Test DVD : Vertige

Tourné avec la RED et premier film en France à utiliser cette technologie, Vertige est un film dont on ne pourra pas bouder l'esthétique, particulièrement soignée. Si le film n'est malheureusement pas proposé en Blu-Ray, la qualité de la copie proposée ici comble sensiblement cette lacune puisque l'on est en présence d'un DVD quasi parfait sur cet aspect-là, tirant efficacement parti de cette caméra HD qui flatte gentiment l'iris et avec laquelle le cinéaste Abel Ferry s'en sort efficacement. Jeux de focale, photographie un peu froide, grandes étendues et finesse des traits sont ainsi honnêtement mis en valeur par un encodage sans embûche, et ce malgré la présence de plus d'une heure de bonus sur le même disque.

On ne cache pas que pour l'assurance du grand spectacle, on n'aurait pas craché sur un bon DTS, un ajout qui se serait certainement prêté au film. Mais on ne peut décemment pas tout avoir et l'image en aurait certainement été entâchée. On écope donc, au choix, d'un Dolby Stéréo pour ceux qui n'ont pas d'équipement multicanal, ou d'un petit Dolby Digital 5.1 qui s'en sort plutôt efficacement, même s'il faut faire grimper un peu le volume pour se concocter une dynamique percutante. Toujours est-il que le disque confirme la solidité d'un mixage dont on avait déjà pu constater les qualités en salle, utilisant les cinq canaux à bon escient.

Edition simple, petit film sorti discrètement, mais interactivité particulièrement riche ! Abel Ferry semble s'être particulièrement investi dans le contenu éditorial du DVD de Vertige et propose un maximum d'éléments possibles pour décortiquer la conception de celui-ci. Même si ce n'est pas toujours fait avec aisance... C'est plus particulièrement le cas de son Commentaire audio qui souffre d'un vrai manque de spontanéité. Vraisemblablement, le réalisateur récite ou lit un texte rédigé au préalable - ce qui n'est pas forcément un mal - mais peine à y insuffler de l'entrain. Par ailleurs, l'enregistrement semble avoir été fait avec les moyens du bord, via un micro casque face à un ordinateur, qui offre une sensation d'écoute différente de ce qu'on a l'habitude d'entendre. Les informations sont là, riches, mais distribuées d'une façon un peu monocorde. On a eu droit à des happenings audio plus enjoués...

C'est à travers les documentaires proposés que les choses prennent de l'ampleur. Ligne de vie (45min28) est un making of qui semble avoir été fait avec une vraie passion et surtout la volonté de ne pas prendre le spectateur pour une cruche. Uniquement focalisé sur le tournage des scènes d'escalade, cette vidéo confirme plusieurs choses : la difficulté de faire un film, le concept casse-gueule de s'attaquer au genre et surtout l'enfer de tourner dans de telles conditions. En l'état, la réalisation se montre parfois même bien plus spectaculaire que le résultat lui-même et on ne peut que saluer la motivation des petites équipes françaises qui se défoncent vraiment pour proposer une production value de qualité. Mais ironiquement, à force de trop vouloir s'éloigner du reportage langue de bois et commercial, on a l'impression que le réalisateur du documentaire n'a voulu garder que les points noirs et les grosses galères, malgré le calme olympien d'Abel Ferry. Un très chouette module, en tout cas, qui évoque intelligemment une chose parfois oubliées dans les making of : la difficile cohésion entre la préparation psychologique des comédiens et la technique.

Des modules plus petits complètent le bonus précédent. Combattre pour survivre (7min09) reste totalement dans la même veine et s'intéresse au tournage du combat final, au bord d'un précipice. Une section effets spéciaux en propose d'ailleurs quatre autres : Devenir un tueur (6min35), Le piège à loups (5min18) et Le pieu (3min39) s'intéressent aux effets de maquillages directs. Le genre de chose aussi plaisante que passionnante à suivre, et proposée ici avec toujours autant de simplicité. Le quatrième, Comparaison des plans truqués (1min31) se focalise sur les rares effets numériques, essentiellement utilisés pour quelques mattes painting et effacement de câbles. Un commentaire du réalisateur accompagne ce comparatif.

Cette interactivité, simple mais d'une très grande efficacité, se complète par un Bêtisier (6min10), drôle parce que personne ne cherche ouvertement à faire le charlot, et par la bande annonce.