Le transfert DVD est irréprochable, le master immaculé et dépourvu de déchets résiduels et de ce point de vue, les images d'ouverture sont pleinement lumineuses et les noirs concis. Trois palettes de couleurs dominent le film de Sidney Lumet. La couleur blanche caractérisée par un halo luminescent au centre de l'écran marque la psyché du personnage incarné par Sean Connery et renvoit à ses visions qui l'habitent. Petit à petit, la gamme de couleurs tire vers les gris-bruns au moment où l'Inspecteur Johnson commence à se pencher sur son cas personnel. Les décors dépouillés de couleur grise, reflétant également l'âme du personnage principal, sont omniprésents (entre autre le commissariat) et les personnages n'ont aucun mal à ressortir devant un fond uni éclairé aux néons, très froid, les gros plans étant merveilleux et foisonnant de détails et les contrastes excellement conduits. Sidney Lumet et son chef opérateur Gerry Fisher ont également opté de rendre les scènes de violence plus colorées que l'ensemble avec des verts très appuyés, des teintes plus agressives et davantage crépusculaires avec des tons plus chauds, de temps à autre dans les jaune-orangés. Malgré un très léger voile granuleux apparant durant les abondantes scènes nocturnes et de menus changements colorimétriques, ce master présenté dans son format d'origine 1.66. est exemplaire et le film n'a jamais eu l'air aussi moderne !
Le compositeur britannique Harrison Birtwistle est éminemment célèbre pour sa musique violente et brutale et suit rarement un canevas dramatique linéaire, ce qui a décidé Sidney Lumet afin de créer un climat angoissant et renforçant la situation du personnage principal qui voit s'écouler tous ses repères psychologiques. Il signe pour The Offence son unique bande-originale. Le mixage distille parfaitement la composition instaurant un climat de tension palpable et crescendo au fil du film. Si les dialogues sont importants dans The Offence, certaines séquences demeurent également silencieuses et jamais parasitées par un souffle ou par des craquements divers. Certaines voix tendent à résonner mais cela renvoie au dépouillement des décors dans lesquels déambulent les personnages. Peut-être la piste sonore manque-t-elle un brin de dynamisme mais se révèle nettement suffisante pour un agréable confort de visionnage.
Présentation du film par Jean-Baptiste Thoret et François Guérif (25min31)
Quel plaisir que d'écouter cet exposé en tous points passionnant, complet et enflammé ! L'indispensable Jean-Baptiste Thoret retrace dans un premier temps la carrière jalonnée de succès de Sidney Lumet jusqu'en 1973, année de The Offence. Puis, les deux hommes évoquent chacun de leur côté la genèse du projet dont Sean Connery est l'instigateur et ne manquent pas d'anecdotes sur le tournage et sur sa production. Dans une seconde partie le fond et la forme sont brillamment analysés avec un gros plan effectué sur la psychologie du personnage principal, l'utilisation des décors et du son, et quelques séquences particulières sont disséquées avec brio par les deux interlocuteurs avec notamment la scène d'introduction. François Guérif insiste de son côté sur le caractère avant-gardiste du personnage interprété par Sean Connery renvoyant aux antihéros sublimés par les romans de David Peace ou de James Ellroy, par ailleurs édités chez Rivages Noirs dont Guérif dirige la publication. Jean-Baptiste Thoret replace ensuite le film de Sidney Lumet dans l'Histoire du cinéma américain proprement dite et clôt cet entretien en déclarant que The Offence annonce un autre classique du genre, Taxi driver de Martin Scorsese avec notamment la séquence où l'inspecteur Johnson roule silencieusement de nuit et voit défiler toutes les images qui lui bouffent le cerveau jusqu'à l'explosion de violence finale que tout cinéphile connaît. Pour lui, The Offence mérite d'être entièrement réhabilité.
L'interactivité se clôt sur une galerie photos, la filmographie de Sidney Lumet et des liens internet.