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Durant les quatre années de prises de vue, l'équipe du film a tourné de nombreuses séquences dans la rue, prenant les personnes sur le vif. Le nouveau master restauré de The Savage Eye reflète ces conditions de tournage d'origine, certaines scènes étant nettement plus abîmées que celles de la partie "mise en scène" avec Barbara Baxley. Dès la première image, il est évident que l'éditeur n'a pu restaurer la copie d'origine à 100% et il n'est pas rare que des griffures, rayures verticales ou divers points blancs viennent s'inscrire sur l'écran comme le démontre la première partie à l'aéroport. La partie "fiction" propose un N&B plus compact avec des noirs parfois profonds et des blancs immaculés. Si le master est constamment lumineux, un voile granuleux (par exemple durant la scène de gym, 11min) perturbe quelque peu l'ensemble et la définition est souvent loin d'être optimum. Malgré ces accrocs inhérents à l'âge du film, sa rareté et l'état de conservation de la copie de base, le visionnage demeure satisfaisant.
Bien qu'un peu étouffé, le mixage s'avère très bon, marqué notamment par la forte présence de la voix-off accompagnant le personnage principal. Débordant d'effets durant la première partie (à l'aéroport), la piste est sensiblement parasitée par des craquements plus ou moins prononcés qui ont tendance à se multiplier durant la dernière bobine.
Entretien avec Joseph Strick (16min23)
Ne manquez pas cette interview sensationnelle et passionnante de Joseph Strick (aujourd'hui âgé de 86 ans), un des trois réalisateurs de The Savage Eye. Revenant aux origines du projet, le cinéaste explique pourquoi et comment le film s'est construit, dont l'intérêt était, entre autre, de mettre en relief la vulgarité architecturale de la Californie, de ses plages affreuses jonchées de détritus, et de l'environnement social en général. Revenant d'abord sur la référence formelle du film (les gravures anglaises du XVIIIème signées William Hogarth), Joseph Strick détaille minutieusement les phases d'écriture du scénario de Ben Maddow (7 versions dont une inspirée en cour de tournage par L'Enfer de Dante), les conditions de tournage étalées sur quatre ans (tous les membres de l'équipe étant bénévoles), le montage de Sidney Meyers, la partie fiction avec le choix de mettre une femme au centre de l'histoire, l'usage de la voix-off et le succès du film lors de sa sortie en salle. Joseph Strick clôt cet entretien en se souvenant de la première du film lors du Festival d'Edimbourg où plusieurs spectateurs ont dû être emmenés à l'époque d'urgence après s'être évanouies durant la projection.
Vétérans du massacre de My Lai (21min49)
Eprouvant, fascinant, poignant et angoissant, ce documentaire réalisé par Joseph Strick en 1970, lauréat de l'Oscar du meilleur documentaire en 1971, donne la parole à cinq soldats américains impliqués dans le massacre de My Lai, survenu le 16 mars 1968 pendant la Guerre du Vietnam. Ne manquez pas l'introduction du réalisateur Joseph Strick (5min10) en début de programme, qui restitue les faits, la genèse du projet, les recherches faites avec sa fille anthropologue pour retrouver les témoins et acteurs du drame, et les conditions de ces entretiens. A travers ces aveux croisés, le massacre renaît sous nos yeux : sous l'ordre de leur état-major, 110 soldats américains ont, sans essuyer le moindre tir ennemi, envahi le village vietnamien de My Lai où près de 500 hommes, femmes et enfants ont été tués et massacrés. La question centrale revenant sans cesse dans la tête du spectateur demeure comment des jeunes recrues ont pu participer à ce massacre qui n'a d'égal que les barbaries nazies durant la Seconde Guerre Mondiale. Nul besoin d'agrémenter les propos tenus ici par des images de reconstitution car les mots parlent d'eux-mêmes. Dans une mission d'incursion-destruction, le village a été incendié, les femmes violées, les hommes mutilés (pour leur éviter un repos éternel selon les croyances du pays), les enfants et les bébés tués sur place par les soldats américains qui s'expriment face caméra en espérant peut-être que témoigner soulagera leur conscience. Un chef d'oeuvre à part entière dont la seule présence dans les suppléments de ce DVD suffit à son achat.
