage intéressé par le théâtre) et le second est consacré à la manière dont il monte ses films, du scénario au tournage. Un document pas franchement folichon. On aurait bien aimé que le cinéaste se livre un peu plus.

Jodhaa Akbar - Edition Prestige
Jodhaa Akbar - Edition Prestige
Sortie : 4 Décembre 2008
Éditeur : Bodega Films

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