13/20 pour la version intégrale
11/20 pour la version française
Le master existant de la version intégrale devait être sacrément usé car, malgré la restauration effectuée par l'éditeur, la copie présentée demeure médiocre. Les résidus, poussières, griffures, rayures et autres scories n'ont pu être supprimés mais seulement atténués comme l'attestent plusieurs séquences dont le lissage numérique ne fait aucun doute. Bien que le premier quart d'heure soit le plus abîmé, le master reste plus que passable avec des sautes et points blancs qui constellent l'écran sans cesser. La séquence la plus usagée étant celle de la lettre dictée par Walter Brennan où tous les ennuis techniques s'accumulent (premier DVD, 1h16). Les ralentis découlant de la qualité passable du master d'origine (premier DVD, 57ème minute) n'ont pu être adoucis, les flous sont plus rares que ceux présents sur la version courte mais le point fort par rapport à la mouture française provient de la luminosité retrouvée. Il n'y a qu'à voir les captures prises dans une même scène en version intégrale puis en version française, l'image perdant complètement son éclat sur cette dernière. Même chose en ce qui concerne les contrastes qui sont mieux gérés sur le master du premier DVD. Les brûlures de cigarette qui avaient été ôtées dans la première version réapparaissent sur la copie du deuxième disque (16min26, 32'28). Les défauts majeurs de la version française sont les trémulations d'image, particulièrement lors des inserts d'écrits français de mots lus en cachette (51min12, 53min13) et rajoutés par les responsables de cette version comme c'était habituellement le cas à l'époque. L'éclat est complètement atténué au cours de certaines séquences (1h14) et de tristes contrastes ou des visages trop blafards (12min20) parsèment la copie. Pour récapituler, disons qu'au vu de la copie intégrale, il y a fort à parier que nous nous trouvons devant un trésor inestimable et que nous pouvons nous estimer heureux de découvrir le film de Fritz Lang dans de telles conditions. Le sauvetage des Bourreaux meurent aussi a été réalisé à temps.
Version intégrale
Version intégrale
Version française
Version intégrale
Version française
9/20 pour la version intégrale
8/20 pour la version française
Grosse déception concernant les deux mixages même si celui de la version intégrale s'en sort globalement mieux que celui de la version française. Dans les deux cas les dialogues sont étouffés, la bande-son craque, les voix des comédiens saturent quelque peu. Néanmoins, la restauration de la langue anglaise (et allemande dans ce cas précis) est un poil plus perceptible que celle de la version française qui a semble t-il été laissée à l'abandon. Crépitations en pagaille pour la langue de Molière, une présence musicale aléatoire mais généralement médiocre semblant perdue dans une chambre d'échos. A noter une grosse défaillance à la 55ème minute du deuxième disque où les voix des comédiens se fondent les unes dans les autres durant 3/4 secondes. Préférez évidemment la version intégrale anglaise pour un rendu plus naturel des dialogues même si le doublage français est très réussi. C'était le bon temps !
Le premier disque qui présente la version intégrale de 2h14 du film propose également la bande-annonce du film (3 min, vostf) qui est présentée en tant que supplément à part entière en raison de sa rareté.
DVD 2
Version courte française : durée 1h54.
Unique master existant à ce jour, ce montage constitue un supplément à part entière. L'éditeur tient néanmoins à s'excuser pour la qualité d'image dans un carton introductif.
Introduction de Bernard Eisenschitz (3min16)
L'historien du cinéma revient sur les deux versions du film. Initialement prévu pour une durée de 1h45, il est clair que Fritz Lang n'a pas pu respecter son contrat en livrant le montage définitif de 2h15 aux Etats-Unis le 22 mars 1943. Cette durée dépassait alors la durée standard d'un film en dehors d'une superproduction. En août 1947, à la Libération, le film de Fritz Lang est perdu au milieu de tout un tas de films américains alors suspendus durant la guerre. Le distributeur français décide de réduire la durée à 1h55. Ce montage sera celui qui circulera en France durant de nombreuses années jusqu'à ce que le montage original soit présenté pour la première fois en 1963 dans l'hexagone, avec l'aval de Fritz Lang. Les crédits sont en français, les doubleurs cités, et un carton d'introduction explique que Fritz Lang n'a pas cherché à réaliser une œuvre historique mais s'est attaché à dépeindre une atmosphère.
La Collaboration Brecht/Lang (28min30)
On retrouve une fois de plus Bernard Eisenschitz détaillant minutieusement la genèse du film en s'attardant plus particulièrement sur la relation professionnelle entre Fritz Lang et le dramaturge Bertolt Brecht. On saluera le montage soigné et les illustrations qui accompagnent intelligemment les propos tenus dans ce segment. On apprend que la carrière américaine de Fritz Lang est alors défaillante, qu'il n'a pas de projet depuis plusieurs mois et que le cinéaste milite pour faire aider ses compatriotes intellectuels à venir se réfugier aux Etats-Unis. Bertolt Brecht est un de ceux-là. Arrivé de Berlin en 1941, il souhaite apporter son savoir d'écrivain à Hollywood par l'intermédiaire de Fritz Lang. A ce moment précis, Reinherd Heydrich, protecteur adjoint du Reich en Bohême-Moravie, adjoint d'Himmler, surnommé le Bourreau, meurt dans un attentat organisé par la résistance tchèque le 4 juin 1942. La nouvelle arrive aux Etats-Unis et les deux collaborateurs allemands décident de bâtir un scénario sur ce fait tout en rendant un vibrant hommage à la résistance.
Dans une seconde partie, Bernard Eisenschitz se penche plus précisément sur l'évolution du scénario intitulé « Never surrender » crié avec force dans les toutes dernières images de la version intégrale. Fritz Lang engage John Wexley, scénariste parlant allemand afin d'aider Brecht qui lui ne parle quasiment pas l'anglais. Eisenschitz met fin aux rumeurs qui disaient que les deux Allemands avaient été opposés tout au long du stade de l'écriture. Si divergence il y a eu, c'est au niveau de la production dont Bertolt Brecht avait été écarté. Le choix des acteurs lui déplaisait fortement, la manière dont Lang met en scène son scénario le désespérait. Ne désirant aucun accent, Lang fait interpréter les Allemands par des acteurs allemands. Il met aussi en évidence la déformation de la langue allemande par les Nazis, au grand désespoir de Brecht trop amoureux de sa langue natale pour la voir ainsi traitée.
Il n'empêche que le sujet principal, la résistance et la lutte contre le nazisme, réunit les deux artistes. Si Brecht n'aime guère le film il demande à ce que son nom soit crédité au scénario. Au final, Fritz Lang demande à ce que le nom du dramaturge allemand soit placé avant le sien quant au sujet original.