Disons-le d'emblée, le master du film de Radu Mihaileanu est une petite déception...du moins dans sa première partie se déroulant en Russie. La photo du Concert signée Laurent Dailland (La Personne aux deux personnes, Les Deux mondes) passe relativement mal le cap du petit écran et les parti-pris esthétiques affichent un patchwork de teintes peu homogènes. Si les scènes de représentation baignent dans une photo agréablement dorée, les noirs semblent constamment laiteux et la compression est chancelante lors des déplacements de caméra durant les séquences sombres. En extérieur, les visages des comédiens manquent singulièrement de détails, la luminosité trop poussée dénature le piqué et les couleurs manquent de naturel. La palette colorimétrique demeure froide avec une prédominance de bleu ciel, de vert délavé et de gris (les décors, les costumes), tranchant radicalement avec les blancs cassés des bureaux du Théâtre du Châtelet et des gammes ambrées de la salle du concert final. Heureusement, la partie parisienne relève nettement le niveau avec une profondeur de champ impressionnante, un rendu splendide des visages (voir les captures prises durant la séquence finale) et une luminosité harmonieuse qui fait, en fin de compte, oublier les accrocs constatés durant la première phase du film.
Qui dit concert dit musique et de ce point de vue là nous pouvons saluer l'éditeur qui a su profiter des nombreuses séquences musicales, en spatialisant les différents thèmes grâce à une ouverture généreuse des enceintes sur les deux pistes 5.1. Les partitions de Tchaïkovski prennent alors une ampleur donnant souvent le frisson avec de formidables envolées et le caisson de basses est également de la partie. L'harmonie est limpide entre les frontales et les latérales mais les mixages manquent d'ardeur en ce qui concerne le rendu des dialogues qui manquent de mordant en version originale. Si la version française, valable sur les comédiens russes, est plus dynamique, évitez les sempiternels doubleurs qui prennent l'accent slave et qui prête souvent à rire. La spatialisation détonne durant la petite fête tzigane et le mariage mafieux (38min30) où le règlement de compte par balles fait fuser les coups de feu de toutes parts sur votre installation. De simples petites séquences comme celle du métro (1h09) ou de la réunion communiste (1h33) sont excellemment mises en valeur. Quant à celle du concert final, elle explore au mieux les capacités d'une piste Dolby Digital 5.1, les basses se mêlant harmoniquement avec les cordes, plongeant définitivement le spectateur dans la salle du Théâtre du Châtelet. Les deux pistes stéréos sont également parfaites avec un rendu des voix plein d'ardeur et une fluidité incomparable entre musique, effets annexes et dialogues.
DVD 1
Vous ne trouverez ici que la bande-annonce du film (2min14).
DVD 2
Making of (35min06)
Tout du long de ce module, l'ensemble du casting franco-russe se plie au jeu de l'interview promo tandis que leurs propos, souvent insignifiants, sont heureusement entrecoupés d'images de tournage nettement plus agréables. On oublie finalement l'aspect marketing de l'entreprise où chacun paraphrase les grandes étapes du film pour découvrir le marathon qu'ont été les prises de vue échelonnées sur Bucarest (3 semaines de tournage), Moscou et sa Place Rouge, Budapest et Paris. Notons les images impressionnantes du tournage dantesque de la scène du mariage mafieux où le réalisateur Radu Mihaileanu devait gérer les 350 figurants pendant 5 nuits, pour un résultat de cinq minutes à l'écran. Chacun des membres de l'équipe technique sont également conviés à faire part de leurs impressions de tournage et certains aléas survenus durant la production rappellent les quiproquos de la partie russe du film où le système D est roi. Le plus intéressant demeure enfin les images montrant les comédiens en pleine répétition (musicale pour certains, linguistique pour d'autres), l'enregistrement du concert en studio à Budapest et la mise en place de la dernière partie du film au Théâtre du Châtelet. Au final, ce segment remplit parfaitement sa fonction et éclaire sur les conditions de tournage du Concert.
Scènes coupées commentées par le réalisateur Radu Mihaileanu (6min11)
Voici cinq petites séquences coupées ou rallongées, écartées du montage final pour une question de durée ou tout simplement parce qu'elles s'écartaient trop du coeur du film en se concentrant sur certains personnages secondaires. C'est ainsi l'occasion de découvrir le personnage de Sacha en train de répéter son violoncelle dans son ambulance la nuit, une version étendue du mariage mafieux ou de la séquence mettant en scène Ramzy Bédia. Les commentaires monocordes du réalisateur, bien que précis, font indubitablement penser à une récitation, comme si Radu Mihaileanu lisait ses propos déjà couchés sur papier, ce qui fait perdre toute spontanéité de l'exercice.
Viennent ensuite trois modules s'apparentant à des webisodes intitulés Les acteurs deviennent des musiciens (2min14), Les Russes et la langue française (3min04) et Tournage en Russie (2min11), dont les images et les propos sont intégralement repris du making of. C'est ainsi l'occasion de revoir Mélanie Laurent s'exercer au violon avec Sarah Nemtanu, premier violon soliste à l'Orchestre National de France ou bien d'assister à l'apprentissage des trois acteurs russes se démenant pour pouvoir « mal » parler français. Quant à la troisième section, elle revient sur le tournage à Moscou où l'équipe a reçu l'autorisation de filmer sur la Place Rouge.
Effets spéciaux (4min54)
Certes Mélanie Laurent donne de sa personne lors du concert final mais c'était sans compter sur l'aide des effets spéciaux numériques. Ce module très sympathique donnant la parole aux superviseurs des effets spéciaux explique minutieusement la création de la main gauche de la comédienne jouant les accords avec professionnalisme. Ce sont au total près de 200 plans truqués, 4 mois de travail et le recours à la motion control qui ont permis de fusionner l'avant-bras gauche de Sarah Nemtanu (voir le segment précédent) sur le bras de Mélanie Laurent afin de la faire jouer comme une virtuose. Le segment se clôt sur l'explication technique du remplissage du Châtelet où les spectateurs ont été multipliés.
Afin de la cacher au maximum, Mélanie Laurent interprète toute la séquence finale la main gauche tenant le violon sur le côté
Repris en motion control, le mouvement de la caméra est répété sur la véritable violoniste
L'avant-bras gauche de la violoniste est enfin greffé au bras de Mélanie Laurent dont l'avant-bras a été effacé numériquement
Avant-première au Théâtre du Châtelet (14min35)
On l'attendait, voilà le petit reportage people où le gratin du cinéma prend la pose devant les photographes en arborant fièrement leur invitation à l'avant-première parisienne du film se déroulant au Théâtre du Châtelet. Présenté par Marie Drucker, cet événement, retransmis en direct dans une cinquantaine de salles de cinéma, proposait alors une surprise après la projection avec l'interprétation du fameux Concerto de Tchaïkovski par l'Orchestre National de France et Sarah Nemtanu en violon soliste. Toute l'équipe du film se réunit enfin sur la scène et ce module de clôt sur une véritable déclaration d'amour de Radu Mihaileanu à Mélanie Laurent.
L'intéractivité se clôt sur un Diaporama (3min23).