L'éditeur soigne son transfert pour ce film qui requiert une réelle précision dans le rendu de la définition et du style visuel. L'image affiche ainsi un piqué d'une grande finesse, permettant de saisir la richesse d'une galerie de décors baroques qui fourmillent littéralement de détails, à commencer par l'intérieur du train au début du film et le marché fantôme où se déroule un gunfight particulièrement acrobatique. Tourné de manière très périlleuse, Le Bon, la Brute et le Cinglé comporte énormément de mouvements de caméra rapide pour filmer des cibles elles aussi en mouvement, une difficulté que le transfert surmonte admirablement grâce à une compression discrète malgré la présence de deux DTS sur le disque. Chaque plan est restitué avec une grande netteté tout en conservant cet aspect brut qui nous avait particulièrement charmés au cinéma, comme on le constate dans la gigantesque course-poursuite dans le désert. Si les contrastes se montrent eux aussi à la hauteur, on reprochera peut-être une palette colorimétrique un peu timide dans les scènes de jour, atténuant très légèrement l'esthétique tape-à-l'oeil découverte en salles sans. L'ensemble n'en demeure pas moins extrêmement harmonieux. En résumé, cette édition permet de découvrir ou de redécouvrir le film dans d'excellentes conditions.
Si l'image est de très bonne tenue, le son va encore plus loin avec ses deux impressionnants DTS français et coréen et ses très bons 5.1 dans les mêmes langues. Si dans les deux cas la version française l'emportera légèrement sur la version coréenne, affichant une profondeur supérieure grâce à une basse plus présente, les deux DTS ont tout de même pour point commun de reposer sur un dynamisme renversant pour immerger littéralement le spectateur dans la tourmente des gunfights et courses-poursuites en tous genres. Les coups de feu et explosions fusent de tous les côtés et les chevaux parcourent littéralement tout l'espace sonore pour restituer la folie furieuse qui se déchaîne lors de la course-poursuite finale dans le désert. Du gros son. Les deux 5.1 s'en sortent eux aussi plutôt bien, et s'ils ne possèdent pas la richesse des DTS, ils offrent tout de même une puissance et un effet d'enveloppement on ne peut plus recommandables. En sommes, ce DVD constitue une belle démonstration des possibilités d'un support qui n'est pas encore obsolète.
Si l'on regrettera l'absence du commentaire audio enregistré par Kim Jee-Woon pour l'édition coréenne, l'unique bonus présenté sur le second disque vaut à lui seul le détour. D'une durée d'1h30 environ, ce making of très complet se focalise sur la production et aborde le tournage de chacune des scènes clés du Bon, la Brute et le Cinglé. Le réalisateur de making of semble avoir eu une grande latitude pour filmer les acteurs et le réalisateur en plein travail ou pendant la préparation, ce qui ne signifie pas que son approche se cantonne à la présence de superstars sur le plateau. La parole est ainsi également donnée à plusieurs techniciens, du premier assistant réalisateur au directeur des cascades Jeong Du-Hong (figure incontournable du cinéma d'action coréen), en passant par le chef décorateur ou encore le chef opérateur. Chacun y va de sa petite contribution pour dégager les difficultés posées par un tournage qui fut particulièrement périlleux.
Les images de tournage sont légion et apportent un véritable éclairage sur la manière dont les scènes d'action ont été tournées. Parmi les moments les plus spectaculaires, on assistera notamment aux prises voyant Jung Woo-Sung (le Bon) survoler le marché fantôme, accroché à un câble et muni de son fusil, suivi de près par un Jeong Du-Hong casse-cou qui, câblé lui aussi, le suit dans sa trajectoire tout le cadrant. Au passage, on constatera que les acteurs du film, principaux comme secondaires, effectuent la plupart de leurs cascades eux-mêmes, y compris dans la course-poursuite finale dans le désert où Jung Woo-Sung, qui s'est blessé à la main pendant le tournage d'une autre scène, révèle plus que jamais ses talents de cavalier : point de fausse monture accrochée à un véhicule sur Le Bon, la Brute et le Cinglé, l'acteur chevauche à toute allure et maintient son équilibre par la seule force de ses jambes tout en tirant avec son fusil. A noter dans la partie consacrée à cette course-poursuite à grande échelle l'interview d'un cadreur qui nous révèle que cette scène nécessite quatre fois plus d'heures de préparation que de tournage et qu'une fois sur place, il est contraint de filmer "au pif", ne comptant que sur son feeling et son expérience pour suivre les directives du réalisateur.
Le making of est par ailleurs entrecoupé d'extraits d'un entretien avec Kim Jee-Woon qui comme à son habitude délivre un discours sans langue de bois. Passionné tout en étant pragmatique, Kim n'hésite pas à reconnaître le côté un peu pauvret du scénario pour expliquer sa démarche et ses ambitions en termes d'action et de divertissement. Les acteurs interviennent eux aussi au cours de ce documentaire, parfois interviewés sur le vif sur le plateau. En résumé, nous avons affaire à un making of informatif sans nous assommer de discours inutiles puisque les images parlent bien souvent d'elles-mêmes, une vraie plongée dans l'ambiance d'un plateau où chacun semble repousser ses propres limites. Le documentaire s'achève par quelques images de l'équipe au Festival de Cannes 2008 où le film, on s'en souvient, avait reçu un accueil particulièrement chaleureux.
Un petit moment de gloire bien mérité après un tournage particulièrement éprouvant.