La volonté artistique de Luchino Visconti était d'ancrer le réalisme des personnages et de leur histoire à travers des décors et une photo fantasmagoriques. Les partis pris esthétiques n'ont donc rien de naturaliste, les contrastes étant souvent très appuyés et la source de luminosité légère. Ce nouveau master restauré HD concocté par l'éditeur comble toutes les espérances. D'une propreté époustouflante, cette copie se trouve dépourvue de la moindre poussière dès le générique d'ouverture, les décors s'imposent par leur admirable profondeur de champ, les noirs y sont abyssaux et le piqué renversant. Mis à part divers fourmillements dans les arrière-plans et une dernière séquence plus altérée avec un grain nettement plus appuyé, l'image de ce master s'avère lisse, fourmillant de détails et de relief, en un mot, un véritable régal pour les yeux.
Si la musique de Nino Rota est suffisamment mise à l'avant, le problème provient de l'intelligibilité des dialogues, notamment au niveau de la voix de Maria Schell quelque peu couverte et parfois peu distincte. Au cours d'une même séquence, il n'est pas rare d'entendre le son changer de volume mais ce mixage évite les saturations et tout souffle intempestif. Les ambiances certes entièrement reconstituées en post-production (tournage en studio oblige) se montrent peu pertinentes mais ces petits accrocs constatés n'entament en rien le visionnage.
Costumes intemporels (23min24)
Comme pour le DVD de Bubu de Montparnasse, l'éditeur est allé une nouvelle fois à la rencontre du costumier de théâtre et de cinéma Piero Tosi, collaborateur attitré de Luchino Visconti de 1950 à 1976. Notre interlocuteur se souvient de sa rencontre avec le réalisateur italien en 1948, partage quelques anecdotes liées à leurs collaborations (Bellissima, Les Damnés) et se penche notamment sur le film qui nous intéresse ici, Nuits blanches. Quelques photos de différents tournages et des archives privées de Piero Tosi illustrent les propos précis du costumier sur les personnages du film, l'adaptation de la nouvelle de Dostoïevski, le travail du N&B, la création des décors et des costumes bien évidemment (qui ne devaient pas rappeler une époque précise), tout en dressant un portrait précis de Luchino Visconti, un metteur en scène exigeant, perfectionniste et autoritaire.
Onirisme et réalisme (24min17)
Critique de cinéma, producteur et directeur de Teodora Films, Vieri Razzini propose une brillante et passionnante analyse (en français) du film de Luchino Visconti. Notre interlocuteur livre une critique personnelle de Nuits blanches en précisant ce qu'il aime et, chose n'est pas coutume, ce qu'il n'aime pas dans le film. Il admet être plus fasciné par la forme que le fond, dresse les quelques ressemblances et divergences entre la nouvelle de Dostoïevski et le film de Luchino Visconti, en s'appuyant notamment sur les personnages masculins et celui incarné par Maria Schell qu'il juge très proche du personnage d'origine. Dans la seconde partie, Vieri Razzini rappelle la phase de production du film avec entre autre le désir de Luchino Visconti de s'éloigner de ses films précédents. En croisant habilement le fond et la forme, de manière passionnante, Vieri Razzini nous offre une des analyses de film les plus sincères vues dans les suppléments concoctés par l'éditeur.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce du film.