Si les visages des comédiens, souvent filmés en plans rapprochés, manquent sensiblement de détails et de piqué, le gros point fort de ce master demeure dans ses couleurs naturelles et pimpantes. Les séquences en extérieur donnent l'occasion au transfert de briller même si nous constatons un petit voile granuleux, palpable sur certains plans. Les noirs sont denses, la copie propre et nette et les quelques ambiances tamisées sont souvent remarquables. Dommage que le cadre large manque d'ouverture et que la profondeur de champ se révèle passable.
Le mixage 5.1 aurait pu se révéler facultatif devant le caractère intimiste du film, mais la rare spatialisation offre aux spectateurs l'occasion de s'immerger dans la superbe composition d'Ange Ghinozzi. Le mixage demeure limpide et dirigé sur les avants avec des dialogues précis mais sans esbroufe. N'attendez pas de gros effets qui pourraient se résumer au bruit d'un marteau-piqueur ou d'une cinglante note de violon. La stéréo offre quant à elle un confort de visionnage suffisant mais se montre essentiellement axée sur les dialogues, au détriment de quelques effets naturels constatés sur la 5.1.
Interview de Stéphane Brizé (31min29)
Si vous avez succombé au film, nous ne saurons que trop vous conseiller d'écouter cet entretien mené par Stéphane Goudet (Maître de conférences en cinéma, Paris I) durant lequel le cinéaste évoque dans un premier temps la découverte du roman d'Eric Holder (disponible chez Flammarion) il y a une dizaine d'années au moment de la réalisation de son premier film Le Bleu des villes. Confiant qu'il ne possédait pas la maturité de metteur en scène et personnelle pour se pencher sur une éventuelle adaptation, Stéphane Brizé met ensuite en parallèle les différentes structures narratives du roman et de sa transposition. Plus loin, la forme est habilement abordée avec l'usage des non-dits, des motifs récurrents comme un personnage coincé dans le cadre d'une porte ou par une fenêtre, métaphore d'un individu emprisonné dans un étau. Les points de vue et la psychologie des personnages sont ensuite brillamment abordés, puis le cinéaste en vient au casting. Il nous parle du choix de Vincent Lindon et de Sandrine Kiberlain, qui ont vécu ensemble réellement et dont l'histoire personnelle s'est greffée malgré eux sur celle de Mademoiselle Chambon. Stéphane Brizé clôt cet entretien en parlant du succès du film (plus de 500.000 entrées pour un budget de 2,5 millions de dollars) et de l'accueil chaleureux du public.
Séquences coupées (11min38)
Stéphane Goudet (voir le segment précédent) introduit ce lot de scènes coupées. Comme notre interlocuteur l'explique, ces morceaux de séquences ne sont pas présentées dans l'ordre chronologique du film ni par un carton annonçant la raison de leur rejet. Le réalisateur Stéphane Brizé a voulu repenser ces séquences en les proposant dans un montage permettant de raconter une histoire parallèle au montage final, à la manière d'un court-métrage, en s'appuyant notamment sur le point de vue d'Anne-Marie (Aure Atika). On découvre entre autre que le personnage avait conscience de la liaison de son mari avec Mademoiselle Chambon bien avant la séquence montrée dans le film.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (1min15) composée d'un plan-séquence issu du film où les deux personnages principaux écoutent la chanson de Barbara, Septembre (Quel joli temps).