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Test DVD : La Grève

Le 25/11/2008 à 08:47
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Test DVD La Grève Tandis qu'un nain surexcité et incontrôlable cherche coûte que coûte à casser par des moyens détournés le droit de grève ("les grévistes nous prennent en otage !" disent les andouilles qui n'ont jamais entendu parler d'Ingrid Betancourt), il serait bon de se replonger dans le premier film (premier chef d'oeuvre) d'Eisenstein pour se convaincre que la grève est un droit fondamental dont la suppression signifierait la disparition d'un contre-pouvoir nécessaire à toute démocratie qui se respecte.
Taxez-nous de gauchos si ça vous chante, pendant ce temps on se remattera l'intégralité des films d'Eisenstein suivi de Soy Cuba. Decouvrez le Test DVD de La Grève.

Test DVD La Grève





Image : 6/20
Tourné il y a plus de 80 ans maintenant, La Grève n'a malheureusement pas conservé toute sa jeunesse, et bien que visiblement restauré, le master chimique présenté ici conjointement par Carlotta et La Cinémathèque de Toulouse accuse méchamment le coup. La conséquence est la présence de griffures, brûlures, points noirs, points banc et autres artefacts, ce qui n'a rien d'étonnant si l'on considère l'âge du film. Autre soucis notable, le sérieux manque de piqué effaçant tous les détails sur les plans larges. Du côté des bons points, les contrastes sont retranscrits avec éclat, et ce malgré l'état de la copie (blancs surexposés et noirs trop profond - dû à son âge on le répète). La compression quant à elle se fait heureusement peu visible.

La Grève
Sans être un affront, cette édition n'est donc pas encore l'édition de référence que l'on attendait du premier long métrage d'Eisenstein. Il faudra sans doute attendre qu'une cinémathèque se lance dans une méticuleuse restauration numérique pour qu'un jour on découvre le film dans de meilleures conditions. Ce n'est clairement pas pour tout de suite...

La GrèveLa GrèveLa Grève

Son : 9/20
Commandée au compositeur Pierre Jodlowski il y a une dizaine d'années par le Cinémathèque de Toulouse, cette création musicale originale se voit enfin accorder les faveurs d'une édition par Carlotta. Présentée dans un Stéréo cadencé à 448Kbps, cette composition est un véritable plaisir pour les oreilles. Ample et dynamique, elle utilise à fond les possibilités du stéréo, si bien que certains jureraient (au casque notamment) qu'elle a été mixée sur plus de deux canaux.

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Bonus : 8/20
Fidèle à son habitude, Carlotta propose pour cette édition de La Grève un travail éditorial de qualité. Non content d'offrir un chef d'oeuvre du cinéma, l'éditeur y adjoint des suppléments réalisés par Pierre-Henri Gibert d'une grande richesse historique, thématique et analytique. En effet, plutôt que d'axer les suppléments uniquement sur le film seul, Carlotta donne longuement la parole au compositeur Pierre Jodlowski lui offrant la possibilité d'expliquer son travail, et surtout (chose rare pour être soulignée) à Stéphane Sirot, Historien du mouvement social, permettant une remise en perspective historique de l'acte de grève.

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Eisenstein dans le souffle révolutionnaire (37 min) :
Déléguée générale de la Cinémathèque de Toulouse, maître de conférence et spécialiste du cinéma russe, Natacha Laurent revient dans ce module sur l'incroyable effervescence du cinéma soviétique à la sortie de la révolution. Encore jeune (moins d'une vingtaine d'années), elle rappelle que le cinéma n'est pas lié au pouvoir autocratique du Tsar comme le sont la peinture ou l'architecture. Elle passera en revue par la suite les multiples cinéastes qui se sont imposés durant ces années, tels que Dziga Vertov (incompris par le régime car trop expérimental), Yakov Protazanov (réalisateur de Aelita, le premier film russe de SF), le tandem Kozintsev et Trauberg (deux esthètes influencés par l'art du cirque qui réalisent leurs premiers films alors qu'ils n'ont même pas vingt ans), Poudovkin (cinéaste plus classique, chez lui le sens des images venant à partir de la liaison entre les plans, et non par le choc comme chez ses confrères) et bien sûr Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein.

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Natacha Laurent explique la théorie des attractions chère à ce dernier, tout en revenant sur les relations tout-à-tour de confiance (la première partie d'Ivan le Terrible) et de méfiance (la seconde partie d'Ivan le Terrible) du régime soviétique envers Eisenstein.
Très complet, le module s'avère être une parfaite introduction au cinéma soviétique pour les néophites, et une piqûre de rappel pas forcément inutile pour les autres.

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La Grève, un engagement musical (31 min) :
Le module se présente sous la forme d'une long entretien en trois temps avec le compositeur Pierre Jodlowski. Dans un premier temps, on assiste à un débat avec le public suite à une projection à la Cinémathèque de Toulouse, pour enchaîner ensuite avec une discussion entre le composieur et Natacha Laurent (dans une usine désaffectée), pour enfin se conclure sur un tête-à-tête entre Jodlowski et Philippe Langlois, producteur de l'émission Tu vois ce que j'entends sur France Culture.

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Jodlowski explique tout du long son approche très respectueuse vis-à-vis du premier film d'Eisenstein. Pas encore intéressé à cette époque par le potentiel de la musique (ce n'est qu'à partir d'Alexandre Nevski - et la fameuse composition de Prokofiev - qu'il se penchera dessus), le cinéaste russe ne cherche à produire du sens qu'à partir du choc des images. Le compositeur français explique donc qu'il voulait produire une musique active, faite de collage de sons hétérogènes n'ayant pas forcément de liens entre eux ou avec l'image, mais qui à l'arrivée produit malgré tout du sens. Il terminera le module en commentant précisément comment il a élaboré la séquence de la montée de la grève, en expliquant les raisons d'utilisation de telles ou telles textures sonores.

Faire la grève, hier et aujourd'hui (13 min) :
Attention, supplément de gauchiste ! Et croyez-nous, ça fait plaisir à voir dans ces temps sarkozystes ! L'Historien du mouvement social Stéphane Sirot revient en effet sur le contexte des mouvements sociaux de l'époque tsariste, rappelant que de très forts liens existaient entre les pouvoirs politique et économique. Pour les Russes dénués de tout droit politique, les mouvements de grève étaient le seul moyen d'en obtenir enfin (à la différence de la France où la grève était menée pour en obtenir de nouveaux). L'Historien revient ensuite sur les représentations médiatiques contemporaines de la grève, les chaînes télévisées donnant plus volontiers la parole aux usagers excédés par les grèves qu'aux syndicalistes, les revendications de ces derniers étant relayées par les journalistes. Il rappelle enfin le monumental retournement de veste de TF1 lors des grèves de 1995, la chaîne relayait une image négative de la grève lors des premiers jours, pour réajuster ensuite le tir en découvrant que la population soutenait les grévistes, changeant ainsi radicalement de discours...

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Le Journal de Gloumov (1923 - N&B - 5 min) :
Le disque se voit complété par la toute première réalisation d'Eisenstein, un court-métrage inspiré d'une pièce d'Alexandre Ostrovski, que le cinéaste projetait lors des représentations d'Un Homme sage, spectacle qu'il avait monté pour le théâtre du Proletkult.

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La Grève
Sortie : 3 Novembre 2008
Éditeur : Carlotta

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