Test DVD : W. - L'improbable Président

Transfert 16/9 au format 2.35 respecté pour le portrait stonien du 43ème Président des Etats-Unis. La mise en scène du réalisateur de JFK et Nixon étant moins frénétique depuis Alexandre - certains ne se sont pas encore remis du choc épileptique de Tueurs Nés et L'Enfer du dimanche - le transfert numérique de W. ne présente que très peu de difficulté. La photo de Phedon Papmichael est ici parfaitement restituée et bénéficie d'une jolie définition, soutenue par une compression discrète faisant honneur au travail du chef opérateur de Identity, Walk the Line ou 3h10 pour Yuma. On regrettera en revanche que la gestion des contrastes ne soit pas optimale, les séquences plongées dans l'obscurité (durant les réunions stratégiques) étant alors bien moins mises en valeur.

Metropolitan propose le choix entre deux pistes DD5.1 (encodées à un débit de 448Kbps) en anglais et en français. Il faudrait véritablement être idiot (pour ne pas dire autre chose) pour regarder le film en version française, celle-ci gommant toutes les subtilités phoniques (notamment l'accent texan de Bush/Brolin) qui participent pleinement à son intérêt. Sans pour autant se faire au détriment du système surround, les deux pistes d'honnête facture mettent en priorité en avant les manoeuvres et tractations politiques. Les effets sonores et la musique rappliquent en effet non pas pour produire une orgie sonore imposante et massive mais plutôt pour envelopper délicatement les dialogues. Du bon travail.

Chose étonnante pour ce type de projet, aucun supplément n'est consacré aux comédiens, leur travail d'incarnation et de reproduction des mimiques et micro gestes. Rien sur la performance des comédiens mais un module intitulé L'homme derrière le président : le regard d'Oliver Stone (16') réalisé par Sean Stone (fils de) dans lequel Oliver Stone et Stanley Weiser reviennent sur la conception et l'écriture du scénario, ainsi que sur le casting de Josh Brolin. Le module se termine par le réalisateur expliquant à ses comédiens qu'il aimerait conclure son film par un flash forward où toute la clique de W. serait présentée dans le box des accusés du tribunal de La Haye... Une idée sacrément audacieuse qui est apparemment restée à l'état de fantasme.


On poursuit avec le commentaire audio de Oliver Stone dans lequel le cinéaste revient abondamment sur la structure en trois actes du film et sur les recherches menées par Stanley Weiser (le scénariste) et lui-même pour écrire le scénario. Sans être inintéressant, ce commentaire aurait pu être plus incisif (politiquement) et plus pointu (cinématographiquement), Stone se contentant ici de se justifier de tous ses choix scénaristiques. Il est loin le temps où le cinéaste ne se gêner pas pour estomaquer et rentrer dans le lard du public.

Stone mentionne dans son commentaire plus d'une fois la présence d'un pdf sur la partie Rom du DVD dans lequel sont regroupés tous les ouvrages et autres sources sur lesquelles ils se sont appuyés pour leurs recherches. Or là où nos amis Américains avaient eu droit à un riche guide d'une centaine de pages, nous nous retrouvons quant à nous, pauvres Français, avec un maigre document d'une dizaine de pages...


On termine avec les six scènes coupées proposées avec en option le commentaire audio du cinéaste. Parmi celles-ci, on retiendra le rêve de W. qui savoure sur un tapis volant le bombardement nocturne américain sur Bagdad et l'apparition fantasmée de Saddam Hussein juste avant que le président américain ne manque de s'étouffer avec un bretzel. Stone avouera dans son commentaire qu'il n'a pas gardé cette dernière (folle) apparition pour ne pas troubler le public... Dans le même ordre d'idée, il n'a conservé que la moitié de l'entretien entre Bush et Blair, affirmant que dans son entier la séquence aurait été trop lourde et trop riche en informations ! De la part du réalisateur des complexes JFK et de Tueurs Nés, c'est quand même ahurissant !