Première bonne surprise, le transfert affiche une qualité qu'il est de plus en plus rare de retrouver sur un DVD, excepté pour les blockbusters. Les Ruines bénéficie d'un réel soin visuel mais ses partis pris artistiques étaient assez casse-gueules à transférer sur galette. Jouant sur un nombre limité de décors (principalement l'extérieur, le dessus et l'intérieur du temple), le film se caractérise par une photographie irréprochable signée par le chef opérateur Darius Khondji, connu pour avoir oeuvré aux côtés de David Fincher mais aussi de Jeunet et Caro. Si le style visuel peut paraître conventionnel dans les premières scènes, les personnages évoluent sous un soleil de plomb dès lors qu'ils s'embarquent dans leur excursion et c'est là que le film trouve visuellement son intérêt. Eclairées presque exclusivement à la lumière naturelle (selon la volonté du réalisateur et du chef op), les scènes de jour se déroulant au sommet du temple sont ainsi marquées par une lumière blanche écrasante, comme pour souligner l'exposition des jeunes gens à la menace. Une lumière que le transfert s'avère restituer avec fidélité sans jamais qu'aucun plan ne paraisse surexposé. La gestion des contrastes fait des merveilles et s'assortit palette colorimétrique splendide, dont les tons s'avèrent très fidèles à l'esthétique découverte en salle.
A côté de cela, l'image se montre tout aussi efficace dans le rendu des scènes plongées dans l'obscurité, notamment celles qui se déroulent à l'intérieur du temple. Là encore, la lumière utilisée est la plupart du temps celle qui apparaît à l'écran, à savoir les lampes torches, et aucun défaut d'encodage ne vient ternir le rendu du contraste. Il n'y a qu'à voir la descente de Stacy dans les profondeurs pour apprécier la profondeur des noirs, auxquels vient s'ajouter une belle restitution des nuances de vert et orange sur les plantes. A ce titre, le piqué splendide de l'image permet d'apprécier le moindre feuillage et la moindre lambeau de peau avec une précision chirurgicale, tandis que les plantes réalisées en images de synthèse s'intègrent avec naturel dans les décors réels. Soulignons enfin que la compression se fait quasi invisible tout du long, ce qui achève de faire de ce transfert une belle réussite.
Si l'image est de qualité exceptionnelle, les pistes son ne sont pas en reste même si l'enthousiasme n'est pas aussi prononcé. L'éditeur ne propose certes pas de DTS, mais qu'importe puisque les deux 5.1 proposés, anglais et français, font preuve d'une efficacité à toute épreuve et jouent sur une répartition très environnante entre les différents canaux. Pourtant, mis à part dans l'introduction, rien ne laisse présager d'un réel effet d'immersion dans la première demi-heure de bobine, avant que l'action ne démarre vraiment. Dès lors que le premier mouvement de panique saisit les personnages, le 5.1 révèle davantage ses batteries à travers le coup de feu qui vient brutalement casser l'ambiance, jusqu'alors peu mouvementée. Mais c'est surtout dans la fameuse scène au cours de laquelle les deux jeunes filles remontent précipitamment des tréfonds du temple après avoir élucidé le mystère de la sonnerie de portable que le 5.1 révèle vraiment ce qu'il a dans le ventre, à travers une multitude de sons soudainement très enveloppants, stimulant habilement les arrières pour créer l'impression glaçante d'être encerclé par une menace impossible à cerner. Du beau travail dans l'ensemble, donc, la piste française faisant preuve d'une ouverture frontale légèrement supérieure; la piste anglaise aurait quant à elle gagné à mettre les voix des acteurs un tantinet plus en avant.
Commentaire audio du réalisateur Carter Smith et le monteur Jeff Bétancourt
Le cinéaste et le monteur se révèlent plutôt bons dans l'exercice difficile du commentaire puisqu'ils parviennent à livrer un certain nombre d'informations intéressantes sur la conception du film tout en faisant preuve d'une bonne humeur communicative. Interrogé par Jeff Bétancourt, Carter Smith évoque tout au long de cette heure et demie plusieurs de ses collaborateurs, tels que chacun des comédiens mais aussi le chef opérateur Darius Khonjdi et le chef décorateur Grant Major. Carter Smith en profite aussi pour raconter comment il a été amené à travailler avec Ben Stiller qui avait aimé son court Bugcrush, une donnée qui semble avoir garanti une certaine liberté artistique au cinéaste. Le monteur lui non plus n'est pas avare de commentaires en tous genres puisqu'il profite de certaines séquences pour justifier de certains choix de montage, tels que le fait de montrer en temps réel la descente des jeunes gens dans le temple. Lors de la scène de l'amputation, Smith souligne la difficulté de trouver le son juste pour la cassure et s'explique sur les éléments utilisés pour accentuer l'horreur de la situation, comme de montrer la préparation à l'acte ou d'amener l'un des personnages à "raconter" la scène avant son déroulement - efficacité garantie, il est vrai. Bien entendu, ce commentaire audio fournit son lot d'anecdotes de tournage.
Tournage (14mns23)
Ce making of succinct n'échappe pas aux petits travers de la featurette typique, notamment la première partie qui paraphrase le cheminement des personnages, mais fait tout de même un bon passage en revue des principaux défis posés par le film. Nous apprenons pour commencer comment le réalisateur Carter Smith a été recommandé à Ben Stiller par un certain Steven Spielberg, qui avait visionné son court métrage Bugcrush. Un court décrit comme un film d'horreur très dérangeant et dont le ton aurait influencé celui des Ruines. La suite revient sur les différences entre le film et le roman éponyme de Scott Smith, le travail du directeur de la photographie Darius Khondji, les contraintes posées par le choix d'une lumière naturelle et par les lieux de tournage. Un documentaire efficace qui, à défaut d'aller en profondeur, permet de grappiller ça et là quelques informations.
La mort rampante (15mns04)
Incontestablement l'attraction majeure de cette interactivité, ce bonus se divise globalement en deux temps. La première partie s'intéresse à la fabrication même de la plante carnivore, à travers une interview de son "créateur en chef". Comme nous l'avions remarqué dans le film, la particularité de l'"ennemi" dans Les Ruines est qu'il s'agit d'un élément naturel évoluant en pleine lumière et qui se trouve d'ailleurs sous nos yeux depuis le début. Le défi majeur était donc de rendre ces plantes grimpantes crédibles sans qu'elles ne paraissent d'emblée menaçantes. Les intervenants - principalement le réalisateur et le chef d'atelier - reviennent sur la fabrication à proprement parler, les inspirations du côté des tiges de citrouilles rampantes et l'insertion d'images numériques.
Mais c'est surtout la seconde partie de ce documentaire qui ravira les fans de films d'horreur. Comme le précise la productrice exécutive Trish Hofman, les scènes gore du film utilisent le moins possible d'effets digitaux pour effectuer un retour vers des effets traditionnels. Pour ce faire, l'équipe a eu recours à la contribution d'un certain Jason Baird pour superviser la création des prothèses. La passion du bonhomme pour son art est perceptible, ne serait-ce qu'à travers ses créations, et il faut bien dire qu'un tel enthousiasme pour l'élaboration d'effets gore "à l'ancienne" fait plaisir. Ce documentaire recueille aussi les impressions des comédiens, notamment Laura Ramsey qui nous parle du tournage de ses scènes d'automutilation. Comme il fallait s'y attendre, un chapitre est plus particulièrement dédié à la scène de l'amputation. Le passage en revue complet par Jason Baird des différentes prothèses de jambes utilisées est entrecoupé de manière amusante par des interventions de Joe Anderson (Mathias dans le film), lequel confie notamment avoir été victime d'algohallucinose pendant le tournage. Et Jason Baird de s'amuser au passage de toutes les horreurs subies par ce pauvre bougre de Mathias.
Le bonus se conclut par quelques mots du réalisateur qui révèle avoir voulu faire un film provoquant des réactions physiques chez le spectateur. Si l'on se rappelle l'ambiance en salle, il semblerait qu'il ait plutôt bien réussi son pari !
Construire Les Ruines (6mns18)
Moins mémorable mais tout de même sympathique, ce supplément s'attarde sur la conception du décor, de la recherche des lieux de tournage à la construction même du temple. Le documentaire s'articule autour d'un entretien avec Grant Major, chef décorateur néo-zélandais qui a notamment oeuvré aux côtés de Peter Jackson sur Heavenly Creatures, la trilogie du Seigneur des Anneaux et King Kong. Ce qui explique qu'il fasse un parallèle avec la Terre du Milieu pour s'expliquer sur le souci de crédibilité posé par ces ruines. Major s'appuie sur des simulations et croquis permettant au passage d'apprécier la configuration des lieux, de la façade du temple au plateau situé au sommet, en passant par les profondeurs.
Scènes coupées
Commentées par le réalisateur Carter Smith et le monteur Jeff Bétancourt (un commentaire optionnel), ces scènes coupées sont au nombre de quatre et s'avèrent très pertinentes sur ce DVD puisqu'elles illustrent certains choix narratifs. Pluie rappelle l'importance de la problématique de l'eau dans le roman d'origine, un souci quelque peu évacué dans le film comme le confie le réalisateur. La suivante, Cérémonie, propose une autre version des circonstances de la mort de Mathias, le réalisateur ayant été bien inspiré de la remplacer par la scène de la dispute. Mise au point d'un plan d'évasion est une scène tendre entre Jeff et Amy juste avant le climax, un moment qui donne un sens différent au geste final du jeune homme. Enfin, la fin alternative confirme ce que l'on pressentait sur l'état d'Amy à la fin du film, passé sous silence dans le montage original - rapportée par le réalisateur, l'explication avancée par l'actrice Jena Malone vaut son pesant d'or.
Cette interactivité se clôt sur la bande annonce du film, dans la langue choisie au lancement du DVD.