Quel plaisir que ce master restauré ! Le N&B harmonieux et légèrement duveteux retranscrit à merveille les ambiances enfumées du Club 33 tandis que les contrastes mettent en relief la beauté du Paris du début des années 60 et les traits des comédiens. La luminosité est de mise, les noirs profonds et malgré un petit grain plus appuyé durant le générique d'ouverture, la copie est divine du début à la fin et le piqué ne finit pas d'étonner. Proposé dans son format respecté 1.66, Paris Blues est offert par Wild Side Video dans un écrin seulement troublé par de petits fourmillements aux arrière-plans.
Si les dialogues manquent de mordant en version originale, les nombreuses séquences musicales (écrites par Duke Ellington) sont divinement bien mises en valeur et le souffle y est inexistant. Cependant, n'hésitez pas à monter le volume pour un meilleur confort de visionnage ou tout simplement pour vous faire plaisir lors de la venue de Louis Armstrong dans le Club 33. Quant à la version française anecdotique, elle s'avère grave et les dialogues ont tendance à saturer.
Hollywood Jazz (25min21)
Nos deux interlocuteurs, François Guérif (directeur de la collection Rivages/Noir) et Gilles Mouëllic (auteur de Jazz et Cinéma, Collection Essais Cahiers du Cinéma, 2000) établissent chacun de leur côté les liens tissés entre la musique jazz et le cinéma depuis l'époque du cinéma muet. Si François Guérif ne s'avère guère pertinent, son temps de parole est d'ailleurs assez réduit, Gilles Mouëllic dresse un exposé largement argumenté et illustré de l'usage du jazz, musique populaire qui a grandi avec et dans le Septième art. De la musique de L'Homme au bras d'or confiée à Duke Ellington à Miles Davis, auteur de la partition d'Ascenseur pour l'échafaud, en passant évidemment par Paris blues, voilà ce qu'on peut appeler un supplément de qualité. Si les deux hommes n'hésitent pas à pointer du doigt les défauts et clichés de Paris blues, ils démontrent également l'usage du jazz comme métaphore symbolique de la ségrégation où l'homme blanc s'est littéralement emparé de la musique noire. Dans la dernière partie, François Guérif défend le film qu'il affectionne malgré ses défauts et son charme désuet en s'attardant un peu plus sur la carrière de Martin Ritt.
L'interactivité se clôt sur une galerie photos, la bande-annonce (2min40, vo), la filmographie de Martin Ritt et des liens internet.