Voilà ce qu'il en coûte de réclamer et proposer à la vente un produit dans l'urgence. Distribuant Zodiac en Europe alors que Paramount s'évertue à peaufiner une édition américaine digne de ce nom, Warner bâcle totalement le travail qu'on était en droit d'attendre. Deux choses à noter. Tout d'abord, David Fincher a fait un usage de l'outil numérique absolument incroyable qu'il s'agisse de l'utilisation de caméra en haute définition, comme du travail de fourmi qu'a nécessité la post production. Une chose dont l'éditeur semble ignorer en ne réutilisant pas le master d'origine (numérique, donc), mais un simple tirage sur pellicule, perdant en court de route toutes les nuances laborieusement effectuées. Pire encore, le film souffre d'un transfert effectué par-dessus la jambe où l'on s'est contenté de plaquer le film sur le DVD, comme un vulgaire fichier informatique déplacé d'un endroit à l'autre, sans prendre le temps d'équilibrer la compression. Voilà qui nous renvoie au mauvais souvenir d'un certain V pour Vendetta qui souffrait du même traitement.
En résulte une image totalement indigne puisque du haut de ses deux heures et demi, et accompagné d'un making-of d'une demi-heure, le film se voit écrasé sur un disque débordant de toute part. On y perd évidemment en niveau de définition et si les scènes de jour ou bien éclairées s'en tirent honorablement, les séquences nocturnes (les plus percutantes) fourmillent tristement sous un amas de pixels bien voyants. Entamer le film sur une aussi désagréable surprise gâche un peu le plaisir, tandis que les nombreux plans plongés dans la pénombre ou les ciels dégradés à la palette graphique frisent parfois l'encodage Divx. Il en sera de même pour les plans à effets spéciaux, très détaillés lorsqu'ils représentent le San Francisco des années 60-70, ici relégués à une tambouille en arrière-plan. Riches en aliasing ces trucages sont désormais plus que visibles en vidéo là où ils passaient inaperçus en salles.
Pour acquérir une copie méritant vraiment l'achat, mieux vaut patienter encore quelques mois et s'intéresser au futur Director's cut zone 1, dont le transfert sera totalement supervisé par Fincher en personne.
La catastrophe est moins grave côté son, heureusement, mais comme Zodiac n'est vraiment pas gâté dans nos contrées, son DVD souffrira des mêmes symptômes que bon nombre des titres Warner. A savoir un débit sonore revu à la baisse, transformant le méticuleux mixage 5.1 en quelque chose de passablement timide. Malgré une ouverture frontale honnête avec une restitution des voix soignées et une atmosphère musicale entraînante sur la stéréo, les enceintes surrounds font économie de décibels puisqu'elles brilleront par leur discrétion. Pas ou peu d'enveloppement au programme, à croire que seuls les films à grand spectacle méritent ce privilège. En VO comme en VF, le constat est le même...
This is Zodiac (27 min) :
Alors que le récent zone 1 était vierge de tout supplément, nous avons néanmoins la chance de bénéficier d'un petit making-of globalement bien emballé malgré son aspect promotionnel. A mi-chemin entre la featurette classique et l'informatif, le documentaire trouve le moyen de faire un tour complet des moyens mis en œuvre pour concevoir le film le plus fidèle possible à l'enquête. Avec les témoignages croisés des créateurs du film mais aussi des véritables protagonistes de l'histoire – qui rencontrent les comédiens – on découvre ainsi une mise en chantier à la conception technique parfois étonnante. On découvrira que la scène de crime après l'assassinat du chauffeur de Taxi fut tournée devant un fond bleu, mais également qu'un arbre fut coupé et déplacé par hélicoptère pour les besoins d'une décors réel reconstitué à l'identique, comme il l'était il y a 40 ans.
Mais le bonus plus intéressant de cette édition se cache parmi les bandes annonces. Certes, il y a la bande annonce du film où l'on découvre avec effroi que certains plans y sont mieux encodés que dans le film sur le même disque, mais c'est surtout le spot promo pour le futur collector qui surprend. En effet, l'édition en question n'est pas attendu en France (puisqu'il s'agit d'un éditeur différent), mais la publicité canadienne figure sur ce disque parce qu'elle l'était déjà sur le DVD américain il y a quelques semaines. Etrange façon de se tirer une balle dans le pied….