Présenté dans un transfert 16/9 au format 1.85 respecté, Une jeunesse chinoise a clairement fait l'objet d'un travail minutieux de la part d'Ocean Films. Malgré le fait que Lou Ye ait constamment filmé ses acteurs en caméra à l'épaule et souvent dans des lieux très peu éclairés, l'image possède un joli piqué et une compression sans faille. Certes, quelques fourmillements se font ressentir lors des séquences où l'obscurité domine (mélange de grain de pellicule et de fourmillements numériques), mais ne cherchons pas la petite bête. Pour cette oeuvre filmée à fleur de peau, les couleurs volontairement ternes du film sont retranscrites à perfection, accentuant ainsi le côté réaliste presque naturaliste du film.
Seule piste son offerte, un chinois (mandarin) Dolby Digital 5.1 parfaitement réussi. L'ambiance sonore étant un point important, certes subtil mais non moins crucial, de la mise en scène de Lou Ye, le fait que la piste sonore soit encodée à un débit de 448Kbps n'est absolument pas superflu. Cela permet ainsi aux dialogues de ne jamais se faire écraser par l'ambiance générale (la pluie, le vent...), volontairement très marquée. Véritable immersion sonore rare dans un film dit réaliste (si un français avait fait ce film, on ne nous aurait offert qu'un petit mixage stéréo minimaliste), Une jeunesse chinoise réussit haut la main le passage sur galette numérique.
En plus de l'habituelle bande annonce et des biofilmographies, Océan Films a ajouté une galerie de projets d'affiches et deux vidéos : Une jeunesse chinoise et la censure et Autour d'Une jeunesse chinoise.
Une jeunesse chinoise et la censure revient en 6 minutes sur l'interdiction reçue par le cinéaste Lou Ye de la part du gouvernement chinois, pour avoir projeté Une Jeunesse chinoise au Festival de Cannes 2006 sans avoir reçu de visa d'exploitation des autorités chinoises. C'est la seconde fois que le cinéaste subit les foudres de la censure, la victoire de Suzhou River au Festival de Rotterdam 2000 lui ayant valu une interdiction de réaliser un film pour deux ans.
Le module rassemble des interviews de Lou Ye et de trois des producteurs du métrage : Fang Li, Nai An et Sylvain Bursztejn. Les différents intervenants reviennent sur le fait que cette interdiction n'est pas due à la présence de séquences osées, mais aux allusions au contexte historique, en particulier aux évènements du 4 juin 1989. Sylvain Bursztejn souligne en fin du module que "l'absence de création [et] l'absence de liberté [ont] empêché le développement de cette industrie [cinématographique]".
Le making of Autour d'Une jeunesse chinoise revient principalement sur les méthodes de Lou Ye pour diriger ses acteurs. Lecture des dialogues, élaboration de la psychologie des personnages, création des costumes, chaque processus permettant aux acteurs de devenir leur personnage est mis en lumière. Pour Lou Ye, il faut que les acteurs soient le personnages, les spectateurs ne doivent en aucun cas voir la performance. Les intervenants reviennent sur la nécessité des séquences à forte teneur sexuelle et la frilosité initiale des acteurs pour les jouer.
Lou Ye aura le dernier mot : "L'année 1989, c'est comme si le gouvernement et les étudiants avaient fait l'amour ensemble, mais mal, désagréablement. Ensuite, le gouvernement a donné une claque aux étudiants. Une claque trop forte, du sang a coulé. Le gouvernement a conscience qu'il a frappé trop fort."