Le chef opérateur Edward Lachman s'est fait une renommée avec ses photos stylisées dans des films aussi variés qu'Erin Brockovich, I'm not there (dont l'affiche apparaît dans le film), Virgin Suicides et Loin du Paradis. Si le directeur de la photographie ne s'éloigne finalement pas des partis-pris qui lui ont valu sa notoriété, ceux de Life during wartime interpellent par l'usage continu des filtres jaunes souvent auréolés de vert et de bleu qui ont tendance à s'accentuer au fur et à mesure que le malaise s'installe. L'éditeur livre un superbe master respectant la palette colorimétrique quitte à perdre sensiblement en piqué. Les teintes sont continuellement chaudes et ambrées, appuyant une sensation chronique d'étouffement, les gros plans des comédiens, souvent filmés en champ-contrechamp, sont nets, et les matières bénéficient d'un large relief. L'univers visuel de Todd Solondz est riche, et malgré le fil à retordre technique qu'ont du causer les ambitions artistiques du chef opérateur et du réalisateur, la solide compression écarte tout accroc et le master accuse un quasi sans-faute.
A première vue, il est vrai que le film de Todd Solondz ne se prête pas à quelques envolées lyriques des frontales ni à une rafale de basses pétaradantes. Il n'empêche qu'avec quatre mixages proposés, soit deux stéréo et deux Dolby Digital 5.1, l'éditeur ne lésine pas sur les moyens et livre quatre pistes intimistes et limpides. Les enceintes arrière assurent un petit environnement sonore, spécialement lors des scènes se déroulant dans un restaurant, mais l'action, entendez les dialogues dans un film comme celui-ci, demeurent concentrée sur les frontales. Certes le thème musical est parfaitement spatialisé mais demeure finalement assez rare. Les dialogues sont donc solidement appliqués sur l'enceinte centrale mais prennent le pas sur le reste du mixage français. Nous préférerons le naturel de la version originale bien que la version française soit très réussie. Nous serions tentés de dire que la piste stéréo (épatante par ailleurs) se suffit à elle-même mais les petites ambiances distillées par les latérales sur les mixages 5.1 sont certes discrètes mais palpables, et instaurent un confort de visionnage finalement accommodant.
Interview de Todd Solondz (19min38)
De passage à Paris, le réalisateur controversé et sarcastique américain Todd Solondz répondait brillamment aux questions d'un journaliste, visiblement très fan, sur les thèmes récurrents de ses films (la vie régie par la peur, le pardon, les portraits au vitriol d'êtres perturbés), sur son rapport avec le public, et sur la position du cinéma indépendant aux Etats-Unis. Le cinéaste déclare entre autre qu'il préfère que les spectateurs en sachent le moins possible sur ses films quand ils vont au cinéma afin d'avoir l'esprit suffisamment ouvert à ce qu'il souhaite leur montrer. Dans une seconde partie, le réalisateur en vient plus précisément sur la mise en chantier de Life during wartime. Pour lui, cette "suite" de Happiness n'en est pas exactement une mais plutôt une variation, d'où l'emploi de comédiens différents par rapport au premier film, lui permettant d'explorer des nouvelles pistes en apportant une tonalité et des nuances différentes. Une interview qui s'avère passionnante de bout en bout.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (2min02).