Le film d'Elia Kazan a été tourné pour seulement 100.000 dollars à l'aide de quatre techniciens et d'une caméra Super 16mm. Le grain d'origine a été fortement accentué lors du gonflage en 35mm et malgré une forte luminosité dans les scènes d'extérieur, la plupart des séquences demeurent floues, les couleurs peu reluisantes, les visages des acteurs blafards. Les parties extérieures enneigées entraînent une accentuation des picotis et les fourmillements sont nombreux à l'instar du premier et du dernier plan du film très instables. C'est peu dire que la photo manque de contrastes et de détails dans les nombreuses scènes d'intérieur et la définition laisse sérieusement à désirer. Le master restauré s'avère quant à lui assez propre dans son ensemble et contient très peu de tâches d'origines mise à part un défaut inhérent à la caméra en extérieur qui se remarque par un accroc en forme de croissant de lune en haut à droite de l'écran.
La piste unique en version originale se montre amplement suffisante pour le visionnage du film. Même si la bande-son demeure passable et sourde, elle dispense quelques petits effets clairsemés à droite et à gauche. Les dialogues demeurent distincts tout du long. Quelques saturations et grésillements viennent parfois perturber l'écoute notamment quand le ton commence à monter dans les dernières scènes. Le mixage est en revanche propre et le souffle pratiquement inexistant.
Elia Kazan Outsider (53min21)
En 1982, Michel Ciment et Annie Tresgot partent à la rencontre d'Elia Kazan alors âgé de 72 ans. A l'instar de son documentaire intitulé Portrait d'un homme « à 60 % parfait » : Billy Wilder (disponible chez Carlotta), Michel Ciment se rend chez le cinéaste afin de dresser son portrait à travers divers extraits de ses films et d'entretiens avec quelques uns de ses proches dont Robert de Niro qu'il avait dirigé en 1977 dans Le Dernier Nabab. Michel Ciment s'immisce dans l'intimité d'Elia Kazan : les deux hommes se promènent dans la propriété du metteur en scène, lieu du tournage des Visiteurs, ainsi que dans ses bureaux new yorkais. Elia Kazan se rappelle de sa carrière d'acteur, ses premières mises en scène au théâtre, la création de l'Actors studio en 1947 avec Lee Strasberg et Harold Clurman, parle de ses idées encore florissantes pour le cinéma, évoque sa passion de l'écriture. Une large place est aussi dédiée à sa famille et ses origines. Issu d'une famille grecque vivant à Istanbul, Elia Kazan s'est toujours défini comme un outsider.
Rapidement, ce segment revient également sur la célèbre polémique survenue en 1952 quand en plein Maccarthysme il dénonça d'anciens camarades communistes devant la commission des activités anti-américaines. Toujours aussi ambigu dans ses propos, le cinéaste tente à nouveau devant Michel Ciment de légitimer sa démarche. Si ce documentaire préserve la personnalité trouble d'Elia Kazan, il donne surtout envie aux spectateurs de connaître toute sa filmographie.
L'interactivité se clôt sur une galerie photos, la filmographie sélective d'Elia Kazan et des liens internet.