Les Ruines
Le 11/06/2008 à 14:22Par Arnaud Mangin
Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sentent bon le sable chaud les héros de Les Ruines. Le film n'a donc, à priori, rien pour plaire si l'on a plus de 13 ans. Néanmoins, cette bobine s'inspire d'un roman fantastique bien connu pour sa grande efficacité, saluée et revendiquée par quelques représentants du genre et qui a donc tout pour plaire sur le papier. Le résultat est donc le melting-pot prévisible entre un pitch et un climax calibrés pour le cinéma et une exécrable culture fantastique revue à la baisse pour les fans de Souviens-toi l'Urban Legend Dernier. Et comme tout résultat moyen, si ce n'est fondamentalement pas bon, ce n'est pas non plus totalement à jeter et quelques qualités sont à retenir.
Même si on va vite en faire le tour, les quelques qualités de ces Ruines reposent essentiellement sur son intrigue générale. Ce qui n'enlève donc rien à la grande qualité du matériau d'origine en plus d'enfoncer un peu plus le clou sur les lacunes d'adaptation. Une construction de base assez littéraire qui parvient plus ou moins progressivement à faire évoluer les péripéties sans jamais s'endormir sur ses lauriers. Excepté une introduction du type "Les bière c'est cool, la teuf c'est top, les jeunes sont pop, vive les Américains en vacances" qui ne sert à rien excepté une mauvaise tentative d'identification, il est vrai que l'évolution de l'horreur gravit les échelons avec un certain crescendo. Au moins aussi vite que ces gaillards pour gravir l'improbable temple inca où se situe l'aventure. Première bonne nouvelle donc, ce n'est pas chiant (si l'on excepte le premier quart d'heure évoqué ci-dessus) et l'ambiance parfois aussi dérangeante que surprenante fonctionne honnêtement.
Le hic, c'est que dans l'enthousiasme d'adapter quelque chose d'aussi efficace sur grand écran, le transfuge se fait au détriment de beaucoup d'autres choses. D'abord, personne ne semble réellement intéressé par ce qu'il fait et cet étrange survival dissipe sans compréhension la règle première du genre : s'inquiéter pour les héros. Ce ne sont pourtant pas les rebondissements scabreux qui manquent et, sans révéler l'intrigue "principale" qui met du temps à arriver, le carnage en règle de cette chaire fraîche s'exécute avec une nonchalante violence. On se cogne un peu de qui va survivre ou qui va y laisser sa peau dans ce qui avait pourtant tout pour être tétanisant. Direction d'acteurs inexistante, angoisse psychologique pas entretenue pour deux sous et caricature générale des gentils comme des méchants font retomber cet excellent postulat comme un soufflet.
Dommage, donc, que Les Ruines au cinéma se révèle bien plus anecdotique que dans l'univers littéraire, en plus de laisser planer le sentiment à travers quelques détails qu'il y avait vraiment matière à offrir au spectateur quelque chose d'abouti. On appréciera néanmoins le nihilisme et la sécheresse de ses dernières secondes, nous renvoyant l'espace d'un instant à la radicalité des meilleurs exemples du genre. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est déjà ça.