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Les Bourreaux meurent aussi

Le 04/10/2007 à 08:01
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Notre avis
9 10 La version intégrale des Bourreaux meurent aussi est un trésor incontestable. Plus ample et fluide, le film est encore plus passionnant que la version française. Même si le septième film américain de Fritz Lang ne s'élève pas au même niveau émotionnel que La Rue rouge, Metropolis ou M le maudit, il s'avère tout aussi indispensable dans la filmographie du cinéaste allemand.

Critique Les Bourreaux meurent aussi Comparatif des deux versions du film Les Bourreaux meurent aussi de Fritz Lang : version intégrale américaine (2h14) et version française amputée de 20 minutes (1h54).


Carlotta nous propose de découvrir ou de redécouvrir Les Bourreaux meurent aussi, deuxième volet de la trilogie antinazie de Fritz Lang après Chasse à l'homme en 1941. Deux versions sont proposées. La première, rarissime, est la version intégrale du film, celle sortie aux Etats-Unis en 1943 d'une durée de 2h14. Sur le deuxième disque, tout aussi rare est celle diffusée dans les salles françaises après la Libération et amputée de 20 minutes. Les coupes interviennent notamment durant l'alternance entre les quatre intrigues entrelacées et certaines scènes qui restaient allusives dans la version française prennent tout leur sens dans le montage intégral. Les scènes supplémentaires mettent en valeur la résistance des femmes (dont une qui crache au visage du personnage de Czaka), pour ainsi dire inexistantes dans la version française.


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L'intégralité des Bourreaux meurent aussi rend ainsi honneur à la construction épique souhaitée par le dramaturge Bertolt Brecht qui a écrit le scénario en collaboration avec Fritz Lang et John Wexley bien que Brecht ne soit pas mentionné en tant que tel au générique suite à une décision du syndicat des scénaristes américains.


Les Bourreaux meurent aussi

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Les Bourreaux meurent aussi (Hangmen also die) est à classer parmi les plus grands films de propagande antinazie réalisé durant la Seconde Guerre mondiale. Compromis entre réalité historique et divertissement hollywoodien, le film de Fritz Lang développe une fois de plus son thème de prédilection présent dans M le Maudit ou Fury (son premier film hollywoodien), à savoir le peuple qui décide du sort d'un criminel ou d'un traitre.

Lang traite de la traque de l'assassin de Reinhard Heydrich sous forme d'une fiction prétexte à mettre en valeur le courage de chaque homme, femme et enfant, tous unis contre le IIIè Reich. Fritz Lang instaure une atmosphère d'oppression où la résistance s'organise à chaque coin de rue. Chaque acteur y est exceptionnel (Walter Brennan en tête) et l'histoire est captivante d'un bout à l'autre. Ne revendiquant en aucun cas le statut d'œuvre historique, Les Bourreaux meurent aussi est un film noir et âpre, à la frontière de l'expressionnisme et du cinéma hollywoodien classique mais profondément européen dans l'âme : un formidable film de suspense haletant.


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Comparatif

Le montage de la version intégrale est nettement plus fluide et s'attarde davantage sur le quotidien et l'organisation de la Résistance, les exécutions et les passages à tabac. Les dialogues y sont également plus crus et la violence explicite. A ce titre, une courte scène mais marquante est absente dans la version française : celle du suicide du chauffeur qui attendait le retour de Svoboda mais qui avait été arrêté par la Gestapo. Dans la version française on fait allusion à son suicide tandis que la scène apparaît bel et bien dans le montage original où l'homme se jette à travers une fenêtre (DVD 1, 16min20).

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Les autres scènes supplémentaires :

- Après l'annonce de la mort d'Heydrich dans une salle de cinéma, le corps de l'allemand est montré sur un lit d'hôpital. Dans la version longue, l'assistance applaudie dans la salle de cinéma à l'annonce de l'attentat, un agent de la Gestapo placé au fond de la salle demande à ce qu'on rallume la lumière et demande à chacun de se taire et de lui présenter ses papiers. Personne ne l'écoute et l'agent reçoit même un poing dans la figure. Chacun sort tranquillement de la salle puis un fondu enchaîne avec le corps d'Heydrich à l'hôpital.


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- Le trajet de Nasha (Anna Lee) de l'hôpital aux bureaux de la Gestapo a été complètement écarté du montage original. Dans la version française, Nasha désespérée à l'idée que son père soit condamné à mort à la place de Svoboda, décide de se rendre à la Gestapo pour tout avouer. Au moment où elle quitte l'hôpital, on la retrouvait directement à la Gestapo. Tout le trajet a donc bien été coupé. A ce moment là le complice de Svoboda aperçu juste avant à l'hôpital montait dans le fiacre et tentait de la dissuader. Le fiacre est stoppé, la police intervient, les quidams aussi. L'homme a disparu et Nasha avoue qu'elle se rendait à la Gestapo. Les passants s'arrêtent, entendent cette ignominie et s'en prennent avec violence à Nasha.


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- Le montage français laissait entrevoir une image d'une scène coupée au moment où Nasha est mise derrière les barreaux. En réalité, Nasha se retourne et trouve sa maraîchère à terre, rossée de coups qui s'écroule dans ses bras. La grille s'ouvre à nouveau avec à l'écran des bottes noires cirées et une cravache manipulée nerveusement figurant des violences à l'égard de Nasha (DVD 1, 1h). Cette dernière image était visible lors du fondu enchaîné de la version courte. En voici l'explication.


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- Des courtes séquences marquantes montraient la cohésion des prisonniers dans le camp où est enfermé le Professeur Novotny. Une partie d'échecs entre ce dernier et un poète renommé, lorsqu'un jeune écrivain s'avance vers eux désirant leur faire lire ses propres vers. Le poème évoque la Résistance d'un peuple uni, le patriotisme capable de renverser le pouvoir en place si les hommes restent soudés. Ce poème sera par la suite repris en choeur au moment où le jeune poète est emmené vers le peloton d'exécution. Dans la version courte cette dernière scène était présente mais on ne savait qui était le jeune homme et d'où provenait ce chant d'honneur. A noter que ce poème s'intitule No surrender, titre provisoire des Bourreaux meurent aussi au moment de son écriture et du tournage.


- Divers inserts ont été littéralement traduits d'une langue à l'autre :


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