2 Days in New York
Le 05/03/2012 à 19:36Par Michèle Bori
Si tout n'est pas parfait dans cette nouvelle aventure de Marion et de sa famille loufoque, difficile de ne pas tomber sous le charme de 2 Days In New York, petite bobine bricolée avec amour que Julie Delpy nous offre dans un petit paquet "fait main" avec un gros ruban rose. Bref, un petit cadeau qui ne paye pas de mine, mais qui vient du cœur. Ne sont-ce pas là les plus beaux des cadeaux ? Découvrez ci-dessous notre critique de 2 Days in New York ...
2 Days in New York, c'est avant tout une histoire de retrouvailles. Celles du public avec Marion, avatar cinématographique de Julie Delpy, qu'on avait découvert dans 2 Days in Paris et que nous revient ici pour une aventure dans la ville qui ne dort jamais. Un peu comme dans cette chanson de Bruel … "On s’était dit rendez-vous dans cinq ans, même jour, même heure, même pommes." Le jour est venu, Julie aussi. "T’as pas changé. Qu’est-ce tu deviens ? T’habites New York, t’as un gamin ! T’as lâché Jack, tu as bien fait ! Et ton papa, il est toujours cintré ?" Car 2 Days in New York, ce sont aussi les retrouvailles de Marion avec sa famille - un père loufoque, une sœur paumée, un ex qui tape l'incrust' – et des embrouilles qui vont avec. Cela vous semble familier ? Sans doute parce que 2 Days in NY, ce sont avant tout les retrouvailles du spectateur avec ce cinéma "tranche de vie à la Woody Allen" de Delpy. Ce cinéma du cœur, sans retenue, qui pense ce qu'il dit et qui dit ce qu'il pense.
Si vous étiez tombés sous le charme des personnages barrés et de l'humour verbeux de Delpy dans 2 Days in Paris, alors cette traversée de l'Atlantique ne vous laissera pas en territoire exotique, loin de là. Dans 2 Days in NY, on retrouvera en effet tout ce qui faisait le charme du précédent épisode : le franc parler naturel, les personnages qui attirent immédiatement la sympathie, cette espèce de non-dramaturgie qui fait que l'on se laisse porter par l'histoire sans trop savoir où l'on va (ici, c'est un compliment !) et bien sûr, cette liberté de jeu totale offerte à des comédiens qui semblent tous s'amuser comme des petits fous. Qu'à cela ne tienne si l'on frôle parfois l'hystérie collective dans quelques séquences où l'ensemble du cast semble avoir pour indication de se lâcher, il se dégage de 2 Days In New York un petit parfum de liberté qu'il serait dommage de bouder.
Et là où l'on pouvait craindre que Delpy ne cherche qu'à calquer le dytique des "Before" de Richard Linklaker - en nous proposant une sorte de "bilan" psychologique et social de son personnage central - on se rassure vite en constatant que la réalisatrice du Skylab va plutôt chercher à paraphraser Snake Plisken et son mémorable "plus les choses changent, plus elles restent les mêmes". Ainsi, 2 Days in Paris n'est pas le portrait d'une femme posée qui a pris du recul sur la vie, mais d'une grande fille qui galère toujours autant, si ce n'est plus, que quelques années auparavant. Alors oui on pourra reprocher à Julie Delpy de faire preuve de naïveté, voire de facilité, lorsqu'il s'agit de faire passer un message, une idée, une critique. On pourra regretter également une mise en scène parfois simpliste. Mais on préfère voir 2 Days In New York comme nous le présente Delpy au début du film : un spectacle de marionnettes "fait maison" raconté avec des mots tendres, où les ficelles ne sont pas toujours invisibles certes, mais où l'on ressent la sincérité du début à la fin.