Carlotta nous offre un nouveau master restauré de L'Héritière en respectant le format 1.33. d'origine. Débarrassé de la majeure partie de ses scories, le master est propre dès le générique d'ouverture et propose de fabuleux contrastes d'où ressortent un large éventail de nuances grises et des noirs denses. On note toutefois de petits fourmillements dans les arrière-plans ainsi qu'une granulation qui a tendance à s'accentuer dans le dernier tiers du film. Ces picotis sont d'autant plus visibles sur les nombreuses parties claires des plans rapprochés comme sur les visages. Certes restent des petits points blancs et de sensibles griffures mais ces menus défauts sont quasiment subliminaux. La copie s'avère lumineuse et restitue à merveille la profondeur de champ voulue par le cinéaste et son chef opérateur Leo Tover, renforçant ainsi le caractère oppressant de la dramaturgie. Nous constatons également un déséquilibre au moment des fondus enchaînés accentuant la granulation et perturbant l'étalonnage. L'Héritière vient de souffler ses soixante bougies et se permet, grâce à l'éditeur, d'afficher une belle jeunesse.
Le célèbre thème « Plaisir d'amour » sert de générique d'ouverture et donne d'emblée le ton avec une piste unique originale flanquée d'un souffle discret mais tangible. Le mixage demeure clair avec un très bon rendu de la musique comme au moment de la scène de la réception (8min10). Naturellement, compte tenu de l'âge du film, plusieurs effets de saturations découlent des dialogues parfois nasillards. En outre, les ambiances ne sont pas à la fête et l'ensemble repose presque exclusivement sur les voix des comédiens ainsi que sur la partition d'Aaron Copland.
Introduction (11min35)
Chose rare pour l'édition d'un classique, Carlotta n'a misé que sur une introduction réalisée par Christian Viviani, Maître de Conférences à l'Université Paris I et critique à Positif. Le journaliste replace brièvement L'Héritière dans la carrière de William Wyler en insistant sur la liberté dont le réalisateur bénéficiait au sein de l'industrie hollywoodienne. Dans une seconde partie, notre interlocuteur aborde la composition du casting en s'arrêtant sur le jeu d'Olivia de Havilland, Montgomery Clift, Ralph Richardson et la composition d'Aaron Copland. Enfin, ce segment pertinent se clôt sur une analyse de la photographie ainsi que sur l'usage des décors.
L'interactivité se clôt (trop tôt...) sur la bande-annonce du film en vost (2min48).