Vertige
Le 26/06/2009 à 09:46Par Arnaud Mangin
Mix prometteur en le film d'escalade et le survival barbare, Vertige a eu la mauvaise idée de tracer une trop grosse frontière entre les deux genres qu'il s'est pourtant évertué à réunir dans une seule et même bobine. De chouettes et spectaculaires séquences d'encordées, on bascule dans un bricolage horrifique passable, mais manquant cruellement d'inventivité pour relever un spectateur qui a eu le temps de s'avachir sur son siège. On ne va pas se plaindre en martyr, mais cette plongée à l'intérieur du film de genre ultime n'est pas au niveau de la haute tension annoncée...
Bon, on se calme et on boit frais ! Certes, c'est effectivement bien qu'avec Vertige, les Frenchies puissent proposer un long métrage estampillé de l'encore et toujours maudite appellation ''film de genre'' (qui rime avec ''déjà mort'') qui demeure regardable, avec un type aux commandes qui sait vraiment se servir d'une caméra... Oui, c'est bien, mais basta ! Mieux vaut laisser retomber la pression, et éviter un peu l'emballement général qui élève le film d'Abel Ferry au rang de grosse-claque-boulversifiante-dans ta-tête-qui-déchire-tout-sur-son-passage-premier-de-la-classe... Parce que Vertige ne va franchement pas jusque là. Il s'agit au mieux d'un objet vidéo pas trop vilain pour les archéologues du genre qui attisent leur curiosité, qui doit assurément sa sortie en multiplexes au chaperonnage de Gaumont là où tous les autres se sont fait refoulés manu militari. Encore faut-il que ce sacro-saint privilège soit mérité. Passer devant les autres, c'est bien et tant mieux - si ça peut rendre service au genre, il faut foncer - mais encore faut-il que tout cela prenne un sens.
Et c'est bien là problème avec Vertige. Si l'on cautionne et soutient à fond son premier chapitre, spectaculaire cession d'encordée fichtrement bien emballée, qui peut se targuer de nous proposer une scène ''à la Cliffhanger'' plus réussie que l'original, arrivé à sa seconde partie et jusqu'à son final, le film ne sert plus à rien. Si l'on aime bien les films qui s'amusent avec le basculement d'un genre à l'autre (Une Nuit en enfer ou Shocker, pour ne citer que les plus fun), Ferry ne sait plus quoi faire de sa seconde moitié. Contrairement à ce que l'on croit, Vertige n'est pas un mix entre Cliffhanger et Délivrance (ou La Colline, Massacre ou autre... au choix), mais plutôt D'ABORD un film d'escalade PUIS un survival. Et c'est là que le film déçoit considérablement... Encore plus lorsque l'on a su apprécier les quelques prouesses de mise en scène de la première partie. A quoi bon instaurer une véritable sensation de danger, de flippe et de vertige, donc, si c'est pour finir le film avec des pelés coursés à travers bois par un braconnier cannibale ? Pourquoi ne pas avoir profité de cet énorme potentiel pour combiner les deux ? Pourquoi s'être bêtement borné à un petit film d'horreur plan-plan droit dans ses pompes ? Pourquoi avoir délibérément fait retomber le soufflé ???
La satisfaction se ramasse joliment. On retirera au final peu de plaisir à suivre cette prometteuse affaire jusqu'à la fin, au point que l'on s'interrogera sur les motivations du réalisateur, visiblement fan du genre, à vouloir faire exactement pareil que les autres mais en moins bien. Aurait vraiment pu mieux faire...