Les partis-pris ambitieux des deux réalisateurs trouvent une deuxième vie en DVD et se voient magistralement retranscrits avec des noirs d'une belle densité ainsi que des séquences nocturnes du plus bel effet. Souvent éclairés au moyen de néons blafards, des phares ou des enseignes lumineuses, les comédiens se découpent sans mal des arrière-plans et les détails ne sont jamais en reste. Les nombreux mouvements de caméra ne facilitent pourtant pas la tâche à une compression somme toute solide, les couleurs à tendance métallique donnent un rendu presque organique à l'ensemble et un léger voile cendreux se manifeste sur la moitié haute de l'écran. Quant aux contrastes, ils s'avèrent brillants de bout en bout et la définition est admirable.
La spatialisation n'est véritablement de mise qu'en présence de la partition glaçante. La piste 5.1. permet aux spectateurs de se plonger un peu plus dans les méandres de l'esprit dérangé du personnage principal mais le reste demeure principalement dirigé sur les frontales où les dialogues manquent parfois d'efficacité. Les quelques ambiances ne sont qu'accessoires à l'instar des animations du centre commercial ou de la circulation et ne sont finalement qu'épisodiques. La stéréo est quant à elle frappante avec une large ouverture des canaux, mixant harmonieusement dialogues et musique tout en procurant suffisamment de vie autour des personnages.
De l'écrit à l'écran (22mns05)
Annie Ernaux, écrivain français, s'est constamment inspirée de sa propre vie dans ses romans. L'Occupation, paru chez Gallimard en 2003, ne déroge pas à la règle. Dans cet entretien réalisé par Michel Ciment, l'auteur revient sur sa rencontre avec les réalisateurs Pierre Trividic et Patrick-Mario Bernard, qui ont décidé d'adapter L'Occupation avec Dominique Blanc dans le rôle principal. Tout au long de cette interview où Annie Ernaux se confie sur les éléments de sa vie retranscrits dans le film s'inspirant de son vécu, sont abordés l'adaptation du roman, le fond et la forme, et enfin l'aspect psychologique rendu au cinéma. Jusque là toujours réticente à l'idée de voir un de ses romans devenir un long métrage, Annie Ernaux félicite les deux cinéastes d'avoir su matérialiser le monde intérieur d'un personnage fragilisé ainsi que son univers scriptural. Cet entretien se transforme alors en une sorte de psychanalyse passionnante qui démontre toute la fragilité d'une artiste trouvant une catharsis à travers ses écrits.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (1mn31).