L'acoustique de cette édition s'avère très plaisante mais on ne peut échapper à divers craquements et saturations. La musique accompagne les dialogues de manière très harmonieuse et nostalgique. Les voix des comédiens demeurent claires et l'ensemble possède une dynamique exquise dépourvue du moindre souffle.
Souvenirs de groom (10min22, vostf)
Avec une nostalgie non feinte et se livrant comme rarement devant la caméra, le grand Tony Curtis évoque ses débuts au cinéma où il obtient son premier grand rôle grâce à Douglas Sirk pour No room for the groom. L'acteur dresse un bilan impressionnant de son curriculum vitae, depuis ses débuts à 22 ans en 1948 jusqu'aux 148 films tournés, les uns à la suite des autres pour la plupart. Avec émotion, Tony Curtis se souvient de toutes ces petites productions dont il faisait partie. Le film représentait un mois de sa vie, 30 ou 40 jours de tournage où il s'emmêlait parfois les répliques d'une scène à l'autre. Il en vient ensuite tout naturellement à parler du tournage du film de Douglas Sirk qui l'a aidé à mieux connaître son métier, nous dit-il. Le comédien n'oublie pas de parler de sa partenaire à l'écran, Piper Laurie, avec qui il tournera quatre films : Son of Ali Baba, The Prince who was a thief, No room for the groom, et Johnny Dark. Il se souvient qu'ils étaient tous deux inexpérimentés et que Douglas Sirk a dû batailler ferme afin d'obtenir d'eux ce qu'il voulait. Ce n'était pourtant pas simple de travailler avec Piper Laurie confesse Tony Curtis, qui leur a compliqué la vie et avait du mal à se concentrer (la raison se trouve dans l'entretien suivant avec Piper Laurie). C'est grâce à ce film que les studios et les réalisateurs le remarquent enfin et qu'il commence à recevoir des offres plus intéressantes et plus ambitieuses. Lançant une pique à droite et à gauche à l'intention des studios, plus préoccupés de savoir ce que va leur rapporter un film plutôt que ce qu'en sera le contenu, Tony Curtis clôt cet entretien émouvant en disant que le cinéma ne lui a certes pas apporté que du bonheur mais qu'il n'a jamais cessé d'aimer et de regarder la caméra avec la même passion.
Fille d'Eve (11min39,vostf)
Derrière le nom du parfum enivrant de No room for the groom se cache en réalité un entretien avec l'actrice Piper Laurie. Ceux qui attendent la raison du manque de concentration de l'actrice évoqué par Tony Curtis précédemment l'auront cependant surement déjà devinée. Piper Laurie était très attirée par son partenaire, avec qui elle avait déjà vécu une petite aventure durant les cours d'art dramatique qu'ils avaient en commun. Une aventure très chaste où elle avoue avoir été longtemps sous le charme de son camarade. Sur le plateau de No room for the groom, elle admet le mal qu'elle avait à cacher ses sentiments et se souvient avec mélancolie des scènes romantiques du film. Quelques problèmes liés à cette relation ont refroidi le tournage puisque les deux partenaires ne se sont jamais plus adressés la parole ni revus depuis, ce qu'elle regrette profondément. Par la suite, Piper Laurie parle de Douglas Sirk et de la manière dont le cinéaste l'a traitée sur le plateau. Elle lui en veut encore aujourd'hui de ne pas avoir été si conciliant envers une jeune actrice manquant alors d'expérience et se souvient d'une scène difficile à tourner où elle oubliait son texte à chaque prise.
De cet entretien, on en retiendra une certaine sincérité avec laquelle l'actrice se remémore ses difficultés à trouver un véritable rôle suite au tournage de No room for the groom et des couvertures de magasines en déshabillés qu'elle a du faire pour subvenir à ses besoins. Malheureuse durant de nombreuses années, il lui faudra attendre 1961 pour que Robert Rossen lui confie le premier rôle féminin de L'Arnaqueur avec Paul Newman. Une belle revanche qui lui ouvrira les portes de nombreux théâtres et de rôles plus ambitieux dont les plus connus demeurent ceux de la mère de Carrie dans le film de Brian de Palma et celui de Catherine Martell dans la série Twin Peaks.