Avec le premier Swordsman, on revient de très loin en termes de qualité d'image. La toute première édition, que l'on devait à Megastar à la fin des années 90, tenait plutôt du VCD que du DVD. L'image y était sale et floue, et les scènes nocturnes rendues absolument illisibles par une palette colorimétrique dominée par un bleu électrique particulièrement désagréable à l'oeil. L'édition Joy Sales apportait en 2005 une amélioration sensible à ce désastre, mais il n'est guère audacieux d'affirmer que l'édition HK Vidéo est à ce jour la plus satisfaisante pour ce qui est du rendu global de Swordsman. Bonne nouvelle : les salissures diverses et variées ont disparu pour laisser place à un transfert excellent effectué à partir d'un master d'une propreté impeccable. On peut arguer que la définition est un peu inégale tout au long du film : la plupart des plans font montre d'une belle précision et d'un piqué de toute beauté (qualité particulièrement visible lors des gros plans sur les visages des acteurs), mais un léger effet de flou subsiste encore ça et là. Un défaut inévitable étant donné l'âge du film et surtout les piètres conditions de conservation des négatifs originaux à Hong Kong en général. On remarque en outre (et ce sera le cas aussi pour les deux autres films) que l'image est un tantinet rognée en haut et en bas comparé aux éditions chinoises. Mais on se réjouit de constater que l'ensemble a bénéficié d'un ré-étalonnage soigné qui rend enfin justice à la photographie d'origine, séparant les teintes tout en conservant l'identité visuelle du film, et au passage celle du cinéma de fantasy hongkongais de l'époque - les couleurs très vives et les dominantes de bleu et d'orange, notamment. Les acteurs retrouvent une couleur de peau naturelle, les décors alternent couleurs chaudes et froides sans qu'une teinte ne bave. Cette restauration des nuances de couleur permet de gommer cette impression d'immense bordel qui caractérisait précédemment les scènes d'action. Du beau travail qui redonne une nouvelle énergie à ce beau film.
Swordsman 2
Même topo avec le chef d'oeuvre Swordsman 2, lui aussi nanti jusqu'à présent de deux éditions hongkongaises discutables. La première, éditée par Mei Ah, n'avait pour elle que le bonus constitué par le petit clip de la chanson interprétée par Brigitte Lin. L'image en revanche était carastrophique, blindée d'artefacts, floue et baveuse tout du long. L'édition suivante, toujours de Mei Ah et intitulée Grand Collection of Swordsman 2, ne proposait qu'une amélioration dans la définition tandis que les bleus et les orange très flashy continuaient de baver à qui mieux mieux. L'édition HK Vidéo, si elle reste imparfaite du point de vue de la définition (sur les plans d'ensemble entre autres), offre en revanche une harmonie inédite en termes de couleurs et de contrastes. Comme pour Swordsman, le naturel est de mise sur chaque plan, sans pour autant que le film perde ses spécificités visuelles. Les fans de Brigitte Lin se réjouiront de voir qu'un soin tout particulier a été apporté aux scènes qui la mettent en valeur. On redécouvre ainsi les scènes phares du film sous un nouveau jour, comme celle de la renaissance d'Invicible Asia sous les yeux fascinés du personnage de Jet Li. La vivacité et la pureté des teintes sont un pur régal (voir comparatif avec la précédente édition). Les combats gagnent là encore en lisibilité d'un meilleir relief général dû à ce travail sur les couleurs et les contrastes.
Swordsman 3
Réalisé la même année que Swordsman 2, Swordsman 3 présente les mêmes qualités et défauts que ce dernier sur l'édition française. Le comparatif avec l'édition remasterisée anamorphic widescreen de Mei Ah tourne une fois encore à l'avantage de l'édition HK Vidéo grâce à un travail beaucoup plus fin effectué sur les couleurs et les détails, et ce malgré une définition perfectible et un discret recadrage. Là où l'édition Mei Ah souffre d'une pixellisation un peu gênante (voir les mèches de cheveux imprécises de Joey Wong sur la capture ci-dessous), l'image de l'édition HK Vidéo bénéficie sur les plans clés d'une finition inédite jusqu'à présent, ainsi que d'un étalonnage plus harmonieux (voir capture de Brigitte Lin ci-dessous). Les contrastes continuent d'être très bien gérés, mettant en valeur une palette colorimétrique vive et nuancée, débarrassée du filtre orange des précédentes éditions et très cohérente avec celles des deux autres films du présent coffret.
L'édition HK Vidéo ne propose pas de DTS comme la plus récente édition hongkongaise, mais un Dolby Mono 2.0. Un choix plus pertinent étant donné que le film est au départ bel et bien en mono. Du fait de la post-synchronisation d'origine (c'était le cas de tous les films de Hong Kong de l'époque, à l'exception des films de Wong Kar-Wai - et encore, seulement à partir de 1990), les voix apparaissent en nette surimpression par rapport à la musique. Il faudra donc pousser le volume un peu plus fort pour profiter de la scène magique de la célèbre et merveilleuse chanson de la trilogie Swordsman, Rire et fierté, située à peu près à 30 minutes du début du film... et le baisser de nouveau une fois la scène terminée. S'il ne faut pas s'attendre à une piste au son cristallin, loin de là, on ne note toutefois globalement pas de désagréable effet de saturation.
Swordsman 2
Le deuxième film est le seul à être proposé à la fois en cantonais et en français. Autant le dire tout de suite, la version française DD 5.1 ne servira qu'à ceux qui restent encore allergiques à la VO en général, tant elle déçoit par rapport à la version cantonaise, pourtant en Dolby Mono 2.0. En effet, la piste cantonaise de Swordsman 2 s'avère très supérieure à celle de Swordsman, grâce à la présence d'une basse (inexistante sur le premier film) et à la pureté qui se dégage des voix comme de la musique et des bruitages. Cette pureté est bien entendu identique sur la version française, sauf qu'au lieu d'être répartis entre les deux enceintes avant à l'instar de la version cantonaise pour un semblant de spatialisation (rappelons une fois encore qu'il s'agit d'un mono), les dialogues ainsi que les musiques et les bruitages sont concentrés à l'intérieur de l'enceinte centrale sur la piste française ! En prêtant l'oreille, on s'aperçoit que des sons discrets émanent des arrières, mais rien n'y fait : l'impression générale est d'avoir affaire à un Mono 1.0 et non à un DD 5.1. Même la piste DD 5.1 de l'édition Mei Ah lui est largement supérieure du point de vue de la répartition et de la puissance, bien qu'elle reste très artificielle en soi. On se tournera donc sans hésitation vers la piste cantonaise dont la qualité est tout à fait satisfaisante.
Swordsman 3
Retour à une seule piste audio pour le troisième film, en cantonais Dolby Mono 2.0. Très similaire à celle de Swordsman 2, elle offre un mixage équilibré qui ne présente pas l'effet de surimpression des voix noté sur le premier volet de la trilogie. Les bruitage manquent de punch, ce qui est normal pour un mono, mais les dialogues sont d'une grande clarté et les musiques sont agrémentées d'une basse qui leur confère plus de punch que celles de Swordsman. Comme sur les deux autres films, on déplore un manque de puissance sur Swordsman 3, mais rien de bien grave puisque le mixage harmonieux permet à chacun d'augmenter le volume à sa convenance.
Le packaging du coffret de la trilogie Swordsman est très beau, tout en se présentant encore différemment de ceux du Syndicat du Crime ou de Histoires de Fantômes Chinois. Une ouverture sur la tranche supérieure permet d'accéder aux deux livres reliés qui le composent. Les trois DVD sont insérés à l'intérieur des pages du premier livre, qui comprend un texte de 18 pages ainsi que les biographies et filmographies détaillées de réalisateurs et acteurs de la trilogie. Le texte propose une analyse actualisée et passsionante de l'histoire épique de cette trilogie dont le joyau reste à tout jamais Swordsman 2 avec Jet Li et Brigitte Lin, analyse qui se double de celle de la chaotique aventure du producteur/réalisateur Tsui Hark avec le wu xia pian. Le chapitre suivant, plus long et tout aussi intéressant, se penche plus en profondeur sur le genre du wu xia pian en général, ses origines littéraires et ses manifestations à l'écran, des origines à nos jours. Le deuxième livre n'est autre que la galerie de photos sur papier de la trilogie, film par film.
Sur les DVD eux-mêmes, les bonus sont réduits en revanche à la portion congrue. Le disque Swordsman est le plus fourni, avec la bande-annonce originale (5'12) restaurée du film, un diaporama d'une quinzaine de photos et la première salve de bandes-annonces HK. Les deux autres dvd ne proposent de leur côté que la suite des bandes-annonces.