C'est peu dire que Carlotta nous gâte ! En effet, non seulement l'éditeur nous propose de redécouvrir des films diffusés que très rarement à la télévision ou dans les cinémas, mais en plus de cela il nous offre un master impressionnant de beauté. Dès le générique d'ouverture dans un N&B chatoyant et précis, la palette de couleurs automnale (ocre, vert) est un régal de chaque instant mettant en valeur les paysages américains (Etat de la Géorgie). La copie est quasiment lisse et dénuée de toutes imperfections, seuls les visages des comédiens ont tendance à tirer vers le rosé sans pour autant tomber dans l'excès. Si les scènes se déroulant en voiture tremblent quelque peu, ces défauts demeurent d'origine, trouvant leur source dans une mauvaise stabilisation de la caméra, et n'ont donc rien d'alarmant. Ce nouveau master restauré est encore plus remarquable que celui d'Au-dessous du volcan de cinq ans son aîné et renforce le plaisir qu'on a de (re)découvrir le film de John Huston.
L'intérêt de la version française réside dans son rendu des dialogues, avec un doublage prenant le pas sur tous les effets environnants. Tout naturel est donc omis au profit des voix des personnages qui sont néanmoins sensiblement parasitées par un souffle. Evidemment, comment préciser une fois de plus le caractère anecdotique de cette version ? Un conseil, reportez-vous immédiatement sur la version originale afin de bénéficier de la voix hystérique de Brad Dourif. Le mixage original a beau manquer vivement de relief, il n'en demeure pas moins que la musique jouit d'une jolie présence et que les dialogues cohabitent avec les différentes ambiances avec limpidité.
Préface de Patrick Brion (6min25)
Comme pour Au-dessous du volcan, l'historien du cinéma Patrick Brion présente le film avant son visionnage (également disponible en avant-programme). A l'aide de différentes photos de tournage, notre interlocuteur se penche une fois de plus sur les points communs et les différences entre le roman de Flannery O'Connor et de son adaptation cinématographique réalisée par John Huston. Il passe ensuite aux détails techniques, aux lieux de tournage et aux personnages du film tout en précisant la marginalisation volontaire du cinéaste qui sort des conventions hollywoodiennes en allant tourner son film dans une petite bourgade de la Georgie avec des acteurs alors peu connus.
Ciné-regards : Le Malin de John Huston (11min10)
Ce petit module est extrait d'un entretien avec John Huston mené par Michel Ciment et diffusé sur FR3 en octobre 1979 à l'occasion de la sortie du film en France. Largement entrecoupé de trois extraits du film, l'entretien trouve finalement peu d'intérêt à nos yeux à part le plaisir d'écouter le cinéaste encenser le roman de Flannery O'Connor et d'évoquer les thèmes qui l'ont interpellé.
Hazel, le révolté (18min33)
L'éditeur fait ici appel à Christian Viviani, critique à Positif et maître de conférence à l'Université Paris I Sorbonne afin de disséquer l'œuvre de John Huston ainsi que de la place qu'il occupe au sein de l'industrie cinématographique de la fin des années 70. Comme dans les suppléments précédents, notre interlocuteur ne fait pas l'impasse sur les différentes adaptations de grandes œuvres littéraires réalisées par le cinéaste tout au long de sa carrière tout en précisant qu'il n'a jamais été question pour lui de surfer sur une facilité commerciale, ses désirs d'adaptation étant avant tout personnels et intimes.
Dans la seconde partie de cette intéressante analyse, Christian Viviani met en parallèle le livre de base avec le film de John Huston ainsi que le procédé d'adaptation. Une transposition fidèle (comme souvent chez le cinéaste), une trame relativement respectée avec des personnages aussi proches dans leur description que pour leurs tenues vestimentaires. Enfin, Christian Viviani dissèque la thématique « hustonienne », les personnages, la technique et la narration, le réalisateur demeurant un adepte des expériences visuelles et des trouvailles de mises en scène. Le Malin ne déroge pas à la règle.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce du film (2min39).